the handmaid's tale 3
hulu

C'est avec bonheur qu'on retrouve l'une des séries les plus fortes de la décennie, toujours aussi sublime visuellement, mais à la narration quelque peu fatiguée...

Il faut bien l'avouer, la saison 2 de The Handmaid's Tale avait déjà paru beaucoup plus fastidieuse à suivre que la première. Certes, le drama dystopique de Hulu (diffusé en France sur OCS) demeure d'une puissance rare sur le petit écran. Il n'empêche, on craignait un peu de voir notre magnifique Servante écarlate s'épuiser dans une boucle mortifère sans fin. Attention spoilers !


Après qu'elle a décidé de rester à Gilead, pour Hannah, laissant son bébé prendre la fuite avec Emily au Canada, June est repartie de plus bel chez les Waterford, Aïe... The Handmaid's Tale est-elle en train de faire du surplace ? La série va-t-elle réussir à faire passer un cap à sa narration, sans perdre son âme ?

Le défi est énorme, pour le showrunner Bruce Miller, et on peut d'abord se réjouir car l'entrée en matière de cette saison 3 (en trois épisodes) donne des raisons d'espérer. Si l'on n'a pas encore retrouvé les sommets d'émotion de la première saison, le drama semble reprendre ses esprits et repartir de l'avant, lançant la résistance, la révolte, la rébellion autour du réseau souterrain des "Marthas". La partition de Serena, tiraillée entre sa propre conscience et les siens (sa mère fait une entrée fracassante), est particulièrement bien écrite. Tout comme l'arrivée d'Emily en terre Canadienne, qui retrouve péniblement la liberté, à travers quelques scènes vraiment bouleversantes.

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Et puis visuellement, The Handmaid’s Tale n'a jamais été aussi saisissante. Certains plans en clair obscur jouent de manière extraordinaire avec la lumière et la réalisation compose par moment de véritables tableaux à couper le souffle. La beauté glaçante de Gilead nous saute aux yeux grâce à une scénographie, des costumes, et tellement de petits éléments qui guident notre regard, plus encore que les scripts eux-mêmes.

Car il faut bien le dire, le scénario n'est pas toujours particulièrement haletant. Parce que l'intrigue évolue vraiment lentement. Parce que le visage grimaçant d'Elizabeth Moss tombe parfois dans l'auto-caricature misérabiliste. Et parce que le fond a aussi perdu quelque peu sa pertinence. Si l'on respecte et admire toujours The Handmlaid's Tale pour ce qu'elle dénonce, pour ce qu'elle est, la pensée politique et sociale qui contribuait grandement à l'aura de la série semble être aujourd'hui quelque peu enlisée. Elle qui semblait autrefois avoir beaucoup à dire ne participe plus au débat au même niveau. Il n'y a guère que l'ambiguïté morale de l'insondable Commander Lawrence (Bradley Whitford), aux convictions douteuses et insaisissables, qui continuent de nous titiller le cerveau.

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Pour le reste, The Handmaid’s Tale semble avoir épuisé le discours profond de Margaret Atwood. Heureusement, la série contient encore suffisamment de messages pour rester convaincante, même s’il devient de plus en plus difficile d’ignorer ce tic-tac qui plane au-dessus du récit. La narration va devoir prendre un nouveau virage, et vite, car la saison 3 ne pourra pas tenir 13 épisodes à ce rythme-là.