Hitman : Agent 47 est un remake de Terminator 2 écrit par Jean-Paul Sartre
20th Century Fox
Hitman est un traité philosophique
20th Century Fox
Katia van Connor...
20th Century Fox
... la condition humaine
20th Century Fox
T-47 contre T-Smith...
20th Century Fox
... l'existentialisme Vs l'essentialisme
20th Century Fox
"Nos actes définissent ce que nous sommes"
20th Century Fox
Vers le nihilisme
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Hitman : Agent 47 est un remake de Terminator 2 écrit par Jean-Paul Sartre
Hitman est un traité philosophique
Katia van Connor...
... la condition humaine
T-47 contre T-Smith...
... l'existentialisme Vs l'essentialisme
"Nos actes définissent ce que nous sommes"
Vers le nihilisme

Hitman : Agent 47 est un remake de Terminator 2 écrit par Jean-Paul Sartre

Hitman est un traité philosophique

Le principe de Hitman tient en une ligne : un tueur à gages redoutable enchaîne les missions. Pas de background, pas de caractérisation, juste un mec qui bute des gens à travers le monde. Quel que soit l'angle selon lequel on l'envisage, Agent 47 est un mauvais film d'action doublé de la pire tentative de relance d'une saga, et on inclut pourtant Les 4 fantastiques. Mais nous avons finalement trouvé la cause du malaise : Hitman n'est pas l'adaptation d'un jeu vidéo, mais un traité philosophique.

Attention, SPOILERS !

Katia van Connor...

Dans Agent 47, le héros doit protéger Katia van Dees, jeune femme recherchée par une organisation mystérieuse car elle est la clé permettant de reprendre la création de super tueurs génétiquement modifiés pour être les plus dangereux possible. Elle a peur, elle est perdue, elle n'a personne pour l'aider : sa situation est l'illustration même de la condition humaine décrite par Sartre : "l'Homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s'accrocher. Il ne se trouve d'abord pas d'excuses." Heureusement, Hitman est là.

... la condition humaine

Fatalement, sa relation avec Katia est très exactement celle de Terminator avec Sarah Connor (ainsi que John) : un tueur froid et implacable qui ne connaît pas les sentiments et s'humanise au contact d'une civile. Sauf que celle-ci a également été dotée de capacités particulières, et prend vite le pli : à l'instar du personnage de Linda Hamilton dans Le Jugement Dernier, elle s'avère être aussi un soldat hyper efficace qui finit par loger vaillamment des balles dans des têtes et des pieds dans des fesses. Son père, le généticien Litvenko (Ciaran Hinds) à l'origine du programme Hitman, finit par se sacrifier pour être sûr qu'aucune autre machine à tuer ne soit créée à cause de ses recherches. Vous l'aurez compris, le programme Hitman c'est Skynet, et ce personnage c'est Miles Dyson. D'ailleurs les deux se font exploser, c'est peut-être un détail pour vous mais pour nous ça veut dire beaucoup.

T-47 contre T-Smith...

Le principal adversaire de notre héros au crâne chauve c'est John Smith (on ne se moque pas), un autre Agent, génétiquement amélioré également. Sauf qu'il appartient à la nouvelle génération de prototypes. Plus rapide, plus fort et plus résistant, il ne craint même plus les lames ou les balles. Son opposition avec 47 renvoie directement à la dualité T-1000 vs T-800, où le robot incarné par Robert Patrick était présenté comme une version supérieure du modèle joué par Schwarzenegger. Et dans les deux cas s'installe le même schéma : celui qui est naturellement désavantagé finit par avoir le dessus sur un méchant pourtant insensible aux armes, coup de feu et autres chocs qui ne servent qu'à gagner du temps. Mais ce n'est pas tout : dans les deux cas, la clé de leur quasi-invulnérabilité est le métal liquide : le T-1000 est construit à partir de cette matière, tandis que Smith se l'est faite injecter pour avoir une protection sous-cutanée.

... l'existentialisme Vs l'essentialisme

Allons plus loin. Leur affrontement est aussi celui de deux courants de pensée. Smith représente ici l'essentialisme, philosophie qui remonte à Leibniz : « Dieu a déterminé l'essence de chaque homme et ensuite laissé agir librement en conformité avec les exigences de son essence ». Telle est la conviction de John, qui part donc du principe qu'étant une création plus performante par essence, il ne peut que vaincre 47. Or Litvenko, à l'origine de tout ce merdier, lui fait valoir que 47 le surpassera toujours car il utilise son esprit et son imagination pour s'adapter en toutes circonstances. Principe qui se vérifie dans le fight final et confirme la pensée existentialiste de Sartre : « l'homme est un être dont l'essence ne peut être affirmée, car cela entre en contradiction avec l'homme et son pouvoir de se transformer indéfiniment ».

"Nos actes définissent ce que nous sommes"

C'est Katia qui finit par convaincre Hitman de sa capacité à s'ffranchir de sa nature. Pour cela, pas de longs discours (le film dure 1h37, faut pas déconner), mais juste une formule répétée plusieurs fois : « nos actes définissent ce que nous sommes ». Bien qu'elle soit balancée ici et là comme un slogan de pub pour soda, elle n'en reste pas moins la traduction quasi-littérale d'une phrase de L'Existentialisme est un humanisme. Elle est reprise également par le papa généticien face aux méchants qui veulent sa formule secrète afin de créer de nouveaux agents, pour leur prouver qu'ils se trompent. C'est également après avoir accepté cette vérité que 47 sera capable de battre Smith, car elle renverse complètement son système de valeurs. Et parce que quelques milliers de volts dans la nuque valent mieux que 10 cours de philo, 47 ponctue sa démonstration par une exécution sommaire et barbare dont il a le secret. L';enfer, c'est les autres mecs avec des flingues.

Vers le nihilisme

La fin pousse le principe encore plus loin : un ultime plan nous montre Smith, transformé en albinos (curieux effet secondaire d'une électrocution, mais ce n'est pas le sujet), allongé sur le sol, en train de rouvrir les yeux. Il sera désormais le bad guy nommé Albino (on ne se moque pas), que le producteur Adrian Askarieh décrit ainsi : "Cest un anarchiste total, il n'obéit à personne". Logique : après avoir été forcé de reconnaître la défaite du système de pensée qui donnait un sens à sa vie, l'essentialiste se refuse à devenir existentialiste, car l'existentialisme est un humanisme et ce mec reste avant tout une sacrée petite ordure de la pire espèce. Sa solution : plonger dans le nihilisme le plus total. A suivre.

Révisons nos cours de philo devant TF1.

Agent 47 sera diffusé dimanche soir sur la première chaîne à 23h30. Attention, spoilers ! Mieux vaut lire cette analysé APRES avoir vu le film.

Après une mauvaise adaptation il y a 8 ans, Hitman revenait dans les salles à l'été 2015... et ne remplissait toujours pas sa mission. Sans doute parce que personne n’a compris de quoi il s’agissait : un remake de Terminator 2 passé par l’existentialisme, et non une adaptation de jeu vidéo. Mais si, puisqu'on vous le dit. 
Par Yérim Sar


Paul Walker devait jouer Hitman dans Agent 47