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Vers La Lumière de Naomi Kawase part d'une belle idée, a un joli titre et serait presque un joli film. Presque.

La théorie est belle : une fille écrit des audio-descriptions de films à destination des aveugles et mal voyants. Elle cherche les mots pour décrire les images, les mots justes, suffisamment évocateurs pour donner des visions à ses auditeurs, suffisamment neutres pour ne pas se les approprier ou leur voler leur imaginaire. Quelques scènes réussissent à traiter joliment du lien complexe entre texte et cinéma : les descriptions après coup (qui détaillent des plans déjà tournés) sont comme les bribes d’un scénario plus que parfait, qui n’aurait pas besoin d’être mis en scène, parce que ses mots seraient déjà des images. La théorie est belle, oui, presque méta, mais le film se contente justement de la « dire » en paroles, plutôt que de la transcender avec ses images.

Comme souvent (et comme plusieurs fois déjà depuis le début de ce festival), c’est le « film dans le film » qui est en cause, sans dimension, sans trouble, sans aucune poésie. Les audio-descriptions sont plus belles que lui, comme si les personnages perdant la vue ne rataient pas grand-chose, finalement. On est à peu près certain que ce n’était pas l’idée… Pendant que les images faiblissent, le piano de Maalouf glissande, crescende, il surligne tout, il annule tout, il se veut l’émotion elle-même mais l’asphyxie en permanence. Les images trop basses, la musique trop haute, seuls les mots au bon endroit… Vers la lumière est un film très doux, un poil trop, qui essaie comme il peut de rester en équilibre sur le fil tendu entre grâce et mièvrerie. Il ne tombe jamais tout à fait, c’est vrai, mais presque à chaque fois qu’il penche, c’est du mauvais côté.