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Notre critique de la romance lesbienne de Todd Haynes.

Que ce soit dans Loin du Paradis ou dans la mini-série Mildred Pierce, tous deux parents de Carol, Todd Haynes aime filmer des femmes confrontées à l'adversité, notamment à une opinion publique qui leur est contraire. Carol est une femme de la haute société sur le point de divorcer de son mari, pas seulement parce qu'elle ne l'aime plus mais parce qu'elle éprouve une attirance pour les femmes, chose scandaleuse dans l'Amérique victorieuse d'Eisenhower. Sa rencontre inopinée avec Therese, vendeuse dans un grand magasin, se charge de contrarier son destin déjà compliqué.Pas un pli, pas une étoffe, pas un chignon qui ne bénéficient d'une attention proprement fétichiste de la part de Haynes, cinéaste obsessionnel qu'on compare volontiers et naturellement à Douglas Sirk, le père du mélo pompier en rouge, jaune et vert, couleurs dominantes de Carol. Comme dans Loin du Paradis, Haynes reprend les motifs esthétiques, mais aussi thématiques (intrigues de soap, ambiance queer, personnages en pleine crise existentielle), du grand formaliste des années 50. 

Le résultat est d'une beauté assez saisissante mais, le syndrome de Stendhal évacué, on se demande "à quoi bon" ? A quoi bon filmer cette histoire aujourd'hui à la manière d'un maître d'hier ? A quoi bon choisir Cate Blanchett et Rooney Mara, actrices aussi dissemblables physiquement qu'à l'intériorité et à la fragilité comparables ? L'alchimie entre les deux actrices (qui font le job) ne fonctionne clairement pas, on peine à croire à leur histoire d'amour que, pourtant, Haynes s'échine à rendre la plus douce, la plus retenue, la plus sensible qui soit. Cette difficulté à incarner la passion culmine dans la scène d'amour entre les deux femmes d'une banalité qui nous ferait presque regretter Adrian Lyne.

Pourquoi la scène de sexe de Carol est ratée

Carol sort aujourd'hui dans les salles