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Hugo Cabret 3D, le dernier film de Martin Scorsese, a eu le pouvoir de guérir un malvoyant. C’est du moins ce que rapporte le site de la BBC, qui raconte l’histoire de Bruce Bridgeman. Ce dernier est un neurologue californien de 67 ans souffrant de « cécité stéréoscopique ». Ce qui signifie qu’il n’était tout simplement pas capable de percevoir les choses en relief et en profondeur -la faute à son strabisme divergent. Un handicap gênant, qui de plus donnait un intérêt plus que limité aux films en 3D.Et pourtant : en février dernier, Bridgeman décide d’accompagner sa femme voir Hugo 3D, le dernier film de Martin Scorsese. Et, pour la première fois de sa vie, il voit le film en relief, avec tous les éléments pensés par Scorsese pour être en 3D se détacher nettement de l’écran. « C’était comme découvrir une nouvelle dimension de la vision », raconte l’intéressé, passionné par le film qui rend hommage à la magie du cinéma primitif en racontant les aventures d'un orphelin (Asa Butterfield), de sa copine (Chloe Moretz) et d'un mystérieux vieillard (Ben Kingsley) dans le Paris des années 30.Encore plus fort : en sortant de la salle de cinéma, Bridgeman continue de voir les choses en relief comme une personne normale. « J’ai pris mon vélo pour aller travailler, et j’ai regardé la forêt que longeait la route. Chaque arbre se détachait clairement des autres… »En fait, dans le passé, des personnes atteintes de « cécité stéréoscopique » ont pu être guéries au terme d’une longue thérapie, précise la BBC. La question est de savoir comment Bridgeman a pu voir d’un coup à la vision d’Hugo 3D. Rien de surnaturel là-dedans, en fait.En gros (et si on a bien compris les explications de la BBC), si nous voyons en relief, c’est parce que nous avons deux yeux qui reçoivent des images différentes : leur superposition crée une illusion de profondeur. Mais il faut également que le cerveau se forme tôt à la perception du relief (des enfants atteints de strabisme auront des difficultés à percevoir le relief). Bridgeman souffrait d’un strabisme divergent, qui empêchait les images de bien se superposer, son cerveau n’étant pas « formé » au relief. Pour percevoir la profondeur, Bridgeman avait recours toute sa vie à des trucs comme déplacer son visage en permanence afin de voir les lignes de fuite d’un objet et en déduire le relief. Tout le monde suit ? Enfant, Bridgeman a tout de même expérimenté une fois le relief grâce à un jeu sur une boîte de céréales, et d’après la scientifique Suzanne McKee, spécialiste de l’optique et de la vision, cela a suffi pour créer la connexion « relief » dans son cerveau, une connexion que Bridgeman n’a jamais utilisée depuis son enfance. Jusqu’à sa vision d’Hugo Cabret : l’attention portée par Scorsese à la 3D du film (on est à mille bornes d’une conversion torchée opportuniste), la beauté des images et le fait que Bridgeman devait se concentrer dessus pendant deux heures, tout cela a dû débloquer quelque chose dans son cerveau qui le pousse désormais à mieux concentrer sa vision et exploiter la connexion « relief » que sa caboche avait oubliée. Bridgeman a en quelque sorte subi une thérapie accélérée, qui a d’autant mieux marché qu’il n’était pas prêt à la subir.C’était notre rubrique X-Files en vrai.