Soderbergh High Flying Bird
Netflix

Nouveau film tourné à l’iPhone 7 par Soderbergh, High Flying Bird divise la rédaction.

POUR

Steven Soderbergh a toujours affectionné les outsidersDe la déterminée Erin Brockovich à la troupe de braqueurs d’Ocean’s Eleven, le cinéaste a reconstruit le mythe de David contre Goliath à travers sa filmographie éclectique. Dans High Flying Bird (L’oiseau qui vole haut), le héros à la fronde n’est autre que Ray Burke (André Holland déjà brillant dans Moonlight), agent et mentor d’une star montante de la NBA. En vrai Rastignac, l’ambitieux représentant profite du "lock-out" (arrêt du championnat en raison de désaccords entre le syndicat des joueurs et les propriétaires d’équipes) pour faire de son poulain une sensation médiatique, hors du système en place. Une initiative qui n’est pas du goût du patron des Knicks de New-York, incarné par un Kyle Maclachlan savoureusement détestable. IPhone au poing, Soderbergh retranscrit avec minutie le monde impitoyable du sport de haut de niveau et les jeux de pouvoir qui l’animent. Cette dénonciation s’impose comme une alternative optimiste au Network : main basse sur la TV de Sidney Lumet. L’humain n’est pas ici broyé par le bulldozer capitaliste mais parvient, non pas sans peine, à le faire plier à sa volonté. On aurait pu penser que la spécificité du sujet rende High Flying Bird hermétique. Il n’en est rien. Entre mise en abîme sur le règne des nouveaux médias (Netflix, Hulu) et commentaire social pointu, Soderbergh propose une fable engagée sur la lutte de la population afro-américaine pour se réapproprier son image. Comme l’avait fait la blaxploitation pour le cinéma des années 70, les seconds rôles de la NBA se révoltent pour reconquérir leur dû. Privilégiant une réalisation épurée, le réalisateur de Sexe, mensonges et vidéo capture la vulnérabilité de ces combattants acharnés, fantassins d’une bataille encore loin d’être gagnée. Jean-Baptiste Tournié

 

CONTRE

Allo, il y a quelqu’un chez Netflix ? Les films produits ou achetés par le géant du streaming se suivent et se ressemblent : parfois marquants (Annihilation), occasionnellement intéressants (Beasts of no nation, OkjaThe Meyerowitz Stories), souvent ratés (Bright, Bird Box), ils témoignent d’une absence de vision de ce vrai-faux studio qui se contente de débaucher des noms à qui il donne les clés de la maison. Dernière “prise” en date : Steven Soderbergh. Pour son deuxième film tourné à l’iPhone 7 après Paranoïa, le réalisateur américain s’est fait produire par la plateforme pour livrer sa version basket du Stratège de Bennett Miller. Soit un thriller intello en vase clos mené par un esprit supérieur, décidé à révolutionner son sport. La comparaison s’arrête là. Là où Miller faisait preuve d’un minimum de pédagogie lors des tunnels de dialogues techniques, Soderbergh laisse le spectateur profane se débrouiller avec cette nébuleuse histoire de grève bilatérale des joueurs et des propriétaires d’équipes, entrecoupée de vrais témoignages de pros NBA (couche narrative de plus qui accentue le foutoir ambiant). L’excellent Andre Holland, qui joue son rôle d’agent manipulateur avec conviction, n’y est pour rien, le scénario est simplement incompréhensible de bout en bout et bien malin qui voit où Soderbergh veut en venir. On en veut pour preuve qu’il a fallu aller surfer sur internet pour comprendre l’origine d’un élément clé du scénario sur lequel repose l’édifice du film. Panier raté. Christophe Narbonne

High flying bird, disponible sur Netflix


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