Hérédité
Metropolitan

Le réalisateur se confie sur les parties obscures du scénario.

Même si vous pensez avoir tout compris à Hérédité, il vous reste certainement quelques questions en suspens. Le réalisateur du film d’horreur, Ari Aster, a répondu à plusieurs interrogations. Attention, SPOILERS.

Charlie n’a jamais été Charlie
Paimon a toujours été dans le corps de Charlie. Dans le film, une miniature et quelques dialogues nous font comprendre que la mère d’Annie (Toni Collette) donnait le sein à Charlie et insistait pour la garder près d’elle, même si elle aurait préféré qu’il s’agisse d’un garçon. Plus tard, on apprend que Paimon préfère un corps masculin. "Charlie est le premier hôte qui fonctionne pour Paimon", explique le réalisateur Ari Aster à Variety. Elle l’a été "depuis sa naissance. Enfin, il y avait une petite fille à l’origine, mais elle a été remplacée dès le début". Alex Wolff, qui joue Peter, ajoute dans une interview à Gamespot qu’elle est "un démon. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’elle n’est pas forcément méchante. Elle a peur en fait. Elle est née comme ça, et elle ne se sent pas reliée au reste du monde. C’est une analogie un peu dérangeante et tordue des troubles psychiques".

Peter n’est pas le premier
Peter n’est pas la première tentative de la grand-mère de trouver un hôte pour Paimon : on comprend via Annie que sa mère avait un frère qui s’est suicidé après que Ellen a tenté de "mettre des gens à l’intérieur de lui". Il n’était pas atteint de schizophrénie mais donc bien attaqué par sa propre soeur. Ari Aster confie que le film "suggère" qu’Ellen a eu des enfants juste pour pouvoir accomplir le rituel. Et si vous vous demandez pourquoi elle n’a pas utilisé son beau-fils, le titre du film est un indice : c’est héréditaire. Le transfert ne peut fonctionne qu’avec des gens de la même famille, du même sang.

Hérédité, un thriller mortel (critique)

La décapitation de Charlie faisait partie du plan
Rien n’a été laissé au hasard par le culte, même la mort de Charlie. Inverse rapporte que durant une séance de questions/réponses avec le public, Aster a assuré qu’il ne s’agit "pas d’un accident comme on pourrait le penser en voyant le film la première fois". D’ailleurs, le symbole du roi Paimon se trouve sur le poteau qui la décapite. Tout cela faisait partie du plan pour redonner un corps à la divinité.

Tout était écrit
Rien n’aurait pu empêcher le culte d’arriver à ses fins. "C’était absolument inévitable, la famille n’a aucun pouvoir. Toute tentative de contrôler les choses est vouée à l’échec", jure Aster. Même si Annie n’avait pas invoqué l’esprit de sa fille, "ce se serait tout de même passé. Elle ne fait qu’accélérer les choses. On observe une des façons dont tout cela pouvait arriver". Et brûler le carnet n’aurait pas eu plus d’effet : "Annie est prête à se sacrifier pour son fils. C’est un geste magnifique mais dans la cruelle logique du film, c’est tout à fait vain. Au final, elle n’a pas le choix". Évoquant les miniatures qui occupent tant la protagoniste, le réalisateur explique que les personnages sont "des poupées dans une maison de poupées, manipulés par une force extérieure". Pour résumer, il voit Hérédité comme "l’histoire d’une possession sur le long terme, racontée du point de vue de l’agneau sacrificiel".

Paimon existe "vraiment"
Du moins le personnage n’est pas une pure invention : on retrouve notamment sa trace dans un traité de magie rituelle du XVIIe siècle, Lemegeton Clavicula Salomonis ou la petite clé de Salomon. "Je ne suis pas du tout versé dans les sciences occultes, donc la phase de recherche a été dérangeante", confie Aster, également scénariste. "Mais je savais ce qu’il fallait faire et que j’avais besoin que les éléments rituels du film (…) soient basés sur quelque chose de réel. J’ai lu des manuels de sorcellerie qui indiquent aux gens comment jeter des sorts et ce genre de choses".