Yesterday
Capture d'écran

Une fantaisie romantique attachante, souvent très drôle, mais pas aussi étourdissante que ne le laissait espérer son pitch fou.

Danny Boyle refuse de vieillir. Il a passé la soixantaine, mais ne comptez pas sur lui pour tourner son Douleur et Gloire. Le seul indice de l’âge du capitaine, c’est sa tendance récente à regarder dans le rétro et à réfléchir à la grande histoire de la pop culture britannique. Après la mise en scène de la cérémonie d’ouverture des JO de Londres, il a revisité son Trainspotting façon Retour vers le futur 2 (T2 Trainspotting) et, il y a quelques mois encore, il était sur le point de s’attaquer à James Bond... Le 007 de Boyle ne se fera finalement pas mais, aujourd’hui, on peut se consoler avec son ode aux Beatles. Yesterday est un mausolée à la gloire de John, Paul, George et Ringo. Mais il est conçu par Boyle et le roi de la romcom Richard Curtis : le genre de monument qu’on visite à cent à l’heure, en rigolant, comme Anna Karina et ses copains traversent le Louvre dans Bande à part. Le pitch est celui d’une uchronie « à la Jean-Philippe » (comme on dit au pays de Johnny), confirmant, après Il était temps, le goût de Curtis pour la SF de proximité : après un black-out inexpliqué, Jack, un chanteur sans succès, se réveille dans un monde où les Beatles n’ont jamais existé et où il est le seul à connaître leurs chansons... Ce qui va donner un sérieux coup de fouet à sa carrière.

SAVOIR-FAIRE
Le film est conçu comme un immense jeu de piste à l’intérieur du catalogue et de la mythologie des Beatles. On le regarde en fan fébrile, en se demandant quel sera le prochain tube à retentir dans la bande-son, quelle forme prendra le clin d’oeil à Sgt. Pepper, etc. Boyle la joue profil bas, calme ses ardeurs de styliste survitaminé, et laisse le champ libre au savoir-faire de Curtis, qui entremêle satire de l’industrie musicale et comédie romantique délicieuse. Un savoir-faire parfois trop mécanique : après une montée en puissance franchement euphorisante, le film déçoit dans son dernier tiers, qui enchaîne les passages obligés du genre sans véritable conviction. On ressort du film heureux, mais en se disant que le vrai grand film sur l’impact des Beatles sur nos vies reste à faire. Peut-être qu’au fond de lui, Danny Boyle préfère les Rolling Stones...

Yesterday, en salles le 3 juillet 2019.