Philippe Rebbot
Aurore Marechal/ABACAPRESS.COM

Entre préparer des sandwichs et donner l'heure à Charles Berling, il a tout fait.

Dernièrement consacré par L’Amour flou et Vernon Subutex, Philippe Rebbot revient à l’affiche de Mine de rien, comédie en compétition au festival de l’Alpe d’Huez. L’histoire se déroule dans une région qui fut le fleuron de l'industrie minière, où deux chômeurs de longue durée ont l'idée de construire un parc d'attraction "artisanal" sur une ancienne mine de charbon désaffectée. En sauvant la mine et sa mémoire, ils vont retrouver force et dignité.


 

Philippe Rebbot décrypte pour nous les films inconnus de sa carrière. 

LONGS-MÉTRAGES

L’Homme aux mille visages (2016)
« Un hasard total. Il y a une mère de famille à Montreuil qui s’occupe de casting sauvage et, à la sortie de l’école, elle vient et me propose de faire des essais chez elle avec son iPhone. Deux jours après, c’est bon. On me propose de jouer un espion français qui s’appelle Jean-Pierre Pinaud. L’Espagne, un polar : ça ne se refuse pas. J’ai fait deux remarques, quand même : d’abord, Jean-Pierre Pinaud, ça ressemble un peu trop à Jean-Pierre Pernaut, ça craint. Et Pinaud, ça sonne comme Pinot simple flic... Je finis mort dans le film et c’est la première fois ! Mais je suis un mauvais mort. Je bouge tout le temps et je cligne trop des yeux. » 

Merci Docteur Rey (2002)
« T’as trouvé ça ? Tu regardes les trucs dont tu me parles ? Non? Heureusement pour toi ! C’est marrant parce que j’étais tellement nul que je croyais que le réalisateur m’avait coupé. Y a plus que le son alors ? Bref, un film improbable. J’étais régisseur et le réal me demande de le dépanner, de me mettre face à Dianne Wiest. Je suis fan de Woody Allen et j’ai cette actrice qui me donne la réplique ! La folie. Y avait aussi Jane Birkin, Bulle Ogier, Roschdy Zem… »

L’Ennui (1998)
« Je suis sur le plateau, stagiaire régie. L’acteur qui doit faire un barman est absent. On me demande si je peux dépanner. Je sue, j’ai Berling en face de moi, lui est génial, mais moi, je suis le plus mauvais acteur de France. J’ai perdu 35 kg en trois répliques, ça me stressait trop. Mais j’ai une fierté, j’ai inventé un truc. Je dois donner l’heure et comme je traînais beaucoup dans les cafés, j’avais remarqué que les barmen regardaient toujours l’horloge en face du comptoir. Quand Berling me demande l’heure, je regarde l’horloge en face de moi… et ben, elle n’existait pas. » 

COURTS-MÉTRAGES

¿Donde está Kim Basinger? (2009)
« Édouard, c’est mon copain. Édouard Deluc me propose de faire un court en Argentine. Je fonce. N&B, scénario fou. Mais tous les soirs, je lui dis que je comprends rien à ce qu’on raconte... J’étais sûr qu’on allait détester et qu’on nous reprocherait le côté arty avec un très mauvais acteur en plus. Quand le film est projeté, c’est le contraire : on a des prix, on va même aux César… C’est vraiment là que ma carrière décolle. » 

Trois Couples en quête d’orage (2005) et L’Inconnu de Strasbourg (1998) : production manager
« C’est quoi ça ? Production manager ? C’est stagiaire régie qu’il faut mettre. J’ai fait plein de petits boulots avant le cinéma. Au début, je voulais être Henry Miller, mais j’ai vite compris qu’écrire un livre n’était pas à ma portée, je suis trop fainéant. Alors je me suis mis à écrire des scénarios. Et pour bouffer, j’étais magasinier. Un jour, une copine m’a fait remarquer que, quitte à être magasinier, autant le faire au cinéma. Et j’ai été stagiaire régie pendant quinze ans. Pour Branco surtout. Je croisais Manoel de Oliveira, Raoul Ruiz... Je faisais les sandwichs, les courses, j’adorais ça. Si tu le fais bien, ton boulot est essentiel. Le bon sandwich, préparé avec une intention, crois-moi, ça aide les autres à bien faire leur boulot. »