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Découvrez les principales influences de Pascal Rabaté pour sa comédie burlesque Ni à vendre ni à louerComédie surprise de ce début d'été, Ni à vendre, ni à louer est une galerie de personnages atypiques; un tableau plein de couleurs et de poésie sans parole. Pascal Rabaté réussit l'exploit de ranimer le slapstick avec une verve (si si) surprenante et un peu anar. De Tati à Roy Andersson, retour sur les quatres influences majeures de cet OFNI à ne pas rater.Roy AnderssonC'est la référence principale de Pascal Rabaté. Cinéaste suédois génial et méconnu, Roy Andersson refuse la narration traditionnelle et la dramaturgie conventionnelle pour signer des films en forme de successions de scènes déconcertantes, filmées en grand angle et en plan séquence, dans des tonalités monochromes souvent verdâtres. Le résultat est drôle, grinçant, onirique, atypique... et ressemble furieusement à notre triste condition humaine. Son chef d'oeuvre, Chanson du deuxième étage, a beaucoup de parenté avec Ni à vendre ni à louer, notamment cette radicalité et ce côté anar cher à Rabaté Jacques TatiLes petits tableaux muets convoquent forcément le spectre de Jacques Tati, génie du burlesque. Et ce n'est pas que un hasard si Ni à vendre ni à louer a été filmé au Croisic, à quelques plages de l'endroit où fut filmé Les Vacances de M. Hulot. L'économie (de sons, de scènes), le quotidien vu à hauteur d'homme et les plans absolus censés mettre à nu les méfaits de la modernité... tout cela rappelle effectivement l'univers de Tati. Pourtant, il y a un peu plus de tendresse chez Rabaté (l'humour est moins sec que chez le grand Jacques) et surtout tout est moins lisse, moins contrôlé laissant passer un peu plus de vie (chez Rabaté, le sexe a sa place par exemple). Et si encore plus que Tati que Rabaté cite souvent comme modèle, Ni à vendre ni à louer lorgnait davantage vers Pierre EtaixJacques DemyPour les couleurs évidemment : Ni à vendre ni à louer est un film pastel, où toutes les couleurs ont un sens et une fonction, comme chez Demy qui ne faisait pas les choses à moitié. Pour le souffle aussi, marin, iodé, atlantique. Pour les contes que Rabaté comme Demy s'ingénie à démonter (il y a du 3 petits cochons et du Chat botté si on y regarde de plus près). Mais il n'y a pas que la palette, les histoires et la géographie. Il y a surtout le vertige (de l’amour) qui nous fait sauter d’un manège à l’autre, d'un plan à l'autre, le manège de Rabaté, nous faisant forcément tourner la tête. Et s'il n'y a pas de chansons dans Ni à vendre ni à louer, le nouveau Rabaté est un beau film sur l'amour (contrarié, vécu, interdit) et fonctionne comme une ritournelle qui rappelle les plus beaux longs du grand Jacques (encore).