Toutes les critiques de Frida

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Avec huit nominations aux Oscars, dont celle de la meilleure actrice pour Salma Hayek, un Golden Globe, un prix à Venise, et d'autres récompenses internationales, le film nous arrive précédé d'une aura positive. Mérite-t-il autant d'attention ?
    Portrait d'une grande artiste du XXème siècle, Frida met en scène Salma Hayek dans le rôle de la grande peintre Mexicaine Frida Calho. Le trouble commence dès cette annonce. Les deux femmes se ressemblent tellement qu'elles se confondent. Une fois la surprise passée on se surprend à admirer, non le savoir-faire de la comédienne, mais celui de la maquilleuse. On se souvient alors de Will Smith, métamorphosé en Muhammed Ali dans le film éponyme et on se dit que loin d'être une performance, il y aurait là quelque chose d'un énorme savoir-faire hollywoodien.Ceci passé, le scénario laisse également sur sa faim. A chaque instant du film, toujours ce sentiment qu'il y aurait plus à dire et à montrer de Frida qu'une compilation hagiographique. On apprécie que de l'artiste handicapée on nous montre d'abord son adolescence, vive et enjouée, toujours courant, amoureuse et heureuse. Gravement blessée, immobilisée, la jeune fille provocante et vive ne change pas pour autant. Elle restera entière et énergique jusqu'à la fin de sa vie, affirmant sa vision du monde. Elle tombe amoureuse de son mentor, fait un peu la révolution, peint, rêve, souffre un peu. Voilà la vie d'une légende.Trop rapidement éludée la question du corps de Frida, cruciale chez cette peintre, est à peine évoquée. Cette souffrance à la source de tant de tableaux est bien trop factuelle pour correspondre à l'état d'esprit des toiles nées de ce désespoir. Transformée en parfaite femme la peintre au grand coeur fait la cuisine, aide sa famille, pardonne à son mari et le film prend très vite des allures de chromos naïfs et déjà vu. La souffrance est toujours amenée de manière éculée et pathétique. Aussi le film paraît-il souvent artificiel, comme si on avait voulu filmer des faits pour les faire rentrer dans les cases d'une réalité au détriment d'une pensée et de sentiments.Frida