Toutes les critiques de Greta

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sophie Benamon

    Neil Jordan fait partie des cinéastes majeurs qui ont « esthétisé » le thriller dans les années 90. Avec The Crying Game ou Entretien avec un vampire, le réalisateur irlandais a marqué le cinéma mondial. Il se fait plus rare depuis quelques années, victime, comme tant d’autres, du tournant de Hollywood vers les blockbusters familiaux. Il nous revient avec un pur film de genre qui met face à face deux femmes. Frances (Chloë Grace Moretz) est une jeune fille perdue depuis la mort de sa mère. Elle trouve un sac luxueux dans le métro et décide de le rapporter à sa propriétaire. Élégante et mystérieuse, cette dernière, Greta (Isabelle Huppert), la remercie et l’invite à prendre le thé. Le piège s’est refermé. Avec ce pitch qu’on pourrait croire emprunté à un conte, Neil Jordan ne cache jamais ses intentions. Tout son art consiste à faire rôtir le spectateur sur son siège à coups d’effets discrets dans l’attente du où et du quand. Chloë Grace Moretz apporte à la jeune fille une modernité qui la fait échapper au stéréotype de l’innocente et naïve victime. Greta porte en elle tous les personnages tordus qu’Isabelle Huppert a déjà interprétés chez Chabrol, Haneke ou Verhoeven. Mais c’est précisément là que le film trouve sa limite. La comédienne est tellement associée aux rôles effrayants qu’elle ne surprend presque plus dans l’horreur. Et l’affrontement final entre les deux héroïnes en pâtit évidemment beaucoup. Ce retour de Neil Jordan n’est donc pas totalement gagnant.