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Le cinéaste définit The Green Hornet comme le pire moment de sa carrière.

Dans une interview accordée à The Hollywood Reporter à l’occasion de la sortie américaine de Microbe et Gasoil, Michel Gondry revient sur son expérience difficile : l’adaptation de la série télévisée The Green Hornet en long-métrage en 2011. Au cours de l’interview, il affirme sans détour son désir de ne plus jamais remettre le couvert avec d’autres super-héros. Le cinéaste français témoigne du manque de liberté qu’il a pu rencontrer lors de la pré-production du film, qui est pourtant loin d’avoir fait un flop, récoltant 228 millions de dollars de recettes au box-office mondial pour une centaine de budget. La principale raison visant l’acteur comique Seth Rogen et sa multi-casquette sur le projet : « Il était très gentil. Nous nous entendions très bien. Mais il était difficile pour moi de trouver ma place. Il a écrit, joué et produit le film. Autrement dit, il était difficile pour moi d’être en mesure de m’exprimer bien que je ne me sois pas non plus senti à l’écart. »

Si Gondry relativise sa rencontre avec Rogen, celui-ci se révèle beaucoup moins tendre envers les studios hollywoodiens. Le réalisateur explique que l’idée d’adapter The Green Hornet remonte à la fin des années 1990, date à laquelle il entame ses premières esquisses ainsi que les négociations avec Universal Pictures, la société de production lui ayant joué un mauvais tour lors de la phase d’écriture du scénario :

« J’avais travaillé sur la première version de The Green Hornet pendant plusieurs années. C’était en 1996 ou 1997 et j’étais en duo avec Ed Neumeier, le scénariste de Robocop et Starship Troopers. Nous avions écrit un script qui était vraiment fidèle à l’original. Et puis après un mois de travail avec lui avec en plus des dessins à l’appui etc., le pôle exécutif d’Universal me dit qu’ils ont finalement mis le projet de côté. Ils ont même ajouté que la prochaine fois que je choisirai un projet, il faudrait que je m’assure que celui-ci soit au-dessus de la pile. J’ai été très frustré car c’était justement eux qui m’avaient demandé de travailler sur ce projet. C’était vraiment un passage à vide dans ma carrière. »

Sans compter qu’une fois revenu sur le projet en 2009, Gondry n’a cessé de voir son Frelon Vert être retardé. Stephen Chow (le réalisateur de Shaolin Soccer) devait incarner Kato mais a quitté le navire en cours de production. Il a été remplacé par Jay Chou, puis c’est Nicolas Cage, qui devait jouer le grand méchant, qui est parti. Christoh Waltz a fini par lui succéder, mais cela a causé cinq mois de retard...

C’est pourquoi, à la vue des nombreuses contraintes techniques et artistiques que représente la production d’un film de super-héros, Michel Gondry a décidé de ne plus jamais retenter cette expérience qui restera à jamais son pire moment de cinéma. Et tant pis si le genre cartonne actuellement. Le réalisateur d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind ne tire cependant pas complètement un trait sur les blockbusters. Il envisage de revenir un jour à Hollywood à condition de travailler sur un projet dans lequel il se sentira davantage impliqué que celui-ci.

Bande annonce de The Green Hornet réalisé par Michel Gondry