Affiches sorties de films mercredi 22 juillet 2020
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Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

THE KING OF STATEN ISLAND ★★★★☆
De Judd Apatow

L’essentiel
Avec 40 ans, mode d’emploi et Crazy Amy, ses deux derniers films de réalisateur, Judd Apatow nous avait laissé sur notre faim.  Mais voilà qu’au moment où on change de décennie, il fait son grand retour. En apparence dans une continuité parfaite avec là où on l’avait laissé en 2015. Comme il l’a fait avec Amy Schumer dans Crazy Amy, il offre le premier rôle à une star du stand up passée par le petit écran, Pete Davidson  (Comedy Central pour la première, le Saturday Night Live pour le second) en lui confiant les clés du scénario. Et Davidson a choisi ici de jouer avec sa propre existence, à travers un vrai- faux biopic. Puisqu’il ne campe pas un comédien mais un tatoueur en quête donc d’un autre Graal que de monter sur scène : ouvrir un restaurant - salon de tatouage.

Co- auteur du scénario, Apatow y fait montre de son art de la vanne et de son génie des films de bande, intacts. Mais le curseur a bougé. La tendresse prend peu à peu ouvertement le pas sur l’humour. Il fend l’armure émotionnelle avec une sincérité désarmante. Mais une écriture toujours au cordeau

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIMÉ

MADRE ★★★☆☆
De Rodrigo Sorogoyen

En 2017, Rodrigo Sorogoyen tournait le court-métrage Madre : 17 minutes folles, d’une intensité hallucinante où une mère recevait le coup de fil de son petit garçon de six ans, parti en vacances avec son père en France. Un appel au secours. Car l’enfant se retrouvait seul sur la plage, son père ayant disparu de sa vue… Acclamé un peu partout dans le monde, ce Madre premier du nom constitue aujourd’hui la scène inaugurale de Madre, le long-métrage. Dont l’intrigue se déroule dix ans après cette intro fracassante. Elena, la mère du titre (extraordinaire Marta Nieto), n’a jamais retrouvé son enfant et vit désormais à Vieux-Boucau-les-Bains, où celui-ci a disparu. Un matin, elle croise un ado de seize ans, un Parisien en vacances, sur lequel elle va faire une étrange projection : et si c’était son fils, enfin de retour ?

Madre, on le comprend très vite, ne joue pourtant pas sur le suspense quant à l’identité du jeune homme. Rodrigo Sorogoyen et sa co-scénariste Isabel Pena traquent moins la résolution d’un mystère que quelque chose de plus trouble et indéfinissable, interrogeant la notion d’amour à travers le lien qui se noue entre la femme et l’adolescent, une romance « scandaleuse », antisociale, vampirique et cathartique, belle et bizarre. Et laissent le spectateur, yeux écarquillés, en apnée pendant 2h10.

Frédéric Foubert

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NE A JERUSALEM (ET TOUJOURS VIVANT) ★★★☆☆
De Yossi Atia

« S’il y a eu un attentat dans un bus, faisant 8 morts, vous pouvez aller boire une bière et donner rendez-vous votre amoureuse parce que c’était la routine pour Jérusalem. Si c’est un attentat dans un café faisant 15 morts, c’est plus rare, mais vous pouvez toujours aller boire une bière pour montrer qu’on est forts, mais pas faire de rendez-vous amoureux, parce que ce n’est pas romantique. » Voilà comment le protagoniste central de ce premier long métrage présente aux touristes la vie dans cette ville au début des années 2000. Ronan a une vingtaine d’années et son truc à lui c’est de faire une visite guidée de la principale artère de Jérusalem au fil des attentats suicides palestiniens survenus depuis la fin des années 1990. Loin d’être sordide, le « foot-trip » de Yossi Atia est une comédie noire sur une société qui tait ses traumatismes. Film sur la résilience, Né à Jérusalem dessine le portrait touchant d’un jeune homme d’aujourd’hui - il pourrait d’ailleurs être français- dont les souvenirs d’enfance et d’adolescence s’enchevêtrent avec des actes meurtriers. Son premier baiser a eu lieu à côté d’une plaque commémorative et lors de sa première expérience sexuelle, une bombe a explosé. Et il doit en plus se débattre, tout en maladresse touchante, avec un père qui l’appelle dès qu’il perd sa télécommande, un colocataire paresseux (qui fait penser à Rhys Ifans dans Coup de foudre à Notting Hill) et une amoureuse blessée. Et c’est toujours là où on s’y attend le moins que l’émotion surgit. Un coup d’essai façon coup de maître.

Sophie Benamon

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IP MAN 4 : LE DERNIER COMBAT ★★★☆☆
De Wilson Yip

Dédiés à la figure de Yip Man, le maître du wing chun et de Bruce Lee, les trois premiers Ip Man n’avaient pas connu l’honneur d’une sortie en salles sur notre sol (mais sont en revanche disponibles en vidéo). Affront réparé avec cet ultime opus dans lequel Ip Man (l’impavide Donnie Yen), atteint d’un cancer, décide d’inscrire son turbulent fils dans une école américaine. Où il va se heurter à la défiance de ses compatriotes et au racisme des Blancs envers la communauté chinoise... Et rien que pour les combats et la majesté de Donnie Yen, cet Ip Man 4 méritait bien le détour par la salle.

Christophe Narbonne

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LANDS OF MURDERS ★★★☆☆
De Christian Alvart

Même si son nom reste méconnu, le cinéaste allemand Christian Alvart n’est pas un bleu. Cet ancien critique de cinéma a notamment flirté avec l’industrie hollywoodienne. Il y a eu le drame s.f Pandorum en 2009 avec Ben Foster et Dennis Quaid, puis l’année d’après, l’horrifique Cas 39 avec Renée Zellweger et Bradley Cooper (sorti directement en video en France). Un bagage qui lui confère un certain savoir-faire que ce thriller poisseux situé dans une Allemagne tout juste réunifiée vient confirmer. Le récit repose sur une structure dramatique à priori schématique : deux flics que tout oppose - l’un formé façon Stasi, l’autre, plus moderne donc froid et méthodique - doivent faire équipe pour élucider le double meurtre d’adolescentes dans une province reculée de l’ex-Allemagne de l’Est. Il y a d’abord en surface un murder case qui va révéler une horrible filière de prostitution dans un pays à la bipolarité encore saillante qui exacerbe les dérives. Mais Alvart sait que les faits et gestes ne suffisent pas. Et c’est l’intériorité blessée de deux enquêteurs qui donne à ce film oppressant toute sa mesure. Le récit se place d’emblée du côté du flic moderne superbement incarné par Trystan Pütter (sorte de Tom Hardy teuton). L’acteur compose un personnage tourmenté et mystérieux. En face, son parfait contretype (Felix Kramer) bloc massif de violence brut paraît plus lisible et paradoxalement rassurant. Cette dualité qui finit par se fondre presque totalement contamine tout le film. Une réussite.


Thomas Baurez

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

LES GRANDS VOISINS, LA CITE RÊVEE ★★☆☆☆

De Bastien Simon

En 2015, suite à la fermeture de l’Hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris, l’AP-HP et la Mairie de Paris décident de créer provisoirement un lieu de solidarité. Des hébergements d’urgence ainsi que des structures liées à l’économie sociale, viennent s’installer. Bastien Simon a suivi pendant deux ans l’évolution de cette cité utopique. Il s’attache à certains de ses occupants, en situation de précarité ou d’addiction, heureux d’avoir trouvé là une oasis de repos et l’occasion de repartir de l’avant. Il est dommage qu’il n’ait pas approché plus d’ « hébergés », notamment des femmes, qui sont un peu les absentes de ce documentaire. Et si la séquence politique avec Nicolas Hulot n’a guère d’intérêt, les discussions entre les membres de l’équipe de direction se révèlent, elles, particulièrement intéressantes car elles permettent de comprendre les difficultés d’une telle structure

Sophie Benamon

 

TIEMPO DESPUES ★★☆☆☆
De José Luis Cuerda

En l'an 9177, la civilisation se résume à un gigantesque immeuble kafkaïen planté au milieu du désert où règne un libéralisme absurde sous la houlette d'un roi fantoche et priapique. Un peu plus loin, les chômeurs sont entassés dans un campement. Tout va changer quand un chômeur décide de vendre de la limonade, provoquant la fin de son statut et l'ébranlement du système... L'ultime film de José Luis Cuerda, vétéran du cinéma ibérique (et producteur des trois premiers films d'Amenábar) disparu en février dernier, n'est pas vraiment de la science-fiction dans ce qu'elle a de visionnaire, de visuel ou même d'imaginatif. C'est une farce pas vraiment subtile qui caricature lourdement l'Espagne contemporaine à l'aide de curés flingueurs (avec un caméo d'Antonio de la Torre), de gardes civils hispano-écossais, de coiffeurs poètes, d'hommes-volants... Bref, de toute une galerie de personnages qu'on croirait surgis d'un magazine de bandes dessinées des années 70. Ce qui situe un peu l'âge ressenti de Tiempo Después.

Sylvestre Picard
 

Et aussi

Adorables, de Solange Cicurel

Le Dernier prisonnier, de Bujar Alimani

 

Reprises
Les Fleurs de Shangaï, de Hou Hsiao- Hsien

High hopes, de Mike Leigh

Le Jardin des Finzi- Contini, de Vittorio de Sica