Julien Leclercq
Abaca

Le réalisateur de La Terre et le Sang nous en dit plus sur la série Netflix dont il vient d’annoncer la préparation.

La Terre et le Sang est en tête du Top Netflix France depuis quelques jours. J’imagine que c’est une grosse satisfaction.
Bien sûr. Ce qui est dingue, c’est que le film soit aussi dans le Top 3 au Brésil, en Italie, en Espagne, là où, la plupart du temps, les premières places sont trustées par des films américains ou locaux. 

Comment expliquez-vous ce succès ?
Le pitch est simple et universel, je pense. Et son ADN correspond à la plateforme où les films d’action occupent une large place.

Vous faites partie de ces rares réalisateurs français qui parlent sans complexes à Netflix...
(coupant) Je ne comprends pas les polémiques. Netflix est arrivé en France il y a environ 5 ans sans que les entrées en salles soient impactées -on tourne toujours autour des 200 millions de tickets vendus par an. Pourquoi cela a-t-il autant dérouté le secteur de la production ? Je ne comprends pas. Il faut savoir qu’en France, le cinéma est un milieu d’héritiers et de pouvoir très fermé. Tout d’un coup, on se retrouve face à un opérateur qui se fiche du nom du réalisateur ou du casting ; ce qui lui importe c’est le film. Ça rebat totalement les cartes et donne sa chance à des réalisateurs qui n’auraient peut-être pas émergé via le circuit traditionnel français.

La Terre et le sang aurait-il été compliqué à monter sans Netflix ?
Clairement. Notre ADN, en France, c’est la comédie et le drame, produits à la chaîne au détriment des films de genre. En tant que spectateur, ce manque de pluralité m’attriste.

Sami Bouajila évoque La Terre et le Sang

Venons-en à la série Braqueurs, tirée de votre film du même nom, dont vous venez d’annoncer la mise en chantier par Netflix. 
Après la sortie en salles du film, nous avions évoqué cette possibilité avec mon producteur associé, Julien Madon. Quand Netflix, en 2018, a acheté Braqueurs, qui a surperformé dans plusieurs territoires, nous leur en avons proposé l’idée. Cela n’a pas traîné : Netflix nous l’a commandée. Nous étions alors en plein tournage de La Terre et le Sang. Cela fait environ un an que nous la développons.

Peut-on en savoir plus dessus ?
(rires) Pas encore... Ce que je peux vous dire, c’est que notre modèle, c’est la série Gomorra, issue elle aussi d’un film. Ce n’est pas une suite ni une préquelle et il y aura de nouveaux personnages. Mais il s’agira toujours de confrontations entre braqueurs et dealers. C’est une série très ambitieuse avec beaucoup de cascades en réel, renforcées par des effets visuels. Je l’ai créée avec Hamid Hlioua, le showrunner de Cannabis.

Rien sur le casting ?
La situation actuelle fait qu’on en est encore au stade des spéculations. La levée du confinement, si elle est confirmée, relancera la préparation qui s’était arrêtée nette. J’espère commencer le tournage le 24 août. 

Quelle forme sérielle ce sera ?
Une mini-série de six à huit épisodes. Ce sera très intense, très électrique et plus féminin que le film.

Vos liens étroits avec Netflix peuvent-ils relancer votre projet sur Alain Prost ?
Hmm, bien vu... (rires) On discute... On a profité du confinement pour retravailler le script qui, je pense, est assez dément. C’est un film potentiellement très cher car ambitieux : il faut recréer les années 80, imaginer des séquences de course spectaculaires avec des voitures prêtées par des musées, réfléchir aux effets visuels, c’est très complexe. On prend du temps pour le faire, ce qui j’espère, à l’arrivée, sera payant pour le film. 

À vous écouter, ça a l’air d’être presque sur les rails.
Haha ! Je suis pratiquement sûr de le faire l’année prochaine, avec ou sans Netflix. Ma relation avec Alain Prost, qui s’est étoffée au cours des années, est sur ce point importante. Il a très envie que ce film voit le jour d’autant qu’il a un fort potentiel international à travers la rivalité Prost-Senna. Pour l’instant, je finalise la préparation de la série Braqueurs et le montage de Sentinelle, l’autre film d’action que j’ai tourné dans la foulée de La Terre et le Sang pour Netflix.