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En 2004, Wolfgang Petersen s’attaque à un géant : l’adaptation cinématographique de l’Iliade, d’Homère. A l’affiche: Brad Pitt et Diane Kruger. Un peplum démesuré, à l’image des galères qui ponctuent sa réalisation ! Troie sera diffusé ce soir à 20h50 sur HD1.

"Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes !" C’est avec la célèbre citation de Churchill que Wolfgang Petersen reçoit les nouvelles recrues sur son plateau. Ambiance… Si le réalisateur allemand, adepte de l’humour à froid, plaisante, il sait qu’il n’emmène pas ses troupes pour une promenade de santé. Car il lui faut filmer une des plus célèbres épopées de la littérature : le mythique siège de Troie par les Spartiates, venus délivrer leur reine, Hélène.Le tournage débute le 22 avril 2003 par les scènes d’intérieur, réalisées dans les immenses studios londoniens de Shepperton. Quarante ans plus tôt, ces décors avaient accueilli Cléopâtre, avec Liz Taylor. Alors qu’il enregistre une délicate scène d’amour entre Orlando Bloom (Pâris) et Hélène de Sparte (Diane Kruger), le cinéaste apprend qu’il ne pourra pas tourner les séquences de combat au Maroc. A l’heure de la guerre en Irak, les assureurs de la Warner, se méfient d’éventuels ennuis avec des intégristes sur le terrain. "Les ennuis commencent", soupire Petersen.Finalement, les affrontements au glaive et au javelot auront lieu dans la forteresse de Ricasoli, à Malte, où une légion d’artisans locaux vont reconstituer la ville de Troie. Le réalisateur respire : il va pouvoir filmer le fameux duel entre Achille (Brad Pitt) et Hector (l’acteur australien Eric Bana). Une séquence stratégique: Brad Pitt, qui s’entraîne depuis six mois avec un coach, exhibe un corps impeccablement musclé et huilé, qui affole les maquilleuses. Et refuse d’être doublé pour cet affrontement. Mauvaise idée : à cause d’une cascade mal réglée par les armuriers, l’acteur se blesse méchamment au tendon… d’Achille !Les 2 000 figurants se retrouvent au chômage technique pour trois longs mois, le temps que le comédien cicatrise. Les ennuis arrivant rarement seuls, la radio maltaise relate l’incident sur ses ondes et 200 paparazzis font bientôt le siège du décor, où l’acteur doit se déplacer sous un grand parapluie pour éviter les photos volées. Quelques semaines plus tard, toute la production de ce péplum au budget de 150 millions d’euros débarque sur le littoral mexicain, idéal pour les plans de batailles navales entre Troyens et Grecs. Seul hic, en août, le mercure dépasse les 50 degrés au soleil. "Je commençais à fatiguer sous cette chaleur étouffante, raconte Diane Kruger. Sous leurs uniformes en plastique, les figurants tombaient comme des mouches."Les journées de tournage débutent donc à 5 heures du matin, quand la température est encore supportable. Et les galères s’enchaînent : à deux reprises, des ouragans d’une rare violence, venus du désert, détruisent l’intégralité des décors, qui sont reconstruits dans la foulée. Exténués, les techniciens doivent ensuite travailler pour les écologistes du cru, qui exigent que la production replante chaque cactus déplacé, tout en veillant à ne pas déranger une espèce de tortue protégée vivant à proximité ! Quant à Brad Pitt, qui se plaint d’une douleur fulgurante au pied, il doit à nouveau être plâtré en urgence. Bref, du sang, de la sueur et des larmes… Jean-Baptiste DrouetTroie sera diffusé ce soir à 20h50 sur HD1.