Abaca

Le réalisateur de Vol au-dessus d'un nid de coucou et Man on the Moon est mort en avril. 

Ce soir, le Cinéma de la plage du 71e festival de Cannes s'ouvrira par un hommage à Milos FormanPremière, aussi, se souvient avec émotion du réalisateur d'Amadeus. 

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Fini de rire
Cinéaste américain d’origine tchèque, l’auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou et d’Amadeus s’est éteint le 14 avril dernier.

Un rire, fou et génial. Naïf et insupportable. Un grelot que le scénario de Peter Shaffer définissait comme le ricanement des dieux, mais qui en fait humanisait l’éternel enfant que l’on pensait tombé de l’Olympe. Si on
devait résumer la carrière de Milos Forman en une image, ce serait celle de Tom Hulce riant dans Amadeus. Un plan qui résume bien l’oeuvre folle, élégante et stylée, de ce réalisateur singulier. Cinéaste d’origine tchèque, Milos Forman signe ses premiers films de l’autre côté du rideau de fer avec des longs métrages incisifs et rebelles au parfum très Nouvelle Vague (Au feu les pompiers, Les Amours d’une blonde). En 1968, l’entrée des chars dans Prague l’oblige à fuir (dans le coffre d’une voiture conduite par Claude Berri et Jean-Pierre Rassam) pour se réfugier aux États- Unis. C’est là qu’il réalise ses grands chefs-d’oeuvre. En à peine plus de dix ans, il enchaîne Taking Off, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Hair, Amadeus, ralentira un peu la cadence dans les années 90 mais sortira quand même Larry Flynt et Man on the Moon.

À chaque fois, Forman signe des variations sur le spectacle, le pouvoir et l’humour jusqu’au-boutiste dans ce qui apparaît rétrospectivement comme de vrais manifestes politiques. Pour avoir connu intimement toutes les idéologies qui ont défiguré le XXe siècle (le nazisme, le communisme, le capitalisme), il sait leurs effets dévastateurs. Ses films mêlent la fresque et la miniature pour mieux peindre des personnages insoumis. Mozart, McMurphy (Jack Nicholson dans Vol au-dessus d’un nid de coucou), Berger (Treat Williams dans Hair), Larry Flynt ou Andy Kaufman... tous résistent à une forme d’oppression avant de dévoiler leurs fêlures secrètes, la tentation du dédoublement ou la démence. À chaque fois, ses héros n’ont qu’une seule arme pour affirmer leur liberté individuelle : un chant, un cri, une danse. Ou bien, pour Mozart, son rire...

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