No man's Land
Arte / Sife Elamine

Ce thriller d’espionnage, qui questionne la mécanique de l’embrigadement, est à voir sur Arte.tv, après sa présentation au Festival de la Fiction.

Même si elle a pour théâtre les affrontements entre l’État Islamique et les soldates kurdes en Syrie, No Man's Land n'est pas la série dossier que l'on pouvait attendre, après des tentatives ciné telles Les Filles du soleil ou Sœurs d'armes. Davantage thriller d'espionnage aux multiples élans romanesques, sa visée est ailleurs, son intérêt aussi. Au diapason des ambitions d'Arte en matière de coproductions internationales, la série (franco-israëlienne, tournée avec une équipe provenant d'une quinzaine de pays), prend la forme d'un récit choral, enchevêtrement d'itinéraires inégaux, qui s'ouvre sur le refus d'Antoine (Félix Moati) d'accepter la perte de sa sœur (Mélanie Thierry), laissée pour morte en Égypte.

Convaincu qu'elle est toujours en vie, il va tenter de retrouver sa trace au Proche-Orient où se mêleront les intrigues d'un bataillon de femmes guerrières et d'un groupe de Britanniques qui ont rejoint Daech. Des luttes armées qui nourrissent les appétits des services de renseignements, venant ajouter à No Man's Land une strate - la plus réussie - d'espionnage, avec parano et faux-semblants : un univers bien connu de Maria Feldman et Amit Cohen (False Flag) à l'origine de la série. Persuasive par sa narration éclatée, No Man's Land trouve sa cohérence en questionnant par petites touches l'engrenage de l'embrigadement et les conséquences de l'engagement, selon l'endroit où l'on se place. Partout, la photo, blafarde, saisit les ténèbres dans lesquelles se débattent les protagonistes, hantés par mille formes de solitude.

No Man’s Land, à voir en intégralité sur Arte.tv du 18 septembre 2020 au 29 mai 2021.