DR

Le réalisateur de Gangs of Wasseypur signe un film de serial killer très, très noir.

Ca commence dans une boîte de nuit avec grosse musique techno-hindi, flic camé qui sniffe sa ligne sur l'écran de son iPhone, stroboscope et drague lourde. Puis un meurtre nocturne au marteau et un générique taré, épileptique, monté comme du Kyle Cooper 2.0. On pense alors que Psycho Raman va nous embarquer dans du post-Danny Boyle bordélique. Fausse piste. Dès que le générique s'est terminé, on se rabat sur l'errance meurtrière de Raman, un serial killer SDF qui tue ses victimes à l'aide d'un gros démonte-pneu. Et le réalisateur Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur) de nous plonger dans l'inframonde de Bombay, à la limite d'un bidonville, loin de tout bling bling, dans la sueur et la chaleur de ce bout d'Inde inconnu aux yeux du spectateur innocent du pays.

Les racines du mal
Très loin de Seven -ou de n'importe quel film de tueur en série réac shooté par un pubard qui ont pullulé après le séminal Fincher- Psycho Raman fait penser aux films noirs déceptifs comme l'indépassable Memories of Murder. Fasciné par le véritable serial killer de Bombay Raman Raghav (plus de 40 meurtres, le nouveau Raman (génial Nawazuddin Siddiqui) est un prolo qui a déjà neuf victimes au compteur quand le film démarre. Et Raman commencera par séquestrer et massacrer sa sœur, son beau-frère et leur enfant lors d'une scène d'une violence psychologique et physique insoutenable. Après le film bifurque, s'autorise des flash-backs et des détours qui expriment une grande maîtrise narrative. Chapitré comme un roman, pas romantique ni mystique -malgré les élucubrations religieuses du tueur- Psycho Raman est un film de serial killer romanesque qui déterre les racines du mal et s'achève sur une conclusion d'une noirceur désespérante.

Sylvestre Picard

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2016, Psycho Raman n'a pas encore de date de sortie française.