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Lord of War : qui est Viktor Bout, le (vrai) trafiquant qui a inspiré Yuri Orlov ?

A la fois glaçant et fascinant, Yuri Orlov est un anti-héros magistral dans Lord of War, le film d'Andrew Niccol, qui sera diffusé ce soir sur Arte. Un personnage complexe, incarné avec brio par Nicolas Cage et tiré de plusieurs véritables trafiquants d'armes.Pour concevoir son Lord of War, le cinéaste s'est inspiré de trois hommes différents : Sarkis Soghanalian, un truand libano-arménien. Oleg Orlov, un businessman ukrénien accusé d'avoir vendu des missiles à l'Iran. Et surtout Viktor Bout, le plus célèbre de tous et dont la vie ressemble fortement à celle de Yuri Orlov...Cet ancien officier de l'armée russe n'a que 24 ans, lorsqu'il se lance dans l'entreprise la plus folle de sa vie... Nous sommes en 1991 et le mur de Berlin vient de tomber. Plusieurs bases soviétiques se retrouvent totalement livrées à elles-même. Bout saute sur l'occasion et comme son alter-ego dans Lord of War, il va racheter des millions d'armes diverses et variées à bas prix, pour les revendre illégalement aux seigneurs de Guerre du monde entier.Dans le film d'Andrew Niccol, Yuri Orlov passe beaucoup de temps sur le continent africain notamment, pour revendre sa marchandise aux dictateurs et autres rebelles. Au début des années 1990, Viktor Bout a fait la même chose. Il est accusé d'avoir tenu un rôle majeur dans les guerres en Sierra Leone, Liberia, République démocratique du Congo, Angola et au Soudan. Andrew Niccol a même révélé, quelques temps après le tournage, avoir carrément loué le véritable avion-cargo de Victor Bout, pour la fameuse scène du désossage de l'appareil : "Impossible autrement de trouver un Antonov en Afrique", expliquait-il.Comme le personnage de Nicolas Cage dans le film, le trafiquant se voit plus comme un businessman efficace, que comme un truand. Ainsi, en 1993, il est même engagé par l'ONU, grâce à ses énormes capacités logistiques, pour transporter des hommes et du matériel en Somalie. La France fera aussi appel à lui en 1994 pour son opération Turquoise au Rwanda.A la fin des années 1990, Viktor Bout est au sommet de sa gloire et échappe à deux tentatives d’assassinat. Interpol s'intéresse de plus en plus à ses affaires, notamment la Belgique qui l'accuse d'avoir blanchi plus de 300 millions de dollars. Suite à l'émission d'un mandat d'arrêt international en 2001, Bout prend la fuite et se cache à Moscou. Il sera arrêté 7 ans plus tard, en mars 2008 à Bangkok, en Thaïlande, par des agents américains se faisant passer pour des représentants des FARC, les Forces armées révolutionnaires de Colombie, à qui le trafiquant aurait essayé de vendre des missiles sol-air...Extradé vers les Etats-Unis fin 2010 (malgré les plaintes de la Russie), Viktor Bout est condamné en 2012 à Manhattan à 25 ans de prison et à une amende de 15 millions de dollars. Il purge actuellement sa peine. Arte diffusera, juste après Lord of War, un grand documentaire qui retrace ce parcours hors du commun.