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A l’occasion de la sortie du Château de verre, on rembobine la filmo de l’acteur texan. 

Les Blancs ne savent pas sauter (1992)

Associé à Wesley Snipes, Woody Harrelson arnaque des basketteurs de rue de Venice Beach en leur faisant croire qu’il joue comme un pied (puisqu’il est blanc) dans ce long-métrage signé Ron Shelton. Une comédie plus fine qu’il n’y parait, que Stanley Kubrick adorait (pour de vrai), qui oscille entre le le buddy movie et le film racial (Woody a aussi une petite amie portoricaine, Rosie Perez). L’histoire retiendra donc que Harrelson, 30 ans à l’époque, a lancé sa carrière d’acteur au cinéma grâce à ses talents de basketteurs (il était d’ailleurs bien meilleur que Snipes), qui lui ont permis de décrocher le rôle suite à l’audition ratée de Keanu Reeves. Sans oublier son bagout, et son mythique "I’m in the zone !", que Nike a encore recyclé sur une paire de sneakers il y a quelques années. 


Tueurs nés (1994)

On aime ou pas la thèse braillarde d’Oliver Stone sur les media et la violence, mais impossible de nier la puissance monstre de Woody Harrelson, qui semble ici jouer sa vie, avec ses yeux fous, son sourire psychopathe, sa virilité maboule et sa sauvagerie redneck… Si on peut revoir aujourd’hui le film, nineties à mort, c’est d’abord pour lui (et Juliette Lewis). Tarantino s’était plaint du fait que Stone avait dénaturé son script, ce qui nous fait poser la question : à quand une rencontre au sommet entre QT et Woody ? 


Larry Flynt (1996)

Après le film culte (Les Blancs ne savent pas sauter) et le film polémique (Tueurs nés), Larry Flynt est le moment de bascule, le grand rôle que le fan-club de Woody Harrelson attendaient au milieu des 90’s : un premier rôle dans un biopic à Oscar, oui, mais un biopic vulgaire, outrancier, rigolo, funky, une étude de la culture war qui divisait alors l’Amérique, doublé d’un doigt d’honneur à l’ordre moral. Le tout emballé par le génie du genre, Milos Forman, l’homme d’Amadeus et de Man on the Moon. Trône toujours tout en haut du greatest hits Harrelson. 


Kingpin (1996)

Après le triomphe de leur premier long Dumb & Dumber (1994), bide noir pour les Farrelly avec Kingpin deux ans après. Le film n'est même pas sorti en salles en France et c'est tant mieux : ça a permis de lui donner un lustre de film culte, maudit, qu'on se passait sous le manteau en disant « tu verras, c'est encore plus drôle que Mary à tout prix ». On exagère ? A peine. C'est l'histoire d'un amish prodige du bowling coaché par un ex-champion amputé d'une main. Woody dans ce rôle y boit entre autres un seau de sperme de taureau. Si ça vous fait marrer, sachez que ce n'est que le début. Woody embrasse à merveille la cause - très farrellienne - du comique aussi touchant que trash. Comment ça, vous n'avez pas vu Kingpin ?


Bienvenue à Zombieland (2009)

Dans Zombieland, Woody/Tallahassee est un redneck gentiment dérangé et obsédé par les Twinkies. Même avec Jessie Eisenberg, Emma Stone et un paquet de zombies à ses côtés, la caméra de Ruben Fleischer ne désire que lui. Ce gros con adorable au regard de tueur, qui parvient quand même à vous tirer une larme quand il parle de son gosse décédé. Qui d'autre pouvait jouer ça aussi bien que lui ?


Rampart (2011)

Le Bad Lieutenant de Woody Harrelson. Ecrit par James Ellroy, filmé par Oren Moverman (avec qui l’acteur a aussi tourné un très beau drame militaire cafardeux, The Messenger), le portrait d’un flic du LAPD pas net. Mythologie colossale, feeling documentaire, Woody en mode ripou parano… Un petit bijou noir, injustement passé sous le radar en France. 


True Detective (2014)

Comment exister à côté d’un Matthew McConaughey aussi monstrueux que dans la saison 1 de True Detective ? Facile, il suffit de s’appeler Woody Harrelson. Pendant que son compère plane dans son délire métaphysique, beurré à la Lone Star, tonton Woody incarne brillamment l’homme désespérément terre à terre, incapable de renoncer à une paire de seins fermes, au risque de mettre son mariage en péril. Tantôt effacé, tantôt habité ("Tu ne tonds pas ma pelouse !"), Harrelson confirme son talent pour les duos de cinéma, se posant en complément parfait de McConaughey, comme au bon vieux temps de En direct sur Ed TV


La Planète des singes - Suprématie (2017)

Il manquait à La Planète des singes un vrai méchant pour totalement s'accomplir dans le dernier volet de la franchise. Ce sera évidemment Woody Harrelson : crâne rasé, gueule de psychopathe, brutal et sans pitié, le "Colonel" est un dictateur caractérisé. Et soudain en une scène Harrelson use de sa magie vaudou, retourne la situation et transforme son personnage de fieffé salaud en être humain aux abois. Balèze.


Le Château de Verre (2017)

Le Captain Fantastic de Woody Harrelson. Ou son Mosquito Coast, si vous préférez. L’acteur y incarne un papa fantasque, semi-clochard, hippie et alcoolique, qui entraîne sa famille aux marges de la société et passera ensuite la fin de son existence à essayer de se rabibocher avec sa progéniture, lassée par ses extravagances. Un récit initiatique faussement feel-good, plus retors qu’il n’y paraît, où Harrelson parvient à incarner à la fois une certaine idée de la contre-culture seventies et une espèce d’Americana intemporelle. Le genre d’acteur qui devient de plus en plus indispensable au fur et à mesure qu’il prend de la bouteille. 

 Bande-annonce de Le Château de Verre : 


Three Billboards Outside Ebbing, Missouri (2018)

On triche un peu en glissant ici un film qui ne sortira que l’année prochaine, mais qui vient de se faire remarquer au festival de Venise (où il a remporté le prix du scénario). C’est pas pour se la jouer qu’on fait ça : c’est juste que Woody Harrelson y interprète quelques unes des plus belles scènes de sa filmo, en shérif du Midwest à la coule, engagé dans une guerre des nerfs avec une maman en deuil (Frances McDormand) qui accuse les forces de l’ordre de ne pas avoir retrouvé l’assassin de sa fille. En trois scènes, une poignée de répliques, un monologue à chialer, Woody vole le show… Mais chut. On en reparle en janvier.   

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