Nathanaël Karmitz
ABACA PRESS

"Je ne peux que me réjouir quand la plus grande plateforme mondiale décide de diffuser des films de patrimoine"

C’est une collaboration qu’on n’attendait pas. Le géant Netflix a signé un accord avec MK2 pour la diffusion de 50 films d’auteurs de son catalogue sur la plateforme de SVOD, parmi lesquels 12 films de François Truffaut mais aussi des classiques d’Alain Resnais, Jacques Demy, Michael Haneke ou encore Steve McQueen. Alors que quelques premières oeuvres ont débarqué ce vendredi 24 avril sur la plateforme, d’autres feront leur entrée plus tardivement, au cours de l’année. Depuis l’annonce surprenante de cette collaboration entre les deux groupes, internet s’affole. Qui a démarché qui ? Pourquoi Netflix voudrait-il mettre en ligne des oeuvres de patrimoine ? Y a-t-il, là-dessous, une volonté de voler au secours des indépendants de la part de Netflix ou bien une histoire de gros sous ? 

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Pour clarifier la situation, Nathanaël Karmitz, le président du directoire de MK2, s’est exprimé dans les colonnes du Monde. D’emblée, il explique que Netflix est à l’initiative de cette collaboration. "C’est eux qui sont venus vers nous, affirme-t-il. Et cela fait plusieurs mois déjà qu’on discute. Ce n’est pas un effet d’aubaine, lié au coronavirus. Les dates de mises en ligne étaient prévues avant le confinement. Ce n’est pas non plus, comme je l’ai lu à droite à gauche, Netflix qui vient au secours des indépendants. Ni un problème de trésorerie qui fait qu’on a vendu quoi que ce soit. Le fait est que la manière de communiquer de Netflix est impressionnante : un bout de papier qu’ils font fuiter dans Le Parisien, et cela fait la presse mondiale."

Les deux groupes sont connus pour leurs positions divergentes, notamment au sujet de la chronologie des médias. Alors que Netflix encourage les sorties des films directement en ligne, MK2, qui est également exploitant de salles, privilégie les sorties sur grand écran. À ce titre, Nathanaël Karmitz déclare être toujours "très critique" à l’égard du géant américain. "En tant qu’exploitant de salles, sur les grands débats qui, en général, agitent le Festival de Cannes, sur la chronologie des médias, quant à savoir si Netflix est du cinéma ou pas, mes réserves ne sont pas levées, concède-t-il.  En tant que défenseur d’une mémoire et diffuseur d’un patrimoine cinématographique mondial, en revanche, je ne peux que me réjouir quand la plus grande plate-forme mondiale décide de diffuser des films de patrimoine. C’est bon pour le cinéma, c’est bon pour les cinéphiles. Je pense que l’on fait tous partie d’un même écosystème : que l’on regarde un film dans une salle, à bord d’un avion, sur Netflix ou sur Canal, peu importe, tant qu’il est de qualité."

Le dirigeant est par ailleurs resté muet au sujet de la rémunération de Netflix, en évoquant toutefois "un prix normal de marché".

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