Seul au monde : Wilson, l'histoire d'un ballon devenu culte
IUP

Le ballon de plage et confident de Tom Hanks est devenu un monument de la pop culture grâce au succès du film de Robert Zemeckis rediffusé ce soir.

Si Tom Hanks peut s'enorgueillir d'une des filmographies les plus riches du cinéma américain contemporain, il n'en demeure pas moins que Chuck Noland fait encore aujourd'hui partie de ses rôles les plus célèbres. Non seulement de par la transformation physique impressionnante que le rôle exigea de l'acteur doublement oscarisé, mais aussi pour l'humanité du personnage filmé par Robert Zemeckis dans Seul au monde, diffusé ce dimanche soir en deuxième partie de soirée sur France 2 (après Inferno, de Ron Howard). Un rôle à l'image de la carrière de Tom Hanks, mais aussi un rôle qui n'aurait pas eu le même impact sans son ami et confident Wilson, sans conteste le ballon de volley le plus célèbre du septième art, et autre véritable star du film.

L'histoire du ballon de volley-ball est avant tout celle d'un homme : William Broyles Jr., le scénariste du film. Dans un souci d'authenticité le plus poussé du film (le même qui a poussé la production du film à s'interrompre pendant près d'un an pour permettre à Tom Hanks de perdre près de vingt-cinq kilos et se laisser pousser la barbe), Broyles, nommé à l'Oscar du meilleur scénario adapté en 1993 pour Apollo 13, s'est en effet lui-même poussé à s'isoler sur une île pendant près d'une semaine dans le Golfe de Californie.

Aidé dans sa démarche par des spécialistes de la survie en milieu hostile, Broyles passera une semaine à apprendre à vivre dans des conditions d'isolement total pour aller à l'encontre de toute idée préconçue possible. Au cours de sa "retraite" passée à chasser des raies au harpon et à se nourrir de noix de coco crues à l'image de Chuck Noland, le scénariste reçoit un jour une visite inattendue. Il retrouve en effet un ballon de volley échoué sur la plage et décide de le garder avec lui et de l'appeler Wilson, du nom de la marque qui fabrique l'essentiel de la production.

Cette coïncidence résonnera comme une révélation pour Broyles, qui imagine immédiatement les ressources immenses du "personnage". Dans un portrait que lui a consacré l'Austin Chronicle en décembre 2000, il expliquait ainsi la raison d'être de Wilson : "[Noland] est quelqu'un dont les connexions émotionnelles n'ont jamais été aussi profondes, simples et honnêtes qu'elles n'auraient pu l'être. Il apprend à communiquer et à nouer un attachement profond non pas envers un être humain, mais un ballon de volley. Et d'une certaine manière à sa propre projection".

Broyles décide dès lors de construire trait par trait le personnage de Wilson, notamment en lui donnant un embryon de visage humain, mais aussi en lui écrivant des dialogues, ceux-là même qui résonneraient dans la tête de Noland lors de ses "discussions". Un effort qui participe de la volonté de dénuement progressif du film une fois sur l'île, que ce soit dans les dialogues réduits à leur état minimal, à l'absence de tout contrechamp sur le reste du monde "civilisé" ou dans la bande-son composée par Alan Silvestri.

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Pas étonnant dans ces conditions que le personnage de Wilson soit une des clés du succès du film là où il n'aurait pu être qu'un simple gimmick absurde. Lorsque le film de Robert Zemeckis sort en salles pour les fêtes de Noël 2000 (en janvier 2001 en France), il rencontre tout de suite un énorme succès avec près de 430 millions de dollars de recettes et attire 1,7 millions de spectateurs en salles dans l'Hexagone. Le premier volet de Madagascar, dont une scène complète se déroule sur une plage déserte, ne manque pas l'occasion de faire un clin d'oeil sous la forme d'un ballon de basket nommé Spalding (du nom de la marque officielle des ballons de la NBA).

Wilson, lui, devient un véritable objet de culte pop. Les éditions spéciales de ballons de volleyball à son effigie se vendent comme des petits pains et au fil des années, les parodies en tous genres n'ont cessé de se multiplier. Outre l'hommage réglementaire rendu par Les Griffin ou par la série Robot Chicken, on le retrouve également à l'honneur lors de la cérémonie des MTV Movie Awards en 2001 dans une parodie du film dans lequel s'incruste le comédien Andy Dick. Et lorsque Wilson se retrouve invité au Saturday Night Live, c'est pour être doublé par Will Ferrell et se faire interviewer par Tina Fey !

Tom Hanks non plus ne manque pas de jouer la carte nostalgique de temps à autres, comme lorsqu'il se lança dans son fameux pari de rejouer toute sa filmographie en six minutes chez l'animateur James Corden. Il y a quelques mois, des spectateurs facétieux ont également eu l'idée d'organiser des retrouvailles impromptues en lui envoyant dans les tribunes d'un match de hockey un ballon à l'effigie de Wilson. Preuve s'il en est qu'en dépit d'un filmographie de rôles iconiques longue comme le bras, Chuck Noland et son ami ont encore une place à part dans l'esprit des fans.

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Et le véritable Wilson d'ailleurs, qu'est-il devenu depuis le succès du film ? En janvier 2001, quelques semaines après la sortie du film, la production mit en vente un des trois exemplaires utilisés pendant le tournage, qui se vendit au final pour la somme de 18.400 dollars. Son nouveau propriétaire n'était autre que Ken May, patron historique entre 1982 et 2008 de... FedEx. Ça ne s'invente pas.

L'histoire de Seul au monde : Chuck Noland, gestionnaire au service d'un transporteur international ne vit que par son travail. Il doit constamment améliorer les performances de son entreprise. Il ne voit que quelques jours par an sa compagne Kelly, qu'il rêve d'épouser un jour. Lors d'un de ses déplacements, Chuck est victime d'un crash. Son avion coule en plein Pacifique. Agrippé à un radeau de sauvetage, Chuck s'échoue sur un îlot désert. Seul au monde, privé de tous ses repères habituels, le naufragé doit apprendre les gestes élémentaires pour sa survie.