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Hollywood a toujours du mal à représenter l’homosexualité. C’est ce qui ressort clairement d’une étude publiée mardi par le GLAAD (à partir de son ancien nom Gay & Lesbian Alliance Against Defamation). L’association publie chaque année un rapport sur la présence des personnages gays à la télévision : et pour la première fois, le GLAAD applique la méthode au cinéma. Et ce n’est pas brillant.L’étude a analysé les 101 films sortis en 2012 par les six plus gros studios hollywoodiens (la 20th Century Fox, Paramount, Sony/Columbia, Universal, Disney et Warner) qui distribuent à eux tous 76% des films en salles. Il apparaît que seulement 14 d’entre eux contiennent des personnages "identifiés en tant que gay, lesbien ou bisexuelle." Pire, seulement 6 d’entre eux ont réussi le "test Vito Russo". Ainsi nommé d’après l’historien du cinéma (et membre fondateur du GLAAD en 1985) Vito Russo, le test permet de savoir en trois étapes comment sont mal représentés les personnages LGBT (lesbienne, gay, bisexuel, transgenre) dans un film, à la façon du test bechdel qui appliquait la même méthode aux personnages féminins des séries télé. Voici les trois étapes :1) Le film doit contenir un personnage identifié comme lesbien, gay, bisexuel et/ou transgenre.2) Ce personnage ne doit pas se résumer à son orientation sexuelle, mais doit posséder des traits de caractère présents chez les personnages hétéros.3) Enfin, le personnage doit être lié à l’intrigue de telle façon que sa disparition aura un impact.Si la réponse à une étape est non, le test est un échec. Ca paraît facile ? Et non. En 2012, 6 films parmi les 14 satisfont la totalité des critères du test Vito Russo. Fun Size, Skyfall, The Hit Girls, 5 ans de réflexionCloud Atlas et Rock Forever. Concernant le dernier James Bond de Sam Mendes, le GLAAD regrette toutefois que Silva (Javier Bardem) perpétue le cliché du grand méchant gay.Le genre du film influe sur la présence de gays ou non : sur les 24 comédies sorties en 2012, 9 contiennent un personnage homosexuel. Alors que sur les 34 films de genre (SF/fantasy), ce nombre tombe à 3… En tout, 31 personnages gays ont été décomptés : 26 étaient Blancs, 4 Noirs et 1 Latino. Les deux studios mauvais élèves sont Disney et la 20th Century Fox : ce dernier n’a sorti aucun film contenant des homosexuels en 2012 ; et la seule trace de la présence gay chez Disney est à chercher dans Avengers. On y aperçoit brièvement le présentateur télé Thomas Roberts, ouvertement homosexuel. Mais cette apparition est trop brève pour être autre chose qu’un caméo…Le but de l’étude (qui est lisible ici, 23 pages aérées et illustrées en anglais) n’est pas de faire respecter un quelconque quota. "Dans des lieux où les LGBT doivent se battre pour avoir le droit d’exister, un film populaire qui montre la plus banale acceptation d’un personnage LGBT peut changer l’opinion publique", écrit le GLAAD qui affirme sa foi dans la force du cinéma pour changer les mentalités. "Hollywood a produit sans aucun doute quelques unes des expériences artistiques les plus mémorables de notre société." A ce titre, "il est important qu’Hollywood reconnaisse que les LGBT sont une part importante du passé, du présent et du futur de notre société à travers les histoires que [les films] racontent."Comme le disait en mai dernier à notre micro Alain Guiraudie, réalisateur du thriller gay L’Inconnu du lac dont les affiches furent censurées à Versailles et Saint Cloud, "il faudrait arriver à faire en sorte que l’homosexualité ne soit plus un sujet en soi ". D’admettre enfin que l’homosexualité n’est pas anormale.