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Ce qu’il faut voir ou pas en salles cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

VAIANA  - LA LÉGENDE DU BOUT DU MONDE ★ ★ ★ ★ ☆
De John Musker et Ron Clements

L’essentiel
Merveille de character design total, Vaiana, le dernier film d'animation de Disney est un carton à tous points de vue. 

Si Vaiana, la légende du bout du monde est une merveille, c'est parce que le dernier-né des films d'animation Disney synthétise tout l'art visuel et narratif du studio, tout en accomplaissant des prodiges de character design : celui de Vaiana, héroïne déterminée à sauver le monde des ténèbres, et celui de Maui, demi-dieu roublard et herculéen dont les tatouages accompagnent l'histoire. L'aventure sur l'océan -idée de cinéma superbe, décor dépouillé et vivant- de Vaiana et Maui fait déjà partie des annales de Disney.
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIMÉ

SAUSAGE PARTY ★ ★ ★ ★ ☆
De Conrad Vernon et Greg Tiernan

La comparaison, souvent établie, avec Toy Story n’est pas fortuite : un produit de consommation (jouet ou aliment de supermarché) découvre que le monde des humains qu’il avait idéalisé n’est pas si idyllique que ça. En l’occurrence, quand on est une saucisse ou une carotte, on s’y fait découper, trancher, cuire, bouffer ! En découle une comédie initiatique assez classique dans laquelle un héros à contre-courant (ici une saucisse moyennement téméraire) est amené à semer la graine de la révolution parmi ses congénères. Voilà pour le versant concret et sage de Sausage Party dont le traitement est, à l’inverse, d’un politiquement incorrect rarement vu, même dans les projets les plus régressifs et débiles de la Team Apatow ou des créateurs de South Park
Christophe Narbonne

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PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

SULLY ★ ★ ★ ☆☆
De Clint Eastwood

Après avoir raconté la vie et l’œuvre du tireur d’élite le plus létal des Etats-Unis, Clint se penche sur le fameux "miracle sur l’Hudson" de janvier 2009, l’hallucinant amerrissage forcé d’un Airbus A320 dont les 155 passagers sortirent indemnes. Un film catastrophe sans catastrophe, donc, mais pas sans drame pour autant : tout le récit s’enroule autour de l’audition du capitaine Sully par une commission d’enquête suspicieuse, qui s’interrogeait sur le bien-fondé du geste du pilote, audacieux, certes, mais aussi franchement casse-cou.
Frédéric Foubert

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ROCCO ★ ★ ★ ☆☆
De Thierry Demaizières

Deux sujets se télescopent dans ce doc consacré à la star du porno : l’homme Siffredi d’un côté, et son reflet miniature, son "Mini-Me", de l’autre. Eh non, on ne parle pas de sa b… En revanche, on la voit. Granuleuse, vénéneuse, botticellienne. Elle pend sous la douche dans le plan d’ouverture, telle une nature morte grossière que la caméra s’apprête à sculpter en pleine lumière. Rocco est un film de goût, élégant, presque raffiné, soucieux de créer un fossé esthétique entre lui et son sujet. Dans le genre "coulisses du porno", la démarche semble inédite et permet aux auteurs de regarder ce monde à bonne distance, avec complicité et compassion. Le problème est précisément dans le choix du sujet. Aussi sympathique et torturé qu’on nous le raconte, Rocco n’a pas l’épaisseur pour habiter un dispositif aussi romanesque. Il n’est pas le penseur de Rodin. Il n’est pas le Christ réincarné en phallus ni la vision botticellienne tant promise. Le film est particulièrement malhonnête quand il tente de le faire passer pour un personnage de film de Scorsese ou un féministe convaincu. Mais tout ce qui vient se cogner à sa statue de bois bandé est d’une valeur inestimable. L’intimité folle que cherchent les femmes à son contact. Les murmures effacés de son épouse, ex-actrice porno. Les prodiges de Gabriele Galetta, son cousin. Son portrait craché, avec deux tailles de moins, y compris dans le pantalon. À cause d’un problème d’érection, Gabriele n’a pas pu faire carrière devant la caméra. Il est devenu le caméraman sadisé de Rocco (il oublie d’ôter le cache de l’objectif), un ouvrier du cul souvent dépassé par ses ambitions felliniennes. Il y a un doc à l’intérieur du doc, une vision du X-business comme usine à saltimbanques fatigués, merveilleusement incarnée par ce petit homme à salopette. Venez pour Rocco. Restez pour Gaby.
Benjamin Rozovas

L’ORNITHOLOGUE ★ ★ ★ ☆☆
De Joao Pedro Rodrigues

Drôle de cinéaste, Joao Pedro Rodrigues défend un cinéma allégorique et mutant au travers duquel passe l’idée d’art total, affranchi des codes narratifs et esthétiques usuels. Dans son nouveau film, un ornithologue descend tranquillement un fleuve pour observer les oiseaux avant de subir une série d’épreuves, tantôt cruelles, tantôt absurdes (c’est parfois très drôle) : sauvé des eaux puis ligoté par des touristes chinoises, sexuellement attiré par un jeune berger sourd-muet qui boit directement au pis des chèvres, blessé accidentellement par des chasseresses à cheval et à demi-nues… Cette parabole sur la vie de Saint Antoine de Padoue se vit avant tout comme une expérience sensorielle et plastique (les images sont sublimes) à laquelle il n’est pas exclus de rester hermétique.
Christophe Narbonne

ENFIN DES BONNES NOUVELLES ★ ★ ★ ☆☆
De Vincent Glenn

Faux documentaire à la fois rigolard et diablement d’actualité, Enfin des bonnes nouvelles est à la jonction entre comédie et science-fiction. Trois amis au chômage inventent une application mobile qui change radicalement la face du monde : Vigi’s permet à tout consommateur de vérifier la note d’un produit qu’il souhaite acheter, en fonction de son indice écologique, de la politique salariale ou encore de l’égalité hommes-femmes au sein de l’entreprise. Un simple scan permet de savoir absolument tout sur la production. Le film revient sur la création de Vigi’s à travers une interview donnée sur la fictionnelle Radio France Plurielle où se livrent les trois compères, devenus entre deux immensément riches. Une satire drôle et mordante, qui s’attaque frontalement aux agences de notation et aux rouages délirants de l’économie telle qu’on la connaît. Sûrement le moyen de nous rappeler à quel point le monde le tourne à l’envers.
François Léger

 


 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

LE VOYAGE AU GROENLAND ★ ★ ☆☆☆
De Sébastien Betbeder

Deux comédiens hipsters aux cheveux gras (genre Vincent Macaigne) débarquent au Groenland pour passer quelques jours chez le papa de l’un d’entre eux. Et éprouver leur amitié par moins 30. Dépaysement, humour absurde semi-improvisé, blagues à contretemps : Sébastien Betbeder convoque l’esprit de Jacques Rozier dans ce buddy-movie lunaire à la fantaisie un poil forcée, qui repose un peu trop exclusivement sur le capital sympathie de ses acteurs. A noter néanmoins : une scène vraiment rigolote de mise à jour d’un dossier assedic à l’aide d’une connexion internet récalcitrante, appelée à devenir culte chez les intermittents du spectacle.
Frédéric Foubert

LA FINE ÉQUIPE ★ ★ ☆☆☆
De Magaly Richard-Serrano

Les membres de Varek, un groupe de rap naguère célèbre, sont en galère et sous l’impulsion de Stan, leur chanteuse rebelle, s’embarquent pour une tournée improvisée à travers la France. Omen, fan de Varek, devient gratuitement leur homme à tout faire… Comme un petit air de Presque célèbre dans ce modeste road-movie qui raconte les mesquineries et les rivalités au sein d’un groupe. Dommage que la réalisatrice peine à faire vivre les personnages secondaires et à exploiter réellement toutes les sous-pistes de l’intrigue (la réflexion sur l’intégrité artistique, l’ostracisme envers le petit Blanc de service). Bancal, La fine équipe n’a pas les moyens de ses ambitions (les scènes de musique manquent d’ampleur) mais dénote un indéniable pouvoir de sympathie, dû principalement à la fougue d’Annabelle Lengronne qui emporte tout sur son passage.
Christophe Narbonne

WOLF AND SHEEP ★ ★ ☆☆☆
De Shahrbanoo Sadat

Présenté à la dernière Quinzaine des Réalisateurs, Wolf and Sheep a suscité l’intérêt et une certaine bienveillance de la part des observateurs en raison, sans aucun doute, de la nationalité afghane de la réalisatrice. Certes, le film a des qualités avec son mélange habile –mais déjà vu- de mythologie fantastique et de réalisme documentaire et son discours résolument féministe qui lui confèrent une sorte d’impunité critique. A y regarder de plus près, Wolf and Sheep ne raconte pas grand-chose : c’est la chronique assez frontale d’une vie de labeur dans un village afghan dont les rares envolées sont dues à la liberté de parole adoptée par les jeunes femmes qui vivent là. C’est peu et beaucoup à la fois. Enfin, c’est surtout peu.
Christophe Narbonne

LE GANG DES ANTILLAIS ★ ★ ☆☆☆
De Jean-Claude Barny

Déracinement, exploitation, désillusion et révolte d’une génération d’Antillais parachutés dans la Métropole des années 70 : à nouveau, Jean-Claude Barny (Nèg Maron, Tropiques amers) s’attaque à une page de l’histoire des DOM-TOM. Mais hésitant entre film de gangsters, témoignage historique et drame social, effleurant trop de thèmes sans les approfondir, Le Gang des Antillais se disperse. La faute à la voix-off à la première personne, trop omniprésente ? À ces personnages auxquels il est difficile de s’attacher ? Aux dialogues en français qui sonnent faux, alors qu’ils auraient été plus percutants en créole ? Dommage car l’’adaptation de l’autobiographie de Loïc Léry, ancien braqueur repenti, ne manque pas d’attraits.
Clara Nahmias

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

MA’ ROSA ★ ☆☆☆☆
De Brillante Mendoza

Attendue sur la foi de ses premières images comme une balade coup de poing dans les faubourgs de Manille, Ma’ Rosa est surtout un drame néo-réaliste poussiéreux, qui témoigne de l’impact désastreux de l’esthétique Dardenne sur l’art et essai globalisé. C’est le récit de la nuit d’angoisse d’une famille vivotant de petits trafics, arrêtée par des flics corrompus, et qui va devoir sillonner la ville pour trouver de quoi payer la caution. Misère, violence, crystal meth et bruits de klaxon : le feeling documentaire est là, indéniable, mais ressemble surtout à un cache-misère, un prétexte pour excuser l’absence totale d’enjeux dramatiques ou d’empathie à l’égard de personnages totalement génériques, que Mendoza fait à peine l’effort de caractériser.
Frédéric Foubert

BANANA ★ ☆☆☆☆
D’Andrea Jublin

La chronique adolescente est un exercice périlleux. On tombe souvent dans le chromo trivial ou les clichés un peu énormes. Avec son tableau d’un monde où les adultes sont tous médiocres (la prof misanthrope, le père qui ne baise plus sa femme frustrée) et où les enfants sont porteurs d’une certaine innocence, Banana cumule les deux défauts. Aux dialogues vachards qui tombent à plat ("je n’ai pas de culotte", dit malicieusement l’épouse frustrée à son mari qui lui répond, "attends les soldes") s’ajoute une tentative maladroite de faire du jeune héros, gros et moche mais intelligent (forcément), une sorte d’étendard des exclus. On est loin, très loin, de la réussite du Nouveau, par exemple, qui, sur des thèmes similaires, parvenait à bouleverser et à divertir avec subtilité.
Christophe Narbonne

 

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