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Ce qu’il faut voir ou pas cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

TRAQUE À BOSTON ★★★★☆
De Peter Berg

L’essentiel
Un thriller urbain efficace où la question du terrorisme est traitée « à l’américaine ».

Un film d’action comme celui-là, réalisé trois ans après l’attentat du marathon de Boston, doit témoigner d’une grande transparence dans ses intentions. Son titre VO, Patriots Day, ne saurait être plus clair : à travers la question du terrorisme intérieur s’exprime d’abord la volonté de réaffirmer l’essence même de l’Amérique en tant que corps unifié, constitué autour d’un drapeau, de valeurs souveraines, et de la nécessité vitale de faire front pour résister aux agressions extérieures.
Benjamin Rozovas

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PREMIÈRE A AIMÉ

KONG : SKULL ISLAND ★★★★☆
De Jordan Vogt-Roberts

Il suffit parfois d'un léger changement de contexte pour rafraîchir un concept que l'on croyait complètement périmé. En l'occurrence, le mythique King Kong était habitué aux années 30, date de sa création, et ne s'était risqué à la modernisation qu'en 1976 (avec le reboot de John Guillermin starring Jessica Lange). En accomplissant son fantasme de remake de Kong, Peter Jackson avait respectueusement situé son film dans les années 30. Mais les têtes pensantes du studio Legendary, en imaginant une franchise à la Marvel intégrant Kong à l'univers esquissé par le Godzilla de Gareth Edwards, sentaient bien qu'ils ne pouvaient pas appliquer au roi des singes le même traitement qu'au gros lézard radioactif. Il fallait un changement de contexte, un peu à la façon des Elseworlds de chez DC Comics qui imaginaient Batman en cow-boy ou Superman élevé en URSS. Place, donc, à King Kong version 1973.
Benoît Saumois

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LA CONFESSION ★★★★☆
De Nicolas Boukhrief

Au fond, que reste-t-il de Léon Morin, prêtre ? À part Belmondo, curé allumeur et sexy, qui excite ses paroissiennes et décide de s’attaquer à la très réticente et froide Emmanuelle Riva ? À part l’iconoclasme goguenard de Jean-Pierre Melville ? Pas grand-chose. Boukhrief, lui, choisit de s’attacher moins au prêtre qu’à Barny, femme forte et libre qui vacille et chez qui tout se mélange : désir et religion, trouille et audace…
Gaël Golhen

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TERRE DE ROSES ★★★★☆
De Zaynê Akyol

Au Kurdistan, les Peshmergas luttent contre l'hégémonie de l’État Islamique sur le territoire kurde. Dans Terres des roses, Zaynê Akyol suit plus particulièrement, à l'aide d'une réalisation très immersive, un bataillon de combattants composé entièrement de femmes. À côté du démontage de kalachnikovs et des exercices paramilitaires, le documentaire nous restitue une ambiance étonnamment lyrique où elles continuent à parfaire leur savoir-faire en cuisine, à soigner leur apparence en se coiffant chaque matin et à profiter de leur temps libre pour s'adonner au chant et à la danse. Puis, c'est au front qu'on les retrouve, armées jusqu'au dent, maniant aussi bien le lance-roquette que le sniper en passant par la mitraillette lourde. Face à la monstruosité de Daech et en combattant sous la même bannière, il n'y a plus de distinction entre elles et les hommes. En plus d'un combat idéologique pour la liberté, cette lutte leur permet de s'émanciper de leur condition au sein d'une société patriarcale et d’obtenir une forme d'égalité sociale. Cela ne va pas sans le sacrifice d'une vie, la mort étant parfois la seule porte de sortie.
François Rieux


PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

PARIS PIEDS NUS ★★★☆☆
De Dominique Abel et Fiona Gordon

Le belge Dominique Abel et la canadienne Fiona Gordon se sont unis pour le meilleur et pour le rire au début des années 80, créant des spectacles où l’absurde le dispute à la poésie. Ils passent au cinéma en 2006 avec L’iceberg qui reprend ces motifs avec un style aussi dépouillé que graphique qui rappelle Tati et Etaix.
Christophe Narbonne

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LES FIGURES DE L’OMBRE ★★★☆☆
De Theodore Melfi

Nous sommes en 1961 et Katherine, Mary et Dorothy sont "calculatrices" (on est avant les ordinateurs) pour la NASA. Visage du progrès et de l’Amérique moderne, l’agence spatiale parque pourtant les femmes noires dans une aile qui leur est réservée et sous-exploite ce qu’elle ne sait pas encore reconnaître comme des grands esprits. Ces trois femmes hors du commun vont pourtant parvenir, chacune dans leur domaine, à faire valoir leurs précieuses compétences et à s’imposer dans ce monde dominé par des hommes blancs.
Vanina Arrighi de Casanova

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MONSIEUR & MADAME ADELMAN ★★★☆☆
De Nicolas Bedos

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Nicolas Bedos refuse l’idée du brouillon, de l’exercice de style, du petit objet fragile qui s’excuse d’exister, et opte au contraire d’emblée pour l’idée du film-monde, de l’œuvre-somme. Monsieur & Madame Adelman est un trip à la Amélie Poulain où son auteur compile tout ce qu’il aime : la littérature, la mystique germanopratine, les femmes, lui-même, Woody Allen, les intellos qui s’engueulaient en fumant chez Michel Polac, tout ce décorum seventies dans lequel il a grandi. C’est un film looké “Schnock” (en référence à la revue “pour les vieux de 27 à 87 ans” qui réfléchit à la culture pop de l’ère pompidolo-mitterrandienne), une sorte de gigantesque boîte à fantasmes Trente Glorieuses. Une fresque-joujou où Bedos se fait plaisir en traversant les époques et s’imaginant un alter-ego à sa démesure mégalo (un écrivain génial et tyrannique), augmentée d’une love-story au long cours et d’une réflexion sur le thème de l’imposture intellectuelle. Une odyssée mi-Philip Roth mi-Claude Lelouch, filmée par un fan de Boogie Nights et d’Annie Hall. Tout ça, bien sûr, fait beaucoup pour un seul film : d’abord très séduisant grâce à son sens affûté de la vignette rétro et de la blague vacharde, Monsieur & Madame Adelman finit dévoré par sa propre ambition (la durée excessive, les ruptures de ton trop démonstratives, la grandiloquence) et donne parfois l’impression que Bedos et sa complice Dora Tillier nous ont convié à les regarder se préparer pour leur propre fête costumée (le film suit ses personnages sur cinquante ans et finit par ressembler à un festival un peu épuisant de perruques et de postiches). Ils s’amusent beaucoup – nous un peu moins. Le degré d’intérêt que vous pourrez avoir pour ce film hâbleur et sûr de lui dépendra en fait beaucoup de l’affection que vous avez, ou non, pour Bedos lui-même. Le film est tour à tour aussi attachant, brillant, irritant et épuisant que lui.
Frédéric Foubert

CITOYEN D’HONNEUR ★★★☆☆
De Mariano Cohn et Gaston Duprat

Frais lauréat du Prix Nobel, l’écrivain argentin Daniel Mantovani accepte de revenir dans sa petite ville natale qui veut le faire citoyen d’honneur. Problème : installé en Europe depuis plus de trente ans, misanthrope fini, il est totalement déconnecté du monde. Les habitants de Salas vont se charger de le faire descendre de son piédestal… Mariano Cohn et Gaston Duprat prennent un malin plaisir à faire vivre les pires tourments (blessures d’orgueil, imbroglios amoureux…) à leur héros, malmené par ses anciennes connaissances dont il a fait les protagonistes anonymes de son œuvre littéraire. Le film, qui interroge la notion de liberté artistique et de droit à la tranquillité (même si cela peut passer pour de l’arrogance), est intéressant quand il reste dans les clous du portrait existentiel. Il l’est un peu moins quand il fraye avec la farce au trait parfois grossier. L’énigmatique épilogue lui donne néanmoins un autre relief, qui remet ce qu’on vient de voir en perspective.
Christophe Narbonne

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

MISS SLOANE ★★☆☆☆
De John Madden

A quoi reconnaît-on un “George Clooney movie” ? Ça se passe souvent à Washington, dans un monde de lobbyistes cyniques, de journalistes fouineurs et de politiciens véreux. Les personnages conversent dans de grands bureaux vitrés surplombant la ville, dans des diners mondains où l’on sirote du bourbon, à l’occasion dans un parking souterrain. L’intrigue et l’atmosphère s’inspirent plus ou moins lointainement des Hommes du Président, et baigne dans un climat d’angoisse chic et bleutée, quelque part entre Soderbergh et la série House of Cards. C’est agréable à regarder, même quand le tout paraît cousu de fil blanc. Consciencieusement, presque scolairement, Miss Sloane, le dernier film de John Madden (qu’on jurerait réaliser par Tony Gilroy ou Stephen Gaghan), coche méticuleusement toutes les cases du “George Clooney movie”. Seule différence, et de taille : le rôle de George Clooney est ici tenu par Jessica Chastain. C’est bien, ça change. L’actrice est d’ailleurs absolument renversante en lobbyiste intraitable et badass montée sur escarpins. Suffisamment spectaculaire pour nous faire régulièrement oublier qu’on est train de regarder un lointain rip-off de Michael Clayton.
Frédéric Foubert

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

DE PLUS BELLE ★☆☆☆☆
D’Anne-Gaëlle Daval

Difficile de résumer tout ce qui ne va pas dans De plus belle : Florence Foresti hyper hésitante en surivante d'un cancer qui réapprivoise son corps tout en gérant sa mère un brin psycho et sa fille ado, Nicole Garcia en perruquière/prof de strip qui double toutes ses répliques en anglais et en français (extrait du dialogue : « let's go girls ! On y va les filles ! »), Kassovitz en biker tatoué macho qui collectionne les objets de télé-achat... On arrête là l'énumération, mais cet échantillon suffit à montrer que De plus belle souffre d'une surcharge d'écriture forcée qui le cloue au sol en permanence. Seul s'échappe Jonathan Cohen, impeccable de justesse en frangin gynéco cynique et compréhensif. C'est très peu.
Sylvestre Picard

Et aussi

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Reprises

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