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Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

LE REDOUTABLE ★★★★☆
De Michel Hazanavicius

L’essentiel
Peut-on imaginer plus éloigné de Jean-Luc Godard que Michel Hazanavicius ? Oui, et c’est tant mieux.

Jean-Luc Godard ne verra certainement pas Le Redoutable, consacré à son histoire d’amour avec Anne Wiazemsky (qui a écrit Un an après dont la comédie d’Hazanavicius est la libre adaptation) et à sa radicalisation politique à la fin des années 60. Icône absolue, incarnation de la modernité, commentateur rare mais écouté de l’actualité, invisible et omniprésent à la fois, JLG est ailleurs –enfin, principalement en Suisse.
Christophe Narbonne

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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

BARRY SEAL : AMERICAN TRAFFIC ★★★☆☆
De Doug Liman

Depuis quand Tom Cruise n’avait-il pas incarné un personnage “normal” (ni comique, ni distribuant des baffes ou volant de cascades en cascades) ? Si l’on ne se trompe pas, cela remonte à 2008 et à Walkyrie. Un bail, donc. Barry Seal : American Traffic vient nous rappeler à point nommé combien la star américaine est un acteur complet, aussi à l’aise dans la séduction canaille que dans l’enracinement réaliste ou la présence muette charismatique.
Christophe Narbonne

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MOTHER ! ★★★☆☆
De Darren Aronofsky

Mother ! démarre comme un thriller : un couple vit dans une maison en travaux. Lui est un poète reconnu, mais en mal d’inspiration depuis quelque temps, elle s’occupe de leur cocon, fait tout pour leur construire un véritable « paradis » où ils pourront élever leur futur enfant. Mais l’arrivée d’étrangers dans cette demeure de trois étages va bouleverser leur quotidien : si l’homme est flatté de la reconnaissance de ses hôtes, la femme ne supporte pas que des inconnus s’introduisent chez elle en agissant comme s’ils étaient chez eux.
Élodie Bardinet

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GOOD TIME ★★★☆☆
De Josh et Ben Safdie

Entre réalisme et stylisation, Ben et Joshua Safdie creusent leur sillon avec Good time, un thriller noir situé dans le Queens. Ils y suivent le parcours de deux frères embarqués dans une spirale de l'échec après un braquage foireux. Le film immerge immédiatement grâce à la caractérisation  de ses personnages, très vite propulsés par une intrigue dynamique.
Gérard Delorme

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NOS ANNÉES FOLLES ★★★☆☆
D’André Téchiné

Alain Guiraudie aurait pu imaginer cette histoire (vraie) : celle de Paul Grappe, un déserteur de la première guerre mondiale qui, pour vivre au grand jour sans se faire repérer, décide, à l’instigation de son épouse, de se travestir en femme ; prenant goût à sa nouvelle identité (et à une sexualité débridée), il délaisse Louise qui va tenter de le ramener à la r(m)aison. Le réalisateur de L’Inconnu du Lac en aurait sans doute tiré une grande comédie picaresque, cul et absurde, soit précisément l’inverse de ce que recherche André Téchiné, davantage préoccupé par la vérité des êtres et par le réalisme des situations –symbolisé par l’atelier de couture studieux où travaille Louise Grappe. Peu de folie donc, bien que le sujet s’y prêtât (le facétieux Michel Cau, monsieur Loyal d’un cabaret décadent, apporte la dose minimale d’extravagance), mais beaucoup de passion rongeant les personnages de l’intérieur. Aux grandes questions identitaires et sociales posées par la transformation radicale de Paul (par ailleurs victime d’un syndrome post-traumatique auquel le film fait discrètement allusion), Téchiné préfère aussi le lustre moins flamboyant de la crise de couple traitée frontalement, sans chichis. Il y a chez lui une forme de résistance au glamour et a l’épique qui friserait presque le snobisme si, au détour d’une scène de ménage tonitruante, il ne venait nous rappeler que la force de son cinéma viscéral tient dans ce déchaînement de l’intime face aux forces irréversibles de la fatalité.
Christophe Narbonne

HOME ★★★☆☆
De Fien Troch

Tout juste sorti de prison, Kevin, 17 ans, s'installe chez sa tante et se lie d’amitié avec son cousin et ses amis. Un nouveau départ entre sorties, rencontres et ennui, rapidement bouleversé par le drame incestueux qui se joue dans ce foyer. La réalisatrice belge Fien Troch (Saint-Cyr) s'inspire d'un vrai fait divers pour effectuer la minutieuse étude d'une certaine jeunesse flamande, vide de tout idéal et sous le contrôle permanent de la génération précédente. Un travail dans la veine de Larry Clark, où le réalisme est renforcé par l'utilisation d'acteurs non professionnels, dont les vidéos tournées au smartphone sont astucieusement intégrées au montage. Mais malgré la poésie évidente qui se dégage du film, Home fait trop souvent passer la forme (la caméra à l'épaule, le format 4/3 pour renforcer le sentiment d'oppression…) avant le fond pour traduire le mal-être de ses personnages. En résulte une espèce d'artificialité qui finit par parasiter - un peu - le message.
François Léger

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

MARY ★★☆☆☆
De Marc Webb

Après deux Amazing Spider-Man mal-aimés, Marc « 500 Jours ensemble » Webb revient à ses racines indé avec cette bluette sur une petite fille surdouée élevée par son adorable tonton (Chris Evans, aka Captain America). Thématiquement, le film est raccord avec la filmo de Webb (c’est l’histoire d’une gamine pas comme les autres qui, comme Peter Parker, doit apprendre à composer avec un superpouvoir) mais ne paraît pas très personnel pour autant. Les bons sentiments, la joliesse feel-good, les embrassades dans le soleil couchant… Tout dans ce Little Miss Will Hunting a l’air d’arriver tout droit de l’usine Sundance, préemballé. Mignon mais trop fake, à l’image du look de Chris Evans en prolo sexy, les ongles sales mais les cheveux impeccablement shampouinés.
Frédéric Foubert

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

LES GRANDS ESPRITS ★☆☆☆☆
D’Olivier Ayache-Vidal

Un prof strict d'Henri IV est envoyé en ZEP relever le niveau. Les Grands esprits ne fait aucun effort pour éviter tous les clichés qui découlent de ce résumé (le prof dur-mais-juste qui apprend autant à ses élèves que ceux-ci ne lui apprennent à devenir humain et sensible), et devenir un plaidoyer extrêmement attendu pour l'Ecole de la République. Exercice (facultatif) : comparer Les Grands esprits avec Les Héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar et Primaire d'Hélène Angel et en dégager la structure-type du FCPE-porn des années 2010. Reste que Denis Podalydès est vraiment formidable lorsqu'il est méchant et cassant : dommage, parce qu'il ne l'est tout simplement pas assez.
Sylvestre Picard

THE PARTY ★☆☆☆☆
De Sally Potter

Choisir le même titre que le chef d’œuvre de Blake Edwards relève, ou de l’inconscience ou de la prétention. On penche pour la première hypothèse tant ce The Party manque de relief et d’originalité. Kristin Scott Thomas y joue une ministre qui fête sa nomination avec des amis, chez elle, en toute simplicité. Mais la soirée dérape… Hystérie de l’interprétation, pauvreté des dialogues, incohérence du noir et blanc, ratage du dénouement : The Party condense tous les tics du cinéma indé sans imagination.
Christophe Narbonne

LAURENT ET SAFI ☆☆☆☆☆
D’Anton Vassil

Témoignage d’un cinéma de quartier tel qu’on n’en fait plus (laid, mal joué, approximatif), cette comédie musicale raconte l’histoire d’amour entre une Malienne (débrouillarde) et un Français (cadre blanc dynamique). Filmé comme une sitcom AB, bourré de faux raccords, Laurent et Safi déroule sa romance cliché au rythme de tubes zouk indignes de la Compagnie Créole. Il faut le voir pour le croire.
Christophe Narbonne

Et aussi

Colombiennes de Collectif
Polichinelle et les contes merveilleux d’Emanuele Luzzati
C’était maintenant de Jean-Christophe Sandt

Reprises

Man in the Moon de Milos Forman
Terminator 2 : le jugement dernier de James Cameron
Phase IV de Saul Bass
Titicut Follies de Frederick Wiseman