Toutes les critiques de Fragile(S)

Les critiques de Première

  1. Première
    par Claire Fortier-Durand

    Quel personnage est le plus fragile de tous ? En suivant un pharmacien, une jeune héroïnomane, un flic, une jeune fille paumée, un réalisateur, une mamie mal dans sa peau, on perçoit quelques moments, on partage des bouts de vie. Et ça marche puisqu’on regarde ce film choral entre rires et larmes. Mais au bout d’un certain temps, on regrette que le réalisateur n’aille pas plus loin dans le scénario, ne travaille pas plus ses personnages, mais les laisse suivre leur bout de chemin, tous seuls. Il manque donc quelque chose à ce film pour qu’il entre dans la cour des grands.

Les critiques de la Presse

  1. Pariscope
    par Arno Gaillard

    Des destins s’entrecroisent, des solitudes se rencontrent et les jeux du hasard et de la vie bousculent, bouleversent plusieurs destinées. Voilà sur nos écrans de cinéma ces « Fragile(s) ». Mais qui sont-ils, qui sont-elles tous et toutes? Ces fragile(s) qui nous touchent tant, en voici quelques-uns : Yves déjà, (Jean-Pierre Darroussin) pharmacien solitaire qui rencontre Nina (Marie Gillain) une autre solitude. Puis Paul (François Berléand) un cinéaste qui a du mal à croire en son dernier film qui est un échec, et à se « vendre » dans un festival. Belles et drôles séquences avec François Berléand dans son hôtel, « Lost in translation » à Lisbonne, en tous cas un superbe numéro d’acteur. (…) Ce film « choral », nous dit que nous avons bien le droit de lâcher parfois ce terrible navire lié au « marché » et à la compétition, pour vivre pleinement ces moments rares, terriblement humains que sont les tempêtes de nos vies et que nous devons coûte que coûte parfois traverser.

  2. Télérama
    par Juliette Bénabent

    Un film choral de plus, se dit-on d’abord, où chaque figure finit par croiser les autres à la faveur d’astuces scénaristiques : rien de bien neuf, des personnages déjà vus bien qu’impeccablement interprétés (notamment Berléand en loser gro­gnon et dépressif), des couples artificiellement bricolés (Jacques Gamblin-Caroline Cellier). La cause semble entendue quand, miracle, le film s’anime.A mesure qu’ils livrent leurs secrets, les personnages du pharmacien à la blessure secrète (Darroussin) et de la jeune mère héroïnomane (touchante Marie Gillain) prennent corps au cours d’un tête-à-tête nocturne, et leur improbable tandem fait enfin surgir un peu de grâce et d’émotion dans ce film impressionniste. Dommage que ce soit dans la dernière demi-heure.

  3. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    Le malheur est que le succès de ce dernier [Short Cuts de Robert Altman] engendra une kyrielle d'avatars plus insipides les uns que les autres, dont la vogue n'est hélas pas éteinte. Fragile(s) en est, cette semaine, le désespérant exemple, dont le choral mérite tout au plus une pieuse sourdine.

  4. Fluctuat

    Un film chorale à la française qui ne pêche ni par manque ni par excès. Bien calé au juste milieu de son sujet, Fragile(s) trouve la bonne foulée, le ton qu'il faut, et touche souvent. Un très beau film, somme toute solide comme rarement.
    - Exprimez-vous sur le forum Fragile(s)Des femmes, des hommes, brusqués par le destin. Sara (Sara Martins) embarquée par sa copine Isa en week-end à Lisbonne. Paul (François Berléand), là pour un festival même si son dernier film a fait un bide, promenant sa langueur de vivre et un envahissant sac poubelle ô combien symbolique. Yves entouré de vide jusqu'à ce qu'un grand chien jaune ne s'impose à lui. Nina, musicienne cocaïnée et mère indigne repentante, qui s'impose également. Vince (Jacques Gamblin), exemplaire pour sa femme dans le coma, et qui croise Hélène, la femme de Paul, nouvelle grand-mère mal assumée. Ils sont six. Six solitudes parmi la foule, qui vont se croisent, s'accrocher...Simplement beaux. Les personnages de Martin Valente ploient sans rompre, épousent les courbes du temps, s'offrent aux rafales de vent. A l'écran leurs blessures s'exhibent sans impudeur, justes failles d'humains dans la norme, c'est-à-dire en ballotage permanent. Intelligent, le réalisateur compose son drame avec une étonnante légèreté, parvenant à faire en sorte que ces fragilités catapultées à l'écran, finement sculptées, esquivent le piège de la déprime programmée. Magistral, il livre au passage un splendide exemplaire de ce que l'on baptise souvent trop hâtivement Comédie Dramatique.Resserré sur l'humainConstellé de perles d'humour (vive François Berléand !) dont l'irrésistible pétillance déplombe les séquences plus graves, Fragile(s) jongle ainsi à merveille entre le terrestre et l'aérien. Le film parle de l'existence en explorant ses facettes essentielles, glissant de l'une à l'autre afin qu'elles se répondent en écho. La mort la vie, l'amour le manque, la séparation la rencontre, la fin le renouveau... Chaque thème puise sa force dans son pendant, chaque solitude s'amalgame avec une autre. Résultat : lorsqu'un équilibre s'esquisse, il est magnifique car vif autant que précaire.Elan cohérent côté caméra. Gourmande en cadrages serrés, la mise en scène colle au sujet, au sens propre comme au figuré. Elle met l'humain au coeur du plan, capte l'intention à la source. Servi par un casting quasi irréprochable, Valente pouvait se permettre l'exercice difficile de nourrir l'image des subtilités de ses comédiens. Bien au rendez-vous, tous livrent le meilleur d'eux-mêmes, avec une petite réserve pour Elodie Yung, alias Isa, qui force un brin le trait - peut-être parce que son personnage est le moins bien ciselé.Chorale et B.O.Evoquant une ellipse, rond et fluide, le scénario évolue puis se boucle sans effort. A sa place, il joue sans erreur la carte du film chorale, construit et stabilise chaque personnage, ne laisse aucun prendre la place de l'autre. Simples et bien écrits, les dialogues sonnent comme dans la vie ce qui est appréciable. Mieux encore, un bonus : tout ancré dans une réalité où chacun peut se retrouver, Fragile(s) parvient à s'échapper pour quelques moments de grâce. Plus besoin de mots alors, c'est la musique qui porte les images. Emporté loin, on se laisse aller volontiers à ces instants de contemplation bien dosée, forts en B.O. et riches en émotions, parfaitement amenés. Une bien belle manière d'élever la réflexion sur cette vie de fous qui aime nous malmener. Fragile(s)
    De Martin Valente
    Avec Jean-Pierre Darroussin, François Berléand, Jacques Gamblin, Marie Gillain
    Sortie en salles le 20 juin 2007Illus. © Bac Films
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