J'accuse Roman Polanski
Guy Ferrandis / LÉGENDAIRE - R.P. PRODUCTIONS - GAUMONT - FRANCE 2 CINÉMA - FRANCE 3 CINÉMA - ELISEO CINÉMA - RAI CINÉMA

Dans un communiqué signé par plusieurs personnalités, il est affirmé que le cinéaste ne devrait pas recevoir de publicité aussi élogieuse.

Il a beaucoup fait parler de lui depuis la sortie de son biopic sur l’affaire Dreyfus. Roman Polanski est en ce moment dans le viseur de nombreux spectateurs et féministes, et certains cinémas ont dû cesser de projeter J’accuse ou annuler des avant-premières en raison de manifestations. Malgré tout, le nom du réalisateur se trouve dans la liste des nommés pour les European Film Awards (EFA), prévus pour le 7 décembre. Concernant son auteur, le film historique figure en effet dans les catégories Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleur scénario. Et l’annonce a été publiée le lendemain d’une nouvelle accusation, cette fois de l’actrice Valentine Monnier, expliquant avoir été violée en 1975 par le cinéaste. Rapportées par Le Parisien, les affirmations se voient corroborées par plusieurs témoignages. Pour la victime, il était nécessaire pour elle de briser le silence après avoir entendu une interview de Polanski auprès de Pascal Bruckner, faisant le lien entre Alfred Dreyfus et lui-même. "La plupart des gens qui me harcèlent ne me connaissent pas et ne savent rien sur l’affaire," affirmait-il alors.

J’accuse : Polanski sème le doute [Critique]

Des remarques auxquelles le collectif #JaccusePolanski a réagi, dans une lettre signée par des "activistes, artistes et journalistes unissant leurs forces contre la distribution et la promotion du film" : "Soyons clair-e-s. Polanski n’est pas un paria, c’est un délinquant sexuel." Et plusieurs personnalités, comme Rosanna Arquette, actrice et réalisatrice (À la recherche de Debra Winger), viennent de rejoindre les signataires pour appeler au boycott du film. Le principal objectif étant la disqualification du réalisateur aux EFA. La lettre rappelle les nombreuses accusations pesant sur les épaules du réalisateur, mais surtout ses aveux en 1977, lorsqu’il avait plaidé coupable pour le viol d’une jeune fille de 13 ans aux États-Unis. "Des institutions comme la vôtre ont un pouvoir énorme pour paver la voie du changement," continue la lettre, citant les nombreuses actions menées jusqu’à présent, comme la prochaine expulsion de l’auteur des rangs de l’ARP (Auteurs Réalisateurs Producteurs). "Nous vous demandons également de faire un pas en avant et de prendre position contre les violences sexuelles en tant que professionnel-le-s du cinéma et citoyen-ne-s européen-ne-s. Nous vous demandons de mettre en lumière la culture du viol en Europe et de faire honte à ses auteurs dans l’industrie cinématographique plutôt que de les mettre à l’honneur."

De son côté, Polanski a déjà été récompensé par une autre institution prestigieuse : lors de la Mostra de Venise, J’accuse a en effet remporté le Grand Prix du Jury, malgré l’absence du réalisateur à l’événement. Et depuis sa sortie en salles, le film a su attirer les spectateurs en faisant fi des manifestations et scandales l’entourant. En trois semaines, le long-métrage frôle déjà le million d’entrées en France, avec 886 000 places achetées depuis sa sortie. Les prix des EFA seront annoncés le 7 décembre, et pour le moment, aucune nomination pour J’accuse n’a été retirée de la liste.

 

Box-Office France : J’accuse s'installe en première position