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Les Chipmunks, ce ne sont pas seulement des petits tamias qui s’agitent en CGI pour la 4e fois sur grand écran. Ce sont aussi 52 albums, 36 singles, 4 jeux vidéo et une profonde imprégnation dans la pop culture. Retour sur une histoire presque sexagénaire.

Alvin et les Chipmunks – A fond la caisse, en salles cette semaine, est le quatrième volet des aventures des trois tamias musiciens accompagnés de leur père adoptif, David Seville. Ce n'est pas forcément évident pour tout le monde, en particulier hors des Etats-Unis, mais le succès des Chipmunks remonte à très, très longtemps. Petite plongée dans l'univers merveilleux de ce groupe de musique fictif aux voix insupportables.

Origine

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Les premiers faits d'arme des Chipmunks remontent à 1958, plus précisément la sortie du morceau Witch Doctor. Les 3 animaux ne sont d'abord pas crédités, il s'agit simplement de Ross Bagdasarian, un musicien, qui a placé dans la chanson un passage où sa voix est modifiée pour partir dans les aigus. La première apparition "officielle" se fait la même année, avec la chanson The Chipmunk Song (Christmas don't be late). Dave Seville n'est autre que le nom de scène de Bagdasarian, et les prénoms des chipmunks (Alvin, Simon et Theodore) sont ceux des boss de son label. L'année suivante, en plus des disques, les petits chanteurs ont une existence visuelle via un comic book : un numéro de Four Color, destiné aux enfants. Ils ont d'ores et déjà les caractéristiques qui resteront les mêmes jusqu'à présent : Dave fait office de père adoptif et de manager, Alvin est un gaffeur, Simon l'intello et Theodore le gros timide. Les 3 sont des tamias anthropomorphiques. C'est en 1962 qu'ils ont été repensés physiquement pour adopter la forme qu'ils ont à peu près conservée depuis.

1ère série : The Alvin Show (1961-1962)


The Alvin Show est la première série d'animation mettant en scène les chipmunks. En plus des 26 épisodes de base, il faut ajouter une cinquantaine d'interludes musicaux car c'est bien la musique qui reste l’attraction principale du concept.

2e série : Alvin & les Chipmunks (1983-1991)


Après la mort de Bagdasarian en 1972, c'est son fils, Ross Bagdasarian Jr qui a repris le flambeau et pousser la chansonnette histoire de profiter de la poule aux œufs d'or, accompagné de sa femme, Janice Karman. Ce sont désormais eux qui doublent les voix : Ross s'occupe de Alvin, Simon, et Dave tandis que Janice gère Theodore, Brittany, Jeanette et Éléonore. De nouveaux disques sont produits ainsi qu’une nouvelle série animée. La place de la musique est toujours aussi importante mais chaque épisode se permet également d'être une version parodique d'un film culte (King Kong, Retour vers le futur, etc).

Les Chipettes


Pendant féminin des Chipmunks, leur 1ère apparition remonte à un album de 1982. Très vite Karman et Bagdasarian Jr leur donnent une existence visuelle et les 3 femelles tamias ne tardent pas à se mêler à leurs homologues masculins dans les cartoons. Elles se rapprochent bien sûr pas mal des caractéristiques des chipmunks. Brittany correspond à Alvin, avec qui elle entretient un côté je t'aime moi non plus dans la série animée (mais pas vraiment dans les films) ; Jeanette, l'intello à lunettes correspond à Simon et Éléonore à Théodore.

The Chipmunk Adventure (1987)


Il s'agit du premier film Chipmunks, mettant en scène les 3 héros ainsi que les Chipettes. Les personnages sont embarqués dans une histoire qui les emmène loin de Los Angeles, de l’Égypte à l'Antarctique, suite à une entourloupe. Le mécanisme de l'intrigue peut d'ailleurs rappeler les scénarios des films actuels.

Les téléfilms (1999, 2000 et 2003)


Alvin et les Chipmunks contre Frankenstein (1999) puis Alvin et les Chipmunks contre le loup-garou (2000) sont des téléfilms d'animation produits par Universal. Comme les titres l'indiquent, ils fonctionnent un peu comme des épisodes spéciaux où une aventure apparemment surnaturelle vient déranger le quotidien des héros... qui n'oublient pas pour autant de chanter quand bon leur semble. Little Alvin et les Mini-Munks sera le dernier film Chipmunks à sortir uniquement en vidéo ; il s'agit d'une histoire plus classique où les héros, accompagnés des Chipettes, sont à l'origine de plusieurs catastrophes en l'absence de Dave (un ressort habituel).

Les films en live action


Après avoir gagné son procès contre Universal Studios pour rupture de contrat, Bagdasarian Productions a visé plus grand. C’est en 2004 que le projet de film mélangeant live action et personnages CGI a été annoncé en partenariat avec la Fox. Trois ans plus tard, le premier film Alvin et les Chipmunks voit le jour. Cette fois les voix des héros sont doublées par Justin Long, Matthew Gray Gubler et Jesse McCartney. Karman et Bagdasarian Jr s’occupent toujours des parties chantées, excepté pour Simon à qui Steve Vining prête sa voix. Dave Seville est quant à lui interprété par Jason Lee. Malgré des critiques négatives (l’intrigue est simpliste, les personnages des archétypes, etc), le film engrange plus de 361 millions de dollars pour un budget de 60 millions ; Alvin et les Chipmunks 2 sort en 2009 et reproduit l’exploit avec plus de 443 millions de recettes pour un budget de 75 millions. C’est la 1ère fois que les Chipettes apparaissent dans cette saga, avec les voix de Christina Applegate, Anna Faris et Amy Poehler (et non plus Janice Karman comme dans les autres médias). Le 3e long-métrage date de 2011 et rapporte plus de 342 millions pour un budget de 75 millions. Le 4e opus Alvin et les Chipmunks à fond la caisse est sorti cette semaine en France. Il a mis 2 ans de plus que les autres à se faire si on se base sur le rythme de sortie des 3 premiers volets ; la baisse de régime d’Alvin et les Chipmunks 3 n’y est pas étrangère. Cependant cette fois le budget monte à 90 millions ; pour l’instant le film a rapporté 137 millions de dollars.

3e série : Alvinnn !!! et les Chipmunks (2015)


L’année dernière, après une pause télé de 25 ans, les Chipmunks reviennent dans  une toute nouvelle série d’animation moderne, contrairement aux productions télévisuelles précédentes. L’intrigue de base reste la même et il y a une chanson par épisode.

Les disques… et le reste

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Le gros de l’activité des Chipmunks reste musical ; ils totalisent pas moins de 52 albums depuis 1959, dont 3 certifiés platines, 4 certifiés or. Ils ont également sorti 36 singles (ce n'est pas une façon de parler, ils en ont réellement sorti 36). Les Chipmunks sont à l’origine d’au moins 4 jeux vidéos qui ont vu le jour respectivement en 1990, 2007, 2009 et 2011. Les trois derniers sont des adaptations des films sortis la même année. Cela ne s’arrête pas là : il y a eu également des tournées de concerts pour enfants en 1984, 2008 et 2015. Il faut aussi ajouter le tableau de chasse des tamias niveau récompenses entre 1959 et 2012 : cinq Grammy Awards, un American Music Award, un Golden Reel Award et trois Kids Choice Award.

La technique

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Dans leurs premières versions, les voix des Chipmunks sont enregistrées par le chanteur qui fait exprès d’être au ralenti, puis elles sont accélérées, ce qui leur donne le côté aigu. Ce procédé n’est pas l’invention de Bagdasarian senior : la voix de Daffy Duck découle de la même astuce, d'autres l'ont utilisée, comme Benny Hill ou encore Prince et David Bowie sur certains passages de chansons pour créer un effet de décalage. Aujourd’hui, l’effet est créé par ordinateur, c’est ce qu’on appelle les voix pitchées. Cela a d’ailleurs été une mode dans les productions de rap pendant une période : plutôt que de prendre une instru seule, des beatmakers laissaient une voix pitchée ou l’ajoutaient au refrain voire même tout au long du beat, ce qui donnait un effet supplémentaire.

La viralité

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Au fil des années, ce processus a été identifié comme « des voix chipmunks », ce qui a joué un rôle inattendu dans la popularité des héros. Pour être clair, depuis plus de 10 ans, à chaque fois qu’un tube sort, au moins une dizaine de « remix chipmunks » fleurissent sur le net, réalisés par des amateurs qui ont simplement trafiqué les voix d’origine ou le morceau lui-même. Ce phénomène, qui a largement dépassé les États-Unis et concerne rétroactivement tous les morceaux suffisamment populaires pour titiller un remixeur potentiel, assure aux Chipmunks d’origine une présence virale aussi écrasante que surréaliste, puisqu’on a droit à des versions retouchées d’absolument tous les genres musicaux, de la pop au rock en passant par le rap.

Le purgatoire de Jason Lee ?

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Dans les versions films live action modernes, le rôle de Dave Seville, le père adoptif des Chipmunks, est interprété par Jason Lee. Certes, la saga est un excellent gagne-pain et, au départ, l’idée de donner la réplique à des tamias qui poussent la chansonnette pouvait être attractive, surtout si Jason les regardait quand il était petit. Sauf que ça c'était en 2007. Depuis, les films ont systématiquement récolté des critiques majoritairement exécrables et, surtout, Lee est le seul et unique acteur à apparaître à l'écran dans la saga de façon régulière. Le seul à devoir tourner des scènes entières où il fait semblant de parler à des tamias imaginaires. Son nom est désormais associé aux Chipmunks, avant tout le reste de sa filmo (toutes ses collaborations avec Kevin Smith, par exemple). Dans le dernier film, ça ne loupe pas : même dans les séquences où il n'est pas censé être en colère ou triste, dès qu'il leur parle, regardez bien, quelque chose est définitivement mort dans le regard de cette homme. Courage Jason.

Alvin et les Chipmunks – A fond la caisse est actuellement dans les salles.