Section spéciale de Costa- Gavras
PRODUCTION / REGGANE FILMS / GORIZ FILMS/ PATHE

Le film de Costa- Gavras, sorti en 1975, est à l’honneur ce soir de Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard sur France 5.

Un projet qui remplace Monsieur Klein

Sorti en 1975, Section spéciale raconte la création en 1941 par le gouvernement de Vichy d’une Cour spéciale chargée de juger les résistants ou présumés résistants, en dehors donc des tribunaux habituels, à la suite de l’assassinat d’un officier allemand par un militant communiste. Dans la filmographie de Costa- Gavras, il fait suite à Etat de siège dans lequel il dénonçait le rôle de la CIA dans la torture généralisée qui était la marque de fabrique de nombre de dictatures sud- américaines. Mais avant de retrouver Jorge Semprún, son co- scénariste de Z et de L’Aveu pour cette  L’affaire de la Section Spéciale de Hervé Villeré, Costa- Gavras avait pour projet un autre film se déroulant au cœur de la seconde guerre mondiale. Il en avait co- écrit le scénario avec Franco Solinas (nommé à l’Oscar du scénario pour La Bataille d’Alger) et fait appel pour Jean- Paul Belmondo pour incarner le rôle- titre avant qu’une blessure de ce dernier et surtout des conflits entre producteurs ne le fasse renoncer à ce film que reprendra Alain Delon comme producteur et acteur principal qui en confiera la réalisation à Joseph Losey. Pour travailler sur Section spéciale, Costa- Gavras cherchera en vain, dans le but d’obtenir un film aussi proche que possible de la réalité, d’avoir accès aux archives de la Justice française de cette époque, alors que son homologue allemande lui a ouvert grandes ses portes. Présenté à Cannes en 1975, Section spéciale recevra le prix de la mise en scène décerné par le jury présidé par Jeanne Moreau. Et il sera nommé l’année suivante au Golden Globe du film étranger

Le choix de ne pas montrer Pétain

Section spéciale est centré autour de Pierre Pucheu, le ministre de l’Intérieur du gouvernement de Vichy à l’origine de la création de ce Tribunal d’exception mais Costa- Gavras a fait le choix de ne jamais faire apparaître à l’écran Pétain, dont on entend juste la voix confiée à un imitateur et dont on aperçoit juste les mains. Parce qu’il pensait une telle entreprise (travail de maquillage, incarnation…) vouée par principe à l’échec car incapable d’atteindre la véracité qu’il ambitionnait pour ce film. Mais aussi car il voulait montrer son peu d’investissement direct dans cette entreprise où il demande à tout son gouvernement de laisser agir Pécheu.

Costa- Gavras et la seconde guerre mondiale

La seconde guerre mondiale est un thème qui a nourri à trois reprises le cinéma de Costa- Gavras. Avant Section spéciale, son Un homme de trop, en 1967, suivait un groupe de maquisards chargés de libérer des condamnés à mort des mains des Allemands. Et en 1989, son Music box, écrit par Joe Eszterhas (le scénariste de Flashdance et Basic instinct) mettra en scène une Américaine (Jessica Lange) découvrant sur le tard le passé de nazi de son père, avec un Ours d’Or à la clé.