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Harrison Ford"Chewie, we’re home". Le 16 avril 2015, le deuxième teaser du Réveil de la Force dévoilé à la convention Star Wars soulève une vague d’émotion à travers le monde : Han Solo et son fidèle Chewbacca sont de retour, 32 ans après. On réalise à quel point l’enjeu du nouvel épisode de Star Wars est de ressusciter les héros originels et que parmi les trois, Solo se taillera la part du lion. 16 décembre 2015, Star Wars VII est dans les salles et on comprend que c’est non seulement le film de Han Solo, mais surtout celui d’Harrison Ford : on n’avait pas vu l’acteur aussi investi dans un rôle depuis… ? Il est à lui seul une raison suffisante d’aller voir Star Wars. Et tant pis s’il a touché 50 fois plus que ses jeunes Padawan ; il est 50 fois plus iconique. En 40 ans de carrière, peu d’acteurs sont parvenus à un tel niveau de légende – et ont réussi à l’entretenir : en 2015, Ford a remis le blouson de Han Solo, a signé pour reprendre son rôle dans Blade Runner 2, et a été adoubé comme seul et unique acteur capable d’incarner l’autre héros cool et culte du cinéma mondial. « Il n’y a qu’un seul Indiana Jones et c’est Harrison Ford » a décrété Steven Spielberg en prévision du n°5. Solo est mort, vive Dr Jones.  

Kathleen Kennedy
La productrice et fidèle collaboratrice de Spielberg Kathleen Kennedy a pris les rênes de la franchise Star Wars lors du rachat de Lucasfilm par Disney en 2012. Une simple ligne de plus sur son CV qui fait d’elle la femme la plus puissante de Hollywood à l’heure où le septième épisode de la saga réveille le box-office : en moins de deux semaines d’exploitation, Le Réveil de la Force a déjà généré plus d’un milliard de dollars de recettes dans le monde. Et ce n’est que le début. 

Furiosa
Guerrière hors-pair, as du volant et guide protectrice, elle crève l'écran de Fury Road. Dans la franchise post-apo sévèrement motorisée de George Miller, l’Imperator Furiosa impose son impressionnante présence féminine sur l’univers dégénéré de Mad Max et symbolise majestueusement l’idée que le salut vient des femmes. A l’origine de cette course-poursuite frénétique de deux heures, c’est elle qui trahit le leader tyrannique et orchestre l’évasion des "épouses", remettant Max sur le chemin de la révolte contre le (dés)ordre établi. Crâne rasé, visage caché sous un masque de crasse, manchote, Charlize Theron éclipse totalement son partenaire masculin à l’écran. L’héroïne du plus grand film de l’année, c’est elle.

Quentin Tarantino
2015 a été ponctué par la longue promotion de son huitième long-métrage, qui sortira tout début 2016 dans les salles. Entre deux informations sur Star Wars, Quentin Tarantino a réussi à entretenir une attente et une excitation dingues autour de ses Huit Salopards, tourné en 70mm Ultra Panavision, un format qui n’avait pas été utilisé depuis… 50 ans. Obligeant un certain nombre d’exploitants à investir dans cette technologie quasi disparue et imposant à l’industrie sa vision (pellicule) du cinéma. Chacune des prises de parole de QT est commentée et relayée à travers le monde, de son film préféré de l’année à ce qu’il pense des pratiques policières – une prise de position politique qui lui a valu des menaces du principal syndicat de flics américain et un appel au boycott de son film. Pour fêter ça, Hollywood vient enfin de lui offrir son étoile sur le Walk of Fame.

Robert Zemeckis
Peu de gens le savent (en France, exactement 129 955 personnes), mais Robert Zemeckis a réalisé un chef d’œuvre cette année. Passé injustement inaperçu, The Walk prouvait encore que Bob Zemeckis savait comme personne plier le monde à sa propre vision. Le monde de 2015 comme celui de 1985. Au moment où son dernier exploit technologique et poétique sortait en salles, on célébrait justement les 30 ans de Retour vers le Futur, une saga dont on a pu mesurer qu’elle ne perdait rien de son culte. Et que son auteur, contrairement à la majorité de ses confrères hollywoodiens, préservera jusqu’à sa mort de toute réactualisation : "ça n’arrivera pas de notre vivant" a affirmé Zemeckis, l’année de Star Wars VII, Terminator V, Jurassic le retour, etc. Ca mérite d’être distingué. 

Luc Besson
Besson man of the year ? En 2014, il boostait les recettes du cinéma français (notamment à l’étranger) grâce au carton mondial de Lucy. En 2015, qu’il démarrait en recevant un César d’honneur pour "sa contribution artistique et entrepreneuriale exceptionnelle au cinéma français", Luc Besson change carrément la donne. Avec sa Cité du cinéma à Saint-Denis où il compte bien tourner son blockbuster SF à 170 millions d’euros, le réalisateur de Nikita pèse lourd, y compris dans le débat politique. Grâce à son lobbying et la menace de délocaliser des milliers d’emplois pour tourner Valerian, il a obtenu presque à lui tout seul une réforme fiscal : un crédit d’impôt accordé aux tournages sur le territoire français revu à la hausse et élargi à l’ensemble des productions a été intégré au projet de loi de finances 2016.  

Denis Villeneuve
Il a réalisé ce qui aurait dû être notre film de l’année sans le retour d’un certain Max : un thriller étouffant, une odyssée ténébreuse, un traité géopolitique, le parfait film de cartel… Sicario est un chef d’œuvre instantané, qui a beaucoup marqué la rédac de Première. Après les déjà brillants Prisoners et Enemy, le cinéaste canadien poursuit donc sa mue américaine, qui ne sera complète que quand il aura repris une franchise à succès ou ressuscité un héros culte, comme de coutume à Hollywood. Ça tombe bien, on lui a confié les commandes de Blade Runner 2 dans lequel il dirigera Ryan Gosling et… Harrison Ford (cf ci-dessus).

Ridley Scott
Avant même la sortie -et le lessivage public et critique en règle d'Exodus : Gods and Kings- le vétéran Ridley Scott avait prudemment signé son prochain taf : adapter au cinéma le récit rigolo d'un Robinson Crusoé sur Mars. Le résultat s'appelle Seul sur Mars. Sorti dans le creux d'octobre, ce feelgood movie agréablement réaliste à la fois le plus gros carton de sa carrière et le film préféré de Barack Obama en 2015. Omniprésent dans les médias, il tease les abdos de Ryan Gosling pour Blade Runner 2 (pour lequel il a réussi à débaucher Denis Villeneuve, rien que ça), met le paquet sur Prometheus 2 (pardon : sur Alien : Covenant), et se permet de mettre en pause indéfiniment l'Alien 5 de Neill Blomkamp. Thug life.

Jeff Clarke
Qui est Jeff ? C'est le PDG de Kodak. Et alors ? Et alors le bonhomme a teasé une sacrée bonne nouvelle un peu trop vite passée inaperçue sur le tapis rouge de la première mondiale de Star Wars : Le Réveil de la Force. L'Episode 7, le carton d'Interstellar l'an d'avant, Le Pont des espions, Joy, Carol, Les 8 Salopards de Tarantino... Tous ont été shootés en pelloche. Les réalisateurs aiment ça. Et ça marche en salles. "On sait que Rian Johnson et son directeur de la photo veulent tourner l'Episode 8 en pellicule", a dit Jeff, "alors on va les aider du mieux qu'on peut". Mieux que ça : avec tant de gros films à succès tournés à l'ancienne, Kodak prévoit des bénéfices sur le business du film physique en 2016. Grâce au lobbying de Nolan et Abrams, la pellicule est bel et bien de retour. Alors qu'on chantait la mort de la pellicule il y a deux ans et que les chefs op d'Hollywood commençaient à économiser les moindres bouts de 16mm, merci Jeff, ça c'est un très beau cadeau de Noël.

Vincent Lindon
En 2015, il a porté sur son échine courbée toute la misère sociale française. Dans La Loi du marché, Vincent Lindon ne joue pas seulement un chômeur de longue durée qui multiplie les galères, il symbolise la crise. Sur sa silhouette trapue, dans sa posture en retrait, avec sa moustache lourde, ses cernes sous les yeux et sa gueule de Français moyen, cet immense acteur a incarné le mal-être de toute une société. Son prix d’interprétation à Cannes n’en a eu que plus de valeur pour les spectateurs français, qui se sont déplacés en nombre (plus de 800 000) pour découvrir le film de Stéphane Brizé. Acteur généreux et militant, Lindon a dédié ce prix "à tous ces gens qui n'ont pas toujours été considérés à la hauteur de ce qu'ils méritent et qui sont les citoyens un peu laissés pour compte". Plus réconfortant que n’importe quel discours politique.  

Alicia Vikander
On pouvait s’excuser de ne pas connaître son nom l’an dernier, c’est désormais impensable tant la jeune Suédoise est partout. Ces douze derniers mois, Alicia Vikander a été vue dans des petites pépites SF, des grands actioners, des drames à costumes, des comédies populaires  et même un film à Oscar (Ex Machina, grâce auquel elle devient instantanément un fantasme, Agent très spéciaux : Code U.N.C.L.E., Mémoires de jeunesse, A Vif ! et Danish Girl). LA révélation de l’année donc, qui transforme l’essai en 2016 avec une aussi grande diversité de projets : le nouveau Derek Cianfrance (Une vie entre deux océans), le cinquième Jason Bourne, le prochain Wim Wenders (Submergence) et peut-être la suite très attendue de Millenium (dans laquelle elle piquerait le rôle de Lisbeth Salander à Rooney Mara). A suivre. 

Kev Adams
L’idole des ados et star du petit écran (la série Soda) avait déjà réussi brillamment son passage au cinéma il y a 2 ans en explosant le box office avec Les Profs. Aujourd’hui, Kev Adams est non seulement un des rares acteurs français à garantir des entrées en salles (en 2015, il attire 3 489 537 spectateurs grâce à la suite des Profs et 4 400 676 avec Les Nouvelles Aventures d’Aladin) mais il est aussi devenu mine de rien la nouvelle boussole de la comédie française : ses films agrègent tous les profils et les générations de comique (Christian Clavier, Michel Blanc, Jean-Paul Rouve, Didier Bourdon, Eric & Ramzy…). Même sur les planches, où Gad Elmaleh va venir chercher un second souffle en partager l’affiche avec le jeune prodige de 24 ans.

Amy Schumer
Le résumé de l’année de cette humoriste décomplexée ? Un Emmy raflé pour sa série à sketchs Inside Amy Schumer, une parodie subversive de Star Wars en couv de GQ, un stand-up d’une heure diffusé sur HBO, une photo nue signée Annie Leibovitz dans le calendrier Pirelli... Et surtout, la transformation de son double fictif développé pour le petit écran en héroïne d’une comédie de Judd Apatow. Ecrit par Amy Schumer, sur Amy Schumer, avec Amy Schumer, Crazy Amy, sorti face à Ant-Man outre-Atlantique, est un carton au box office US. Mais sur les 139 millions de dollars de recettes totales du film, 110 millions ont été amassés rien que sur le sol américain. L’Hexagone ferait bien de rattraper son retard en matière d'Amy. 

Shia Labeouf
Non il n’est toujours pas là pour un rôle, mais pour le plus retour de hype de l’année. Plus réputé pour ses happenings "artistiques" plus ou moins foireux que pour sa carrière sur grand écran, Shia a encore frappé mais a enfin mis dans le mille : en novembre, l’acteur a passé 72 heures enfermé dans un cinéma à se repasser l’intégralité de sa filmo dans l’ordre antéchronologique. Une perf évidemment filmée et retransmise en direct sur le Net de façon à ce que ses expressions devant Transformers et Indiana Jones 4 puissent devenir les mèmes de cette décennie, ce qui n’a pas loupé. Son genre de Benjamin Button à lui ; fascinant.

Joie & Tristesse
Ce sont des émotions et elles sont deux. D’accord. Mais dans Vice Versa, Pete Docter en fait des personnages, des vrais, des héroïnes d’une aventure colorée que tout oppose et dont l’union finale est peut-être rien de moins que la clé de l’existence. Une des plus belles idées qu’il nous ait été donné de voir à l’écran cette année et, accessoirement, la définition particulièrement éloquente du fonds de commerce de Disney (et du cinéma tout entier ?) : la manipulations de nos émotions.   

Donna Langley
Avec Kathleen Kennedy, elle est sans doute la femme la plus sereine de la place hollywoodienne en cette fin d’année. Donna Langley, c’est la présidente d’Universal, premier studio a avoir sorti 3 films milliardaires la même année - et cette année, c’était 2015. Jurassic World, à ce jour le plus gros succès 2015 au box-office mondial (Star Wars 7 étant sorti en fin d’année) avec 1,6 milliard de dollars de recettes, Fast & Furious 7 (1,5 milliard) et le spin–off de Moi, Moche et Méchant, Les Minions (1,1 milliard). Entre deux records, le studio a par ailleurs sorti : Cinquante Nuances de Grey (570 M$ de dollars récoltés pour 40 M de budget), Pitch Perfect 2 (287 M$ pour 29 M de budget) ou encore Ted 2 (2154 M$ pour 68 de budget). C’est ce qu’on appelle une belle année. 

Dimitri Rassam
2015 fut l’année de l’émancipation pour Dimitri Rassam, qui sort de l’ombre familiale (la dynastie Rassam-Berri-Langmann) grâce à deux gros coups. D’abord avec Papa ou Maman, comédie de Martin Bourboulon et succès surprise de l’année avec 2,8 millions de spectateurs dans les salles obscures, puis Le Petit Prince. Sorti en juillet dernier chez nous, le film d’animation de Mark Osborne adapté du célèbre roman de Saint-Exupéry est devenu le plus grand succès d’animation français à l’international il y a quelques semaines avec 12,5 millions d’entrées en dehors de nos frontières, détrônant la place jusqu'alors occupée par Arthur et les Minimoys, de Luc Besson. 

André Bonnet
C’est l’homme qui fait trembler les distributeurs. André Bonnet est le co-fondateur et désormais l’avocat de Promouvoir, cette association d’extrême droite de défense des "valeurs judéo-chrétiennes" qui a fait du recours contre les visas des films son fonds de commerce. Si ça fait longtemps qu’il mène sa guerre morale devant les tribunaux (on se souvient de l’affaire Baise-Moi en 2000), il a gagné en 2015 une bataille significative avec l’annulation du visa de Saw 3D, septième et dernier produit de la franchise de torture porn sorti en 2010. Dans sa décision, le Conseil d’Etat a rappelé la loi de protection des mineurs qui leur interdit l’exposition à la violence et infligé un camouflet au ministère de la culture et la commission de classification des films. Une victoire totale pour Promouvoir. Dans la foulée, l’association a obtenu l’annulation du visa moins de 16 ans délivré au film porno-sentimental de Gaspar Noé et Love a été interdit aux moins de 18. Puis ce fut au tour de La Vie d’Adèle, dont Promouvoir avait attaqué l’interdit aux moins de 12 ans dès la sortie, de perdre son visa. Abdellatif Kechiche a témoigné son soutien à l’association qu’il a même tenu à remercier. 

James Bond
Dans ses fantasmes le public veut (toujours) être James Bond. Le cliché du super-agent secret sapé comme un prince, qui joue au poker, s'enfile des vodkas martini et tombe tout ce qui bouge, licence to kill en poche. En 2015, beaucoup de films ont voulu l'être aussi. La figure de 007 a traversé toute l'année. Kingsman : Services secrets, Cinquante nuances de Grey (et oui), Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E., Mission : Impossible Rogue Nation. Jusqu'à la sortie du très officiel 007 Spectre en novembre. Le 24ème James Bond a enregistré le meilleur démarrage de tous les temps en France, mais en fin de course a déçu la critique et le public par rapport à Skyfall. 007 Spectre a vendu presque 2,5 millions de billets de moins que Skyfall. Alors même si l'esprit James Bond était partout cette année, plus que jamais on a évoqué le départ de Daniel Craig de la franchise (départ démenti par Barbara Broccoli elle-même, mais bon) et son remplacement par, au hasard, Idris Elba. James Bond will return, oui, mais sous quelle forme ?

BB-8
C’est l’un des héros du Réveil de la Force. Cet adorable droïde orange et blanc hyper cool détient un rôle clé dans les évènements de Star Wars 7 (on ne dira rien) et se retrouve dans la moitié des scènes. Plus agile et encore plus "expressif" que R2-D2, il a beaucoup d’humour tout en étant un peu pot de colle. Et si, contrairement à ce que laissait entendre l’une des rumeurs autour du Réveil de la Force, BB-8 n’est manifestement pas féminin (son genre n’est pas précisé mais Poe Dameron l’appelle "my boy", traduit par "mon vieux" dans le film), il est déjà une star : vendu partout dans le monde en forme de jouet (connecté ou pas), il faisait récemment la couverture de Time Magazine. The Force is strong with it.

Bonus : John Travolta
Ce n’est pas parce qu’on ne l’a pas vu au cinéma que Travolta n’était pas là. Avant de se retrouver sur les petits écrans (de télévision) dans la mini série sur OJ Simpson American Crime Story, l’acteur a mystérieusement envahi les petits écrans (d’ordinateur, tablettes et smartphones) avec une scène de film dans lequel il a joué… il y a 19 ans. Le mème vidéo Confused Travolta, meilleur mème de l’année, détourne en effet quelques secondes de Pulp Fiction, précisément lorsque son personnage, Vincent Vega, arrive défoncé dans le salon de Mia Wallace (Uma Thurman) et se demande d’où peut bien sortir la voix de la femme de son patron, qui s’adresse à lui à travers un interphone. Un détournement qui fonctionne avec Star Wars, un hôpital russe, un match de tennis ou sur les affiches du Front National pour les élections régionales. Si, si.  

Quels sont celles et ceux qui ont marqué le monde du cinéma cette année ? 

Ils ne sont pas (seulement) là pour une performance, un film ou un geste artistique. Les 20 personnalités de cette liste (établie sans classement particulier) sont celles qui ont marqué concrètement ou symboliquement le monde du cinéma en général, et Première en particulier. Homme, femme ou droïde, réel ou fictif, voici ceux qui ont fait notre année.

Les meilleures bandes originales de 2015