Toutes les critiques de Camille Claudel, 1915

Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    Bruno Dumont s'interroge sur l'enfermement avec ce film centré sur le séjour « chez les fous » de la sculptrice Camille Claudel, placée à la demande de sa famille et transférée dans le sud de la France en pleine Première Guerre mondiale. En collant le plus possible à la réalité clinique – les malades mentaux sont tous de véritables patients –, Dumont fait cependant moins oeuvre de fiction que de documentaire, offrant au passage une expérience unique à Juliette Binoche. Avec son visage saisi d’effroi et de compassion, c’est elle le vrai sujet d’un film... hors sujet.

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    On laissera le soin au spectateur d'apprécier la grande beauté plastique et morale de ce film, et de méditer à son invitation sur le fait que l'art véritable ne peut-être que sacrifié à l'intérêt de la société. A ce degrés de puissance de justesse et d'amertume, on ne voit guère dans le cinéma français que le Van Gogh de Maurice Pialat à quoi ce film puisse être comparé.

  2. Les Cahiers du cinéma
    par Stéphane Delorme

    Toute la force tranquille de "Camille Claudel 1915", qui renvoie la grande majorité du cinéma français à de lasimple illustration, est de croire en la magie du champ-contrechamp.

  3. Marianne
    par Danièle Heymann

    Consumée, exsangue, absente d'elle-même, toute sa rage et sa désespérance réfugiées dans son regard, Juliette Binoche est extraordinaire.

  4. Elle
    par Anne Diatkine

    Quel que soit ce qu’il filme, une main, une montagne, un arbre, Bruno Dumont lui donne une intensité. Si bien que, quand il choisit de raconter trois jours de la vie d’une femme qui attend, cela nous comble et constitue un film d'’action, sans doute plus vif que la plupart des thrillers.

  5. Le Canard Enchainé
    par La rédaction du canard enchaîné

    Ce film contemple la raison perdue. Il frissonne de silences, de beauté, résonne des soupirs du cloître. Fiévreuse, affamée, Juliette Binoche s'est composée un visage de glaise qui façonne sa beauté en un masque tragique.

  6. Nouvel Obs
    par Sophie Grassin

    Camille Claudel, en résistance contre son bagne et les cris des (véritables) malades qui l’entourent, vit tout ce qui lui est imposé comme une humiliation. Si elle est folle, c’est de la privation d’exercer son art : claustrée, elle ne sculptera pas. S’il y a un fou (de Dieu) ici, c’est Paul Claudel, son frère. Le film retrace les trois jours qui précèdent sa visite. Magistral, Dumont le montre écrivant dans sa chambre, torse nu. Ecrivain nombriliste, lien de famille hypocrite, arborant sa sainteté et ses muscles. Tiraillée entre l’orgueil et la mystique, Camille veut le silence. Entre rire aux larmes, prostration et illumination, sans maquillage et émaciée, Juliette Binoche se situe bien au-delà du jeu. Elle est.

  7. 20 Minutes
    par Caroline Vié

    Patients et infirmières apportent leur naturel à un tableau d'une splendeur époustouflante. L'impression d'impuissance que ressent l'héroïne nous envahit progressivement, tandis que la détresse apparaît dans les yeux d'une actrice (Juliette Binoche) à son meilleur.

  8. Le Figaro
    par La Rédaction du Figaro

    Un film accompli qui doit évidemment beaucoup à l'interprétation magistrale de Juliette Binoche.

  9. Les Inrocks
    par J.B. Morain

    Sans effet de manches, avec humilité, Dumont réalise son film le plus bouleversant, le plus en empathie avec ses personnages. Et nous touche au plus profond de notre être.

  10. La Croix
    par Jean-Claude Raspiengeas

    Le scénario et les dialogues de Bruno Dumont viennent directement du journal de Camille Claudel, de sa correspondance, de son dossier médical et des œuvres de Paul Claudel. Au romantisme échevelé du Camille Claudel de Bruno Nuytten (1988), avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu (en Rodin), Bruno Dumont oppose le scalpel de son style épuré, plans secs, sans lyrisme, au cœur de la crudité, de la cruauté et de la nudité d’une humanité souffrante, sans doute la plus proche de Dieu.

  11. Libération
    par Gérard Lefort

    Dans «Camille Claudel 1915», Bruno Dumont chronique trois jours de la vie de la sculptrice internée dans un asile. Une mise à nu portée par une Juliette Binoche impressionniste.

  12. Pariscope
    par Arno Gaillard

    Bruno Dumont continue son chemin avec un cinéma qui avant tout filme la misérable destinée de l’humanité. Avec cette Camille seule et abandonnée au milieu d’aliénés et totalement amputée de sa création - un magnifique plan nous montre une de ses mains modelant quelques grammes de terre -, le cinéaste aux racines philosophiques poursuit son oeuvre essentielle et exigeante.

  13. Le Parisien
    par Pierre Vavasseur

    Bruno Dumont, chantre d’un cinéma radical où les corps disent autant que les mots, donne à Juliette Binoche une occasion magnifique de redéchirer l’écran. Brut et Beau.

  14. StudioCiné Live
    par Christophe Chadefaud

    Avec l'apparition de Paul Claudel, Bruno Dumont fait tomber le diagnostic de Camille avec une froideur de guillotine. Heureusement, il faudrait bien davantage que cette dernière demi-heure de bigoterie stérile et de sanction d'un autre âge pour effacer la puissance d'interprétation de Juliette Binoche, déchirée, et le regard d'humanité que Bruno Dumont pose sur elle. Le spectateur sera leur dernier refuge.

  15. Critikat.com
    par Julien Marsa

    Le film tient donc volontairement le spectateur à distance, et se veut très largement austère, vécu comme une épreuve, un chemin de croix avec Camille Claudel. C’est une proposition de cinéma radicale, qui marque par la cohérence de son entreprise, en même temps qu’elle attise la volonté de révolte du spectateur contre le film lui-même, et que Dumont, en cinéaste malin, appelle de ses propres vœux. On pourra tout de même souligner une grosse réserve, mise en exergue par le dénouement du film.

  16. Evene
    par Jean-Christophe Ferrari

    l’utilisation de malades mentaux dans les rôles secondaires met mal à l’aise. Non pas en raison du trouble que le spectacle de la souffrance psychique non feinte ne peut manquer de provoquer. Mais à cause du sentiment, assez pénible, qu’on instrumentalise la détresse afin que le spectacle soit plus puissant. Une réussite toutefois : le personnage de Paul Claudel, ivre de sa propre spiritualité, transi par une miséricorde qui ressemble tant à de la cruauté, remarquablement interprété par Jean-Luc Vincent. Dans l’ensemble pourtant, la grâce, cette fois, n’a pas touché le cinéma de Bruno Dumont.

  17. Le JDD
    par Stéphanie Belpêche

    Juliette Binoche est saisissante de justesse : entre force et vulnérabilité, mise à nu, l’actrice transmet la détresse absolue de Camille, sa souffrance et sa solitude. Entre silences et plans fixes, baigné dans une lumière sublime, le quotidien, cru, insupportable, se répète jusqu’à provoquer le sentiment d’oppression partagé par la victime.

  18. So Film
    par Raphael Clairefond

    Dans la première scène du film, Camille Claudel est sale, et les nonnes la déshabillent pour la plonger dans un bain qui semble glacé. C'est exactement l'impression qu'on éprouve face au film. Avec Dumont, on va au cinéma comme on va à la messe et on en ressort toujours un peu refroidis.

  19. Version Femina
    par Anne Michelet

    Le réalisateur poursuit son exploration de la condition humaine avec cette tragédie en s’attardant sur des êtres torturés. Visage émacié, regard vide, Juliette Binoche, magistrale dans un jeu tout en intériorité, est bouleversante.

  20. A nous Paris
    par Fabien Menguy

    Se basant sur la correspondance entre Paul et Camille, il pousse Juliette Binoche dans des retranchements finalement attendus et fait jouer de vrais malades mentaux, livrant au final un film très épuré, plus dérangeant que vraiment passionnant.

  21. Télérama
    par Pierre Murat

    Enfermée dans un centre pour malades mentaux, Camille Claudel attend la visite de son frère, Paul. Peut-être la fera-t-il libérer... Film conceptuel réalisé par un cinéaste exigeant. Juliette Binoche se prête vaillamment à l'expérience...