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L’adaptation est si fidèle que même les dessins du roman de Patrick Ness sont réutilisés à l’écran par Juan Antonio Bayona.

Les films ne sont jamais à la hauteur des romans qui les inspirent ? Quelques minutes après minuit est l’une des exceptions à la règle. C’est d’autant plus impressionnant que le livre pour adolescents de Patrick Ness publié en 2011 sous le titre A Monster Calls, en VO, est une réussite. Sa version ciné, filmée par Juan Antonio Bayona (L’Orphelinat, The Impossible…), est une adaptation parfaitement fidèle de cet excellent roman. Et pour cause : c’est l’auteur lui-même qui s’est chargé d’en écrire le scénario. Tous les éléments importants de l’histoire sont présents. Mieux : s’il ne retire rien de l’intrigue littéraire, le film apporte quelques pistes de réflexion supplémentaires.

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Synopsis de Quelques Minutes après Minuit : Un garçon de 13 ans multiplie les cauchemars. Depuis que sa mère est malade, toutes les nuits à 00h07, il est harcelé par un monstre. Un être gigantesque qui l'observe de sa fenêtre. Mais ce qui terrifie vraiment le jeune homme, c'est de penser au cancer qui ronge sa mère, à son père qui est devenu un étranger ou aux élèves qui le tourmentent à l'école, jour après jour...

Bande-annonce :


Un ouvrage poignant sur le deuil
En 2012, Gallimard Jeunesse édite Quelques Minutes après minuit, quelques mois après son succès en Angleterre. Patrick Ness explique dans sa préface avoir repris le projet d’une autre auteure, Siobban Dowd, qui avait commencé à écrire cette histoire d’arbre géant aidant un jeune ado à faire le deuil de sa maman tombée gravement malade, avant de mourir elle-même d’un cancer du sein, en 2007, à l’âge de 47 ans. Les thèmes du roman étaient chers à l’écrivain britannique et Patrick Ness a utilisé ses notes pour raconter le parcours de Conor : "J’avais -et j’ai encore- l’impression d’avoir reçu le témoin dans une course de relais, comme si un écrivain remarquable m’avait donné son histoire et dit : 'Vas-y, prends-là et cours. Secoue le monde.' Alors c’est ce que j’ai voulu faire".

Pour l’aider à secouer le monde, il a fait appel à un dessinateur reconnu, Jim Kay (qui a depuis dessiné la nouvelle édition de Harry Potter). Ses croquis au fusain, qu’ils soient dans la marge ou prennent une pleine page, donnent le ton du livre : simplement en feuilletant Quelques minutes après minuit, le lecteur plonge dans une ambiance très sombre, peuplée de personnages aux corps noirs et aux yeux blancs. Parmi eux, un arbre gigantesque aux branches interminables revient souvent et pour cause : il est au cœur de l’histoire, se chargeant de narrer des contes au jeune héros. Des histoires pour enfants ? Pas vraiment : Conor se retrouve un peu perdu face à ses récits qui n’ont pas vraiment de gentil, ni de méchant. Il ne comprend pas leur morale, s’interroge sur leur sens profond… et le lecteur avec lui, jusqu’à ce que, l’intrigue avançant, ces contes gothiques l’aident à reprendre en mains sa propre vie.

Liam Neeson lit le premier chapitre d’A Monster Calls :


Un film tout aussi fort… qui ouvre de nouvelles pistes
Transposée à l’écran par Juan Antonio Bayona, l’histoire prend forme à l’aide d’effets numériques impressionnants : à chaque fois que l’arbre entre en scène pour s’adresser à Conor avec la voix grave de Liam Neeson, les murs tremblent. Mais comme avec The Impossible, le réalisateur parvient à émouvoir en revenant sans cesse au point de vue du petit héros et de ses rapports conflictuels avec sa famille : sa mère malade (Felicity Jones), sa grand-mère sévère qu’il déteste (Sigourney Weaver) et son père absent (Toby Kebbel). Le fond du livre est respecté à la lettre, des passages entiers étant même repris au mot près : les contes de l’arbre, évidemment -qui sont d’ailleurs illustrés en animation, un peu à la manière de ceux de Harry Potter et les Reliques de la Mort- mais aussi les dialogues entre Conor et sa grand-mère ("Nous avons quelque-chose en commun", par exemple) et la toute fin du livre sont transposés littéralement à l’écran, avec la même force émotionnelle.

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L’arbre géant d’A Monster Calls se dévoile enfin

Les dessins du roman sont également réutilisés de manière intelligente dans le film, à travers le personnage principal, qui affronte ses cauchemars et ses peurs en les dessinant. Ce n’est pas un détail, mais bien un élément crucial dans la construction de Conor, accentué par le fait que son talent pour le dessin de lie à sa mère. C’est elle qui lui apprend à "donner de la vie" à ses croquis, notamment en réussissant à faire briller les yeux de ses personnages. Toute cette thématique est originale par rapport au livre. Elle est développée petit à petit, et elle apporte même au final un nouveau sens à l’intrigue globale -impossible d'en dire plus sans spoiler, et ce serait dommage de gâcher le spectacle, tant le film est riche, et la comparaison avec le livre captivante.

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Groot a-t-il inspiré l’arbre géant de Quelques minutes après minuit ?

Quelques minutes… est donc une adaptation particulièrement réussie, qui sera suivie d’autres transpositions d’écrits de Patrick Ness, notamment sa trilogie Le Chaos en marche, qui devrait être portée par Daisy Ridley, la révélation de Star Wars 7.

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