Abaca

Le réalisateur a démenti par la voix de son fils.

Dans une lettre ouverte publiée dans le magazine People, l’acteur Johnathon Schaech (That Thing you Do !, Ray Donovan) raconte avoir été agressé sexuellement et harcelé par le réalisateur italien Franco Zeffirelli lors du tournage du film Mémoire d’un sourire en 1992.

A l’époque, Johnathon Schaech a 22 ans et débute sa carrière d’acteur. Quand il décroche le rôle principal du film, il s’envole en Angleterre pour suivre des cours de diction. Mais l’acteur est dyslexique et les choses se passent avec difficulté.

Zeffirelli vient le voir à plusieurs reprises. "Il avait dans les 60 ans à l’époque, et on aurait pu penser que j’étais en sécurité. Mais je savais que je ne l’étais pas. Je le sentais. Mon instinct me disait de rester à l’écart de lui."

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Dans ce témoignage, Johnathon Schaech assure que lors du tournage, Zeffirelli buvait de l’alcool parfois "à l’extrême", et avait alors un comportement "très agressif et abusif". "Presque chaque jour, Franco disait ‘J’ai besoin d’être avec toi’. Nous tournions dans toute l’Italie et à un moment nous étions dans un château, et il venait à ma porte, toquait à ma porte tard la nuit. Mais je la gardais fermée. Littéralement, j’installais des choses comme des chaises et d’autres choses contre la porte. Je l’entendais venir. Pendant la journée, il me disait des choses comme ‘Je vais venir te voir ce soir’ et je lui répondais ‘Je ne suis pas d’accord Franco, ce n’est pas OK.’ Il n’écoutait pas. Je n’avais pas d’agent, et personne à qui parler ou pour me protéger excepté mon coach, mais il n’était pas disponible, il était à cette époque sur son lit de mort."

D’abord, explique Johnathon Schaech, le réalisateur l’agresse verbalement. "Il me faisait sentir tel que je n’étais pas capable de jouer, que je ne pouvais rien faire de bien, je ne pouvais pas parler correctement, que je ne pouvais pas me déplacer correctement : tout ce que je fais étais mal."

L’agression sexuelle qu’il aurait subie se déroule dans un hôtel en Sicile. Johnathon Schaech raconte que Franco Zeffirelli se procure la clef de sa chambre. "Je dormais quand il est entré dans la chambre et qu’il s’est installé sur mon lit, il était sur moi quand je me suis réveillé. Il était face à moi. Quand je lui ai dit ‘Non’, il m’a répondu, ‘Nous devons le faire’. Je me souviens qu’il sentait le Scotch. (…) Il a posé ses mains à des endroits que je ne pouvais même pas imaginer et il a fait des choses dont je ne suis pas fier. Mais ce n’est pas ma faute. Son pantalon n’a jamais été baissé, mais je peux encore le voir tâtonner sa ceinture. Il a tenté de m’imposer une fellation. Je me souviens juste de me dire, ‘Mon dieu, s’il te plaît. Ca va aller, ça va aller.’ Je n’ai rien fait. Je restais là dans le lit. J’avais l’impression que 4 heures s’étaient passées, alors que ce n’étaient probablement que 30 secondes."

Les années suivantes, Johnathon Schaech dit avoir souffert des conséquences de cette agression : addictions à l’alcool, à la drogue, au sexe… Il n’en parle par, ou presque. Seules trois de ses compagnes étaient dans la confidence, comme elles l’ont confirmé à People.

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Si Johnathon Schaech décide de parler aujourd’hui, c’est poussé par l’exemple de Rose McGowan, la première à avoir dénoncé Harvey Weinstein. "Il faut que cela cesse" affirme-t-il.

Le fils de Franco Zeffirelli, Pippo, a pris publiquement la parole pour défendre son père. Dans un communiqué adressé à People, il réfute totalement les accusations, indiquant qu’à l’époque la famille logeait ensemble dans une villa. "Ces accusations ne sont pas crédibles" affirme-t-il. "Mon père est en mauvaise santé et incapable de comprendre cette attaque et de répondre aux accusations proférées par Johnathon Schaech. Il s’agit d’une attaque à un grand réalisateur, un artiste et un homme à la fin de sa vie, incapable maintenant ou dans le futur d’y répondre. Il s’agira d’atteinte à son image et sa réputation, basées sur des accusations qui ne sont pas crédibles et qui ne peuvent pas être prouvées."