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L'acteur Maximilian Schell est décédé. Né dans une famille d'artistes (son père est écrivain, sa mère actrice et sa soeur aînée Maria sera également comédienne) à Vienne en 1930, il ne pouvait pas échapper au virus de la comédie. En 1938, la famille Schell fuit l'Autriche annexée par Hitler pour se réfugier en Suisse, où le jeune Maximilian fera ses armes au théâtre de Bâle. Il passe au cinéma dès 1955 : il joue un déserteur dans le film pacifiste allemand Des enfants, des mères et un général de László Benedek (avec également un certain Klaus Kinski), qui connut un grand succès et obtient le Golden Globe du Meilleur film étranger. Il part aux Etats-Unis en 1958 pour jouer la pièce Interlock d'Ira Levin à Broadway, et enchaîne tout de suite avec le film de guerre Le Bal des maudits aux côtés de Marlon Brando, Dean Martin et Montgomery Clift.Le tournant date de 1959 : Schell joue un avocat tourmenté dans le téléfilm Jugement à Nuremberg, qui revient sur les procès des crimes de guerre nazis. La version cinéma sort en 1961, réalisée par Stanley Kramer : au milieu d'un casting hallucinant (Marlene Dietrich, Spencer Tracy, Burt Lancaster, Richard Widmark, de nouveau Montgomery Clift), la performance de Schell lui vaut l'Oscar du Meilleur acteur en 1962 face à Paul Newman ou Spencer Tracy (également nommé pour Nuremberg). Saut dans le temps : en 2001, Schell rejoue Jugement à Nuremberg au théâtre mais cette fois dans le rôle tenu par Lancaster. Désormais installé, il devient réalisateur et producteur en Allemagne à partir de 1968 : Le Château d'après Kafka, Premier amour, Le Piéton (nommé à l'Oscar du Meilleur film étranger), La Fin du jeu.. Dans ce thriller de 1975, il fait jouer Jacqueline Bisset et Jon Voight - il deviendra d'ailleurs le parrain de sa fille Angelina Jolie. En 1984, il réalise Marlene, un documentaire sur Marlene Dietrich monté à partir de dix-sept heures d'entretien avec l'actrice légendaire ("une dame très drôle", d'après Schell). Sans oublier sa carrière d'acteur : Hollywood aimant les acteurs types, il joue évidemment dans de nombreux films ayant pour thème le nazisme (Un pont trop loin, Le Journal d'Anne Frank, Le Dossier Odessa, avec Voight et sa soeur Maria, Croix de fer de Sam Peckinpah face à James Coburn...). Il obtient deux autres nominations à l'Oscar : Meilleur acteur pour The Man in the Glass Booth d'Arthur Hiller en 1975 et Meilleur second rôle masculin en 1977 dans Julia.En 1994, James Gray l'engage pour tenir le rôle du patriarche mafieux judéo-russe new-yorkais, père de Tim Roth et Edward Furlong, dans son génial premier long Little Odessa. Le master of horror John Carpenter lui a donné la pourpre d'un évêque boss d'une équipe de chasseurs de buveurs de sang dans Vampires (1997). En 2008, Schell était au générique d'Une arnaque presque parfaite, le deuxième film de Rian Johnson, avec Adrien Brody, Rachel Weisz et Mark Ruffalo.Il est décédé le 1er février des suites d'une pneumonie. Il avait tourné en 2012 son ultime film, Les Brigands (avec Tchéky Karyo et Eric Caravaca), d'après la pièce de Schiller, qui est toujours en post-production.