QT8
Wood Entertainment / OCS

Signée Tara Wood et blindée de stars, cette évocation des huit premiers films de QT est diffusée dimanche sur Arte.

Mise à jour du 05 juin 2020 : Double programme Tarantino dimanche soir sur Arte, avec la première diffusion en clair des Huit Salopards, suivi du documentaire QT8 (à 23h40) consacré aux huit premiers longs-métrages du réalisateur, déjà diffusé il y a quelques mois sur OCS. Bonne nouvelle, il est déjà disponible en replay !

Article du 17 avril 2020 : Après un documentaire dédié à Richard Linklater sorti en 2014, la réalisatrice Tara Wood récidive avec QT8 qui, comme son nom l’indique, est consacré aux huit premiers films de Quentin Tarantino – et s’arrête donc juste avant Once upon a time… in Hollywood. Tarantino lui-même n’a pas participé à ce docu rétrospectif en son honneur, mais a donné sa bénédiction à Tara Wood, ce qui explique sans doute l’impressionnant aréopage de ses amis et collaborateurs qui défile ici : Samuel L. Jackson, Bruce Dern, Michael Madsen, Zoë Bell, Kurt Russell, Tim Roth, Jamie Foxx… Ils sont venus, ils sont (presque) tous là, même si quelques très gros poissons manquent à l’appel (Travolta, Thurman, Pitt, Keitel, entre autres). Ce all-star cast ne fait pas de QT8 un grand documentaire pour autant : pas folichon dans la forme (une enfilade d’extraits de films et de "têtes qui parlent"), trop hagiographique, trop court, le film survole la carrière de l’auteur de Pulp Fiction et n’apportera aucune information ou analyse décisive aux fans hardcore. Mais il procure quand même énormément de plaisir (les gens qui causent ici sont tous des entertainers de haut vol) et permet, au passage, de glaner quelques anecdotes de première main. Comme par exemple celles-ci :

Harvey Weinstein a inspiré le personnage de Kurt Russell dans Les Huit Salopards

On pensait que l’inspiration principale de Kurt Russell pour son interprétation du chasseur de primes John Ruth dans Les Huit Salopards était John Wayne – Russell fait une parodie savoureuse du "Duke" dans le film. Mais QT8 nous apprend que le salopard numéro 1 – qui, rappelons-le, passe une grande partie du film à tabasser cruellement Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh) – a été en partie modelé sur Harvey Weinstein, partenaire historique de Tarantino et distributeur du film. Ce à quoi Michael Madsen (qui, tout au long du documentaire, démontre qu’il ne porte vraiment pas Weinstein dans son cœur) rétorque : "Je pense que John Ruth est un gars bien plus sympa que Harvey Weinstein… Si Kurt Russell joue Harvey dans ce film, alors il joue le bon côté d’Harvey !"

Le meilleur film de Tarantino selon Samuel L. Jackson est Jackie Brown

Samuel L. Jackson est le recordman du nombre d’apparitions dans la filmo de Tarantino. C’est le seul acteur au monde dont on peut dire qu’il parle le "QT" couramment. Et son film de Tarantino préféré est donc Jackie Brown, dans lequel il incarnait génialement Ordell Robbie, trafiquant d’armes baratineur et amateur de bérets Kangol : "Les gens disaient : ce n’est pas Pulp Fiction. Non, en effet, ce n’est pas Pulp Fiction, c’est fucking Jackie Brown ! Le rythme est différent, les personnages sont différents… De tous ses films, c’est le meilleur à mes yeux. En raison de sa beauté cinématographique et de sa douceur…" Un homme de goût, ce Sam Jackson.

Top 20 des meilleurs personnages de Quentin Tarantino

Les acteurs de Reservoir Dogs portaient leurs propres fringues dans le film (et c’est pour ça que Steve Buscemi est en jean)

La parole à Michael Madsen : "Comme il n’y avait pas un gros budget costumes sur Reservoir Dogs, Quentin nous a dit de venir sur le plateau avec des costumes noirs. Des costumes noirs et des chemises blanches. Ils nous ont donné des cravates, mais c’est à peu près tout. Si tu regardes bien le film, tu vois que Steve Buscemi porte un jean noir ! Même pas un pantalon de costume, un jean noir. Et mon costard à moi ? La veste et le pantalon ne sont pas assortis. Ils viennent de deux costumes différents. Quand je revois le film, c’est le seul truc auquel je pense : mon pantalon était trop serré ! Et je n’avais pas de chaussures noires. Tout le monde devait porter des chaussures noires. Heureusement, j’avais des bottes de cow-boy noires…" Des bottes dans lesquelles son personnage planque le rasoir avec lequel il va découper l'oreille de ce malheureux flic... Le reste appartient à l'histoire. 

Il y avait du beau monde sur le yacht Carolco au Festival de Cannes 1992

Festival de Cannes 1992 : Quentin Tarantino débarque sur la Croisette en total inconnu. Une projection de minuit de Reservoir Dogs plus tard, ça y est, il est une star, courtisé par les journalistes du monde entier, interpellé par les quidams dans la rue. C’est alors qu’il reçoit un coup de fil de Mario Kassar, boss de la boîte de prod’ Carolco (responsable de quelques-uns des films les plus excitants des années 80-90), qui va lui faire comprendre qu’il vient clairement de changer de statut aux yeux de l’industrie. Tarantino est invité à boire un verre sur le bateau Carolco, qui mouille dans la baie de Cannes, en compagnie des invités de Kassar. La guest-list ? Oliver Stone, James Cameron, Renny Harlin, Paul Verhoeven. Soit un instantané fulgurant du cinéma US du début des années 90 – Stone vient de tourner Les Doors, Cameron Terminator 2, Harlin prépare Cliffhanger et Verhoeven fait grimper la température cannoise avec Basic Instinct. Tarantino déboule sur le yacht et impressionne l’auditoire avec son débit survitaminé et sa cinéphilie délirante. Le producteur exécutif de Reservoir Dogs, Richard Gladstein, raconte l’anecdote comme si Tarantino venait d’arriver en haut de l’Olympe. De pénétrer le saint des saints. Un peu comme Rick Dalton à la fin de Once upon a time … in Hollywood, oui.

Jamie Foxx aime bien se moquer (gentiment) de Spike Lee

Depuis Jackie Brown, Spike Lee reproche à Tarantino son usage immodéré du "n-word". Et le débat s’est encore envenimé au moment de la sortie de Django Unchained, dont les dialogues sont truffés du mot tabou. Ce qui fait manifestement beaucoup rire Django himself, Jamie Foxx, qui "respecte Spike Lee", mais s’amuse quand même à caricaturer celui-ci en pépé râleur, qui déteste qu’on marche sur ses plates-bandes. Jugez plutôt :


 

QT8 : Tarantino en huit films, de Tara Wood. Bande-annonce :