Quel film représentera la France aux Oscars ? Bac Nord, Titane ou L'Evénement ?
StudioCanal/Diaphana/Wild Bunch

Les œuvres de Cédric Jimenez, Julia Ducournau et Audrey Diwan sont en lice.

La présélection des longs métrages susceptibles de représenter la France aux Oscars 2022 vient d'être dévoilée : cela se jouera entre Titane, le film de Julia Ducournau qui a reçu la Palme d'or lors du dernier festival de Cannes, L'Evénement, d'Audrey Diwan, honoré du Lion d'or lors de la Mostra de Venise, et Bac Nord, de Cédric Jimenez, qui n'a pas reçu de tels prix, mais figure parmi les plus gros succès de l'année en France grâce à près de 2 millions d'entrées.

En attendant de savoir lequel des trois sera sélectionné (le favori sera annoncé le mardi 12 octobre), voici quelques infos sur les trois films. Notez qu'Audrey Diwan est liée à deux d'entre eux : en plus d'avoir écrit et réalisé L'Evénement, elle figure au scénario de Bac Nord.

L'histoire de L'Evénement : D'après le roman éponyme d'Annie Ernaux.

Je me suis faite engrossée comme une pauvre. L’histoire d’Anne, très jeune femme qui décide d’avorter afin de finir ses études et d’échapper au destin social de sa famille prolétaire. L’histoire de la France en 1963, d’une société qui condamne le désir des femmes, et le sexe en général. Une histoire simple et dure retraçant le chemin de qui décide d’agir contre la loi. Anne a peu de temps devant elle, les examens approchent, son ventre s’arrondit…

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L'histoire de Titane : Dans un aéroport, les inspecteurs de la douane recueillent un jeune homme au visage tuméfié. Il dit se nommer Adrien Legrand, un enfant disparu il y a 10 ans. Pour Vincent, son père, c’est un long cauchemar qui prend fin alors qu’il le ramène chez lui. Au même moment, une série de meurtres macabres met la région sous tension. Alexia, hôtesse dans un salon auto, a tout d’une victime désignée.

La critique de Première :

Cinq ans après Grave et son buzz planétaire débuté à la Semaine de la Critique au nez et à la barbe de la sélection officielle, Julia Ducournau vise désormais la Palme. Cela ne veut pas dire qu’elle a rhabillé pour autant son cinéma de beaux atours propres à séduire un public déguisé pour l’occasion. On le sait, sur la croisette, les irruptions fantastiques clivent plus qu’elles ne rassemblent. Titane avec sa tôle froissée, ses corps abimés, ses métamorphoses ensanglantées, ses sécrétions empoisonnées, est sans doute ce qu’on verra de plus agité et malaisant du présent cru. On remercie donc la cinéaste pour cet appel d’air - et quand on sait à quel point l’univers qu'elle propose ici est étouffé et cloisonné, la notion d’air est toute relative.

A l’instar de Grave – et le court-métrage Junior avant lui -, Titane est le récit d’une mutation. Ou comment appréhender un corps que la nature nous oblige à exhiber et supporter ? Griffée, scarifiée, abîmée, mangée, sucée, la peau subit mille outrages. Julia Ducournau est l’apôtre d’un cinéma carnivore. Après une intro dont on ne dévoilera rien et qui assure une forme de continuité avec le film précédent, on découvre l’héroïne Alexia (la révélation Agathe Rousselle) en plein strip-tease dans un salon de tuning devant un public d’hommes en rut. Mais la grande blonde n’a d’yeux que pour la carlingue rutilante dont elle épouse les formes avec sensualité. Ses gestes à la fois mécaniques et heurtés, révèlent d’emblée une fragilité ombrageuse. Dès lors qu’Alexia quitte la lumière des phares, le film va peu à peu s’enfoncer dans une nuit profonde. Une nuit où tout repos est interdit. Dans ce monde-là (le film a été tourné dans le sud de la France), la menace est permanente : des enfants disparaissent, des crimes sauvages ont lieu... Alexia, enfant-adulte semble totalement inadaptée. Elle découvre l’altérité mais ne sait pas comment faire. La Justine de Grave (Garance Marillier) en fera les frais. Alexia est plus à l’aise dans l’habitacle d’une voiture à faire vibrer le cuir intérieur et le plafonnier (spéciale dédicace à la Christine de John Carpenter !) (la suite est à lire ici)

Bande-annonce :


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L'histoire de Bac Nord : 2012.Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu'au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…

La critique de Première : Au contraire des personnages de L.627, ceux de Bac Nord franchissent allègrement la ligne jaune. Avec le consentement tacite de leur patron, Greg (Gilles Lellouche), Antoine (François Civil) et Yass (Karim Leklou) décident de tendre un piège à des bonnets de la drogue, piège pour lequel ils ont besoin d’une grosse somme d’argent qu’ils ne peuvent pas demander à l’administration et qu’ils vont obtenir… en rackettant des dealers ! Une opération aberrante, symptomatique d’un système judiciaire incapable de répondre à l’évolution et au durcissement de la grande et petite délinquance. Comment, néanmoins, en sont-ils arrivés là ? La raison principale avancée par le film (qui se base sur les procès-verbaux du procès et les témoignages des trois prévenus dont il s’inspire) est un ras-le-bol généralisé de ces flics de terrain, insultés, chahutés, humiliés par les voyous de cité auxquels ils sont régulièrement confrontés. « Tu sais quoi ? On sert plus à rien », se lamente Greg auprès d’un collègue, au retour d’un face-à-face ultra tendu avec des jeunes. (la suite est à lire ici)

Bande-annonce :


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