Coco : les dessous d’un tournage mégalo
StudioCanal

Pour sa première réalisation, Gad Elmaleh mettait en scène la mégalomanie d’un milliardaire bling-bling. Retour sur une comédie qui parodie les nouveaux riches.

Coco, 40 ans, richissime self-made-man a érigé une fortune colossale grâce à "l’eau frétillante", un subtil mélange d’eau plate et gazeuse. Cet or blanc exporté dans le monde entier lui assure une réussite insolente. Incorrigible mégalomane, l’entrepreneur projette de faire de la bar-mitsvah de son fils une fête pharaonique, histoire d’épater ses centaines d’invités. Petit problème : un certain Zerbib, un concurrent jaloux, complote dans l’ombre pour lui gâcher l’événement…

A l'occasion de la rediffusion de la comédie de et avec Gad Elmaleh, ce soir sur TFX, retour sur sa fabrication. Si début 2009, la rédaction de Première était un peu déçue du résultat (notre critique est à lire plus bas), elle avait pu poser quelques questions au créateur de Coco. Flashback.
Par Jean-Baptiste Drouet.


Chouchou : La métamorphose de Gad Elmaleh

Coco ? Ce nom vous dit quelque chose ? Logique : ce mégalo haut en couleur est l’une des vedettes de La Vie Normale, le one-man-show que Gad Elmaleh a interprété dans toute la France en 2005. En 2006, le producteur Alain Goldman, qui a pleuré de rire en voyant le spectacle, glisse à son ami Gad : "Pourquoi n’adapterais-tu pas cette figure au cinéma ?" Gad accepte à une condition : il veut réaliser le film et interpréter le rôle-titre. Il va mettre un an et demi à écrire le scénario et à boucler le casting. Fan de Jean Benguigui et de Jacques Spiesser, Gad tient à ce que ces deux acteurs soient de l’aventure. Le premier incarne l’affreux Zerbib, ennemi juré de Coco. Le second joue avec une classe indéniable un préfet vieille France.

Lorsque le tournage débute en décembre 2008 à Versailles, Gad est aux anges : "J’ai pris un plaisir fou à passer derrière la caméra", se souvient l’humoriste. "J’ai découvert que réaliser, c’était montrer ma perception du monde avec une totale liberté." L’humoriste découvre la magie du cinéma : contrairement à la scène, espace limité où l’artiste ne s’exprime que par ses textes et sa gestuelle, le grand écran peut illustrer à grands renforts de moyens l’incroyable mégalomanie de son héros.

Coco aime les belles voitures ? La production va réquisitionner une armada de Mercedes 600 noires dont les plaques minéralogiques sont siglées "COCO". Le milliardaire aime se déplacer en yacht et en hélicoptère ? Un rutilant bateau de 50 mètres avec son équipage au grand complet et deux hélicos sont loués une semaine pour le seul plan où Gad trône, cheveux au vent, sur le pont d’un yacht lancé à plein régime. Pour cette autre séquence, hilarante, où Coco, en peignoir et tong, se détend au sauna, les producteurs ont privatisé le Ken Club, le spa le plus chic de la capitale.

Clou de ce spectacle clinquant : la fameuse scène finale de la bar-mitsva que Coco organise au Stade de France. Pour cette seule séquence, la plus chère du film, 180 figurants, quatre groupes électrogènes, 20 semi-remorques de 33 tonnes, trente vigiles et deux hélicoptères sont acheminés en pleine nuit autour du vrai Stade de France. Cette logistique hors norme, qui a tout de même coûté un quart des 15 millions du budget initial, n’inquiète pas outre mesure Gad Elmaleh :" Aucun budget ne pourra être à la hauteur de la mégalomanie de Coco ! "

Voici l'interview vidéo de Gad Elmaleh à propos de Coco, durant laquelle il assure que son personnage est inspiré de vrais mégalos. Sans les citer, mais on sait depuis la diffusion des Rois de l'arnaque sur Netflix que Mardoché "Marco" Mouly lui a certainement servi de modèle pour imaginer cette histoire :


Les Rois de l'arnaque : quand la réalité dépasse la fiction [critique]

Notre critique de Coco : Coco, c’est tout l’inverse de Chouchou, héros modeste mais heureux. Mégalo mais seul, ce sacré Coco-là veut briller plus que le soleil avec sa Mercedes, son yacht et son gratte-ciel frappés de ses initiales. Bling-bling, il est l’ostentation incarnée, offrant un immense appartement à sa maman et rêvant d’une bar-mitsva de folie pour son fils. Mais, au terme d’une heure de vaines gesticulations sur fond de gags pesants, l’irrésistible personnage – issu du spectacle La Vie normale – s’enlise dans son fric comme Picsou dans ses monceaux d’or. Coco Elmaleh peine... Car, alors que sur scène, il peut délirer face à un public conquis, il oublie que le cinéma comique requiert une vraie narration, progressive, structurée, écrite et impeccablement rythmée. Il manque à Coco cette alchimie ciselée du rire que maîtrisait si bien Francis Veber, qui a toujours préféré les duos comiques aux solos casse-gueule.

Guillaume Depardieu et Gad Elmaleh étaient les premiers choix de casting pour La Vérité si je mens !