Toutes les critiques de Suprêmes

Les critiques de Première

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    L’archive de François Mitterrand qui ouvre Suprêmes, où le Président s’interroge sur l’état des banlieues françaises, offre un cadre socio-politique assez puissant au biopic de NTM. L’espace d’un instant, on se prend à fantasmer une fresque grand style, qui raconterait comment la musique de Kool Shen et Joey Starr a réveillé un pays endormi puis accompagné ses mutations. Mais c’est une fausse piste : le film d’Audrey Estrougo se révèle vite être un biopic musical très scolaire, qui se fade toutes les figures imposées du genre et refuse de choisir une ligne directrice, un angle qui donnerait un véritable sens à l’entreprise, au-delà de l’exercice d’admiration et du plaisir de fan. On aura donc droit, comme à la parade, à une succession convenue de premières fois : premiers lyrics griffonnés à la va vite, premiers concerts, première tournée en province devant des vieux keupons interloqués, premier Zénith avant la mise définitive sur orbite… L’énergie, le talent et l’investissement des deux acteurs principaux, Théo Christine et Sandor Funtek, ne sont pas en cause, bien au contraire, ni même la reconstitution, plutôt réussie, de la France de la fin des années 80, déjà sérieusement désillusionnée mais pas encore complètement confite dans le désespoir. C’est la puissance normative du biopic-Wikipédia, et sa déprimante succession de cases à cocher, qui fout tout en l’air. Après ce pétard mouillé, tous les yeux sont désormais braqués sur Le Monde de demain, mini-série qui racontera la même histoire, attendue l’année prochaine sur Arte.