Kidnapping - Charlotte Rampling
Arte

Kidnapping arrive ce jeudi sur Arte. Nous avions rencontré son actrice principale, Charlotte Rampling, qui pour la première fois de sa (longue) carrière joue un flic, lors d’une séance de doublage.

Ce jeudi, Arte commence la diffusion de la série Kidnapping (déjà visionnable en intégralité sur le site de la chaine). Création de Torleif Hoppe, co-créateur de The Killing, Kidnapping est un polar nordique classique en 8 épisodes qui raconte comment la vie de Rolf Larsen (Anders W. Berthelse), un enquêteur de la police de Copenhague, bascule lors de la disparition de sa fille. Cinq ans après, la révélation d’une erreur dans le fichier ADN de la police danoise fait brusquement émerger une nouvelle piste : sa fille pourrait encore être en vie. Son enquête l’emmène vite vers une piste européenne ce qui va l’obliger à collaborer avec une policière venue de France (Charlotte Rampling).

Première : Pourquoi avez-vous accepté ce projet ?

Charlotte Rampling : Je n’avais pas fait de série depuis Broadchurch et l’idée de participer à une série danoise me plaisait. Après, j’ai lu le scénario et j’ai trouvé le personnage assez amusant, même si la série n’est pas particulièrement comique. En plus, une série c’est long à lire, il faut être concentré. Et comme j’ai lu d’une traite, en un dimanche, les huit épisodes, je me suis dit que c’était un bon signe. D’ailleurs, je l’ai même relu et je me suis décidée.

J’avais donc fait une série anglaise : Brodchurch, une série américaine, Dexter, et je me suis dit : "bon, maintenant je vais faire une série danoise". Peut-être que ma prochaine série sera française ! Bien que je joue ici un flic français…

En plus c’est vraiment le projet d’un auteur [Torleif Hoppe]. C’est le créateur qui a tout écrit. Il a écrit seul les 8 épisodes. Et ça j’aime beaucoup. C’était pareil avec Broadchurch, même s’il y avait moins d’épisodes. Parce que dans les séries, les réalisateurs changent et, généralement, il y a même  plusieurs scénaristes. Là, c’était différent. Et aussi, j’aimais bien le personnage. Dans les séries, c’est surtout le comédien qui est en charge de son personnage. Les réalisateurs changent et donc généralement ils donnent surtout des directions… Un bon personnage, c’est important dans les séries.

Et du coup, qu’est-ce qui vous a plus dans ce personnage ?

Je ne sais pas vraiment. Elle est originale, c’est quelqu’un qui m’a plu et je ne peux pas vraiment vous dire pourquoi car elle n’a pas vraiment de caractéristiques. Elle n’est pas du type "héroïne de série", c’est une personne qui est juste intrigante… En fait, c’est quelqu’un que je ne voulais pas voir joué par quelqu’un d’autre ! C’est un personnage qui est aussi très près de moi et j’ai mis beaucoup de moi en elle. Et l’autre raison, c’est que je n’avais jamais joué de policier. Je n’avais jamais été flic, vous vous rendez compte !

C’est une série tournée en anglais, pourquoi avez-vous décidé de vous doubler vous-même pour la version française ?

Parce que je parle français, je vis en France, et une grande partie de mon travail c’est ma voix et je ne voulais pas que quelqu’un s’accapare mon travail.

Ce n’est pas trop douloureux de se revoir comme ça et de devoir retravailler sur ce qu’on a déjà fait ?

Dans tout métier qui est de l’ordre de la créativité, la notion de douleur n’existe pas. On fait, c’est tout. C’est un travail : il y a beaucoup de technique. Et sur un tournage, moi je suis plus dans l’idée de ce qui est fait est fait. Qu’on ne revient pas en arrière. C’est pour ça que d’après moi, le théâtre est un bon entrainement pour les acteurs. On le fait une fois et c’est tout. C’est comme la vie. On ne vit qu’une fois !

Effectivement oui, se doubler, ça peut être douloureux, mais pas plus qu’un athlète qui s’entraine, en fait. Et puis maintenant, le métier a un peu changé : on peut très vite voir ce que l’on vient de tourner - les jeunes acteurs font ça souvent - pour essayer de "s’améliorer". Les réalisateurs, en général, n’apprécient pas trop…

N’est-ce pas un peu perturbant d’être dirigée pendant votre doublage par un autre metteur en scène et non celui du tournage ?

Moi j’ai besoin de ce nouveau metteur en scène. La langue française n’est pas ma langue maternelle. J’ai donc besoin de quelqu’un qui me dise si l’intention française que je joue est bonne. Je pense bien parler le français, mais je le parle à ma manière. Les Français parlent beaucoup plus vite que les Anglais, je trouve. Alors, on essaye d’enlever des mots, souvent. L’articulation est beaucoup plus importante pour un Français. Pour toutes ces raisons, j’ai vraiment besoin d’un guide. 

En général, vous préférez la post synchro [ré-enregistrer un dialogue en studio] ou vous doubler de l’anglais en français ?

Le doublage, je préfère, car c’est plus franc : on refait. On part du ton de la voix originale certes, mais après, on interprète. Il y a toujours du jeu, de l’émotion.  Et c’est une démarche nouvelle. Jamais je ne me remets dans le souvenir de la scène quand je me double. Je me base juste sur l’image. C’est technique.