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Avant les succès de The Artist et Le prénom, Bérénice Béjo s'est révélée aux yeux du public grâce au film de Gérard Jugnot, diffusé ce soir sur Chérie 25.

Elle est l'une de nos actrices les plus talentueuses mais aussi les plus discrètes. Bérénice Bejo est devenue ces dernières années l'une des valeurs sûres du cinéma français. Et si l'actrice le doit en grande partie grâce aux films réalisés par celui qui est devenu son époux Michel Hazanavicius, elle le doit aussi en grande partie à Meilleur espoir féminin, le huitième film réalisé par Gérard Jugnot, sorti il y a tout juste quinze ans en salles et diffusé ce soir sur les antennes de Chérie 25.

Co-écrit avec Isabelle Mergault, Meilleur espoir féminin fait de Bérénice Bejo une jeune aspirante actrice qui se lance dans le milieu du cinéma au grand dam de son père coiffeur, incarné par Jugnot en personne. Rempli de clins d'oeil au petit monde du septième art et de caméos en tous genre, le film connaît un succès en salles en dépassant le million d'entrées et en s'attirant des critiques dans l'ensemble élogieuses. Comble de l'ironie, le film, non content de révéler la jeune Bérénice, vaut à cette dernière une nomination en 2001... au César du meilleur espoir féminin.

Du petit au grand écran

Meilleur espoir féminin fut un véritable tournant dans la carrière de l'actrice franco-argentine. Née à Buenos Aires en 1976, la fille du réalisateur argentin Miguel Bejo grandit dans l'amour du cinéma alors que sa famille s'installe en France en 1979 pour fuir la dictature militaire qui déchire son pays de naissance. Après avoir pris des cours de théâtre pendant son adolescence, elle débute dans quelques courts-métrages au milieu des années 90.

Mais c'est d'abord par le biais de la télévision que la jeune femme se fait connaître, en tenant l'un des rôles principaux de la série Un et un font six et en apparaissant dans les séries Julie Lescaut et Le juge est une femme. Lorsqu'elle décroche le rôle principal de Meilleur espoir féminin, l'actrice est encore une inconnue aux yeux du grand public et sa filmographie est à l'époque quasiment encore vierge à l'exception d'une apparition dans le film Les sœurs Hamlet d'Abdelkrim Bahloul deux ans plus tôt.

Meilleur espoir féminin va être ainsi le film détonateur de la carrière de Bérénice Bejo, même si l'actrice va passer plusieurs années à essayer de rebondir sur ce coup de projecteur entre apparitions chez des auteurs comme Bruno Nuytten (Passionnément) ou Chantal Akerman (La Captive), rôles plus populaires (24 heures de la vie d'une femme, Cavalcade), en passant par une petite pige hollywoodienne dans Chevalier aux côtés de Heath Ledger.

Michel Hazanavicius, une rencontre déterminante

C'est en 2006 que la carrière et la vie de Bérénice Bejo basculent : en rejoignant le tournage d'OSS 117 : Le Caire nid d'espions, l'actrice fait la connaissance de ceux qui vont devenir ses fidèles compagnons de cinéma, Jean Dujardin et Michel Hazanavicius. Dans le rôle de l'Égyptienne Larmina, qui encaisse sans broncher les pires énormités d'Hubert Bonisseur de la Bath, Bérénice Bejo prend part intégrante au succès d'une des comédies les plus marquantes de la dernière décennie, qui attire plus de 2,2 millions de spectateurs en salles.

Une expérience qui a bien évidemment changé la vie de la jeune femme qui soulignait déjà à l'époque l'impact du film sur sa carrière : "Souvent, je songeais à la chance que j’avais d’être là. Tout était beau, tout était là pour construire un vrai spectacle et nous permettre d'être « particuliers ». Je me sentais comme ces icônes, Kim Novak, Audrey Hepburn, qui m’ont toujours fait rêver. Tout en donnant du plaisir et en faisant rire, ce film a beaucoup d’allure et cela n'existe plus à ce niveau dans la comédie française".

Délocalisation au Brésil oblige, Bérénice Bejo sera absente de la suite d'OSS 117, Rio ne répond plus, mais reformera le trio du film cinq ans après pour The Artist. Hommage aux grandes heures du cinéma muet hollywoodien, incroyable pari d'auteur, The Artist connaîtra immédiatement le succès que l'on connaît. Un succès que la jeune femme admirera pendant longtemps en retrait, discrétion oblige : alors que son partenaire à l'écran rafle récompense sur récompense, sa performance tout aussi impressionnante est trop rapidement oubliée. Aux Oscars, le film remporte cinq statuettes, mais Bérénice reste au rang de spectatrice : alors que Dujardin et Hazanavicius raflent l'Oscar du meilleur acteur et du meilleur réalisateur, elle est reléguée à la catégorie Meilleure actrice dans un second rôle, où elle s'incline face à Octavia Spencer.


Sa revanche interviendra quelques jours plus tard lors de la cérémonie des César : elle y remporte le César de la meilleure actrice, l'occasion pour elle de livrer un discours poignant, marqué par se "Je le voulais vraiment" qui laisse apparaître, avec beaucoup de pudeur, son soulagement d'être reconnue pour sa performance dans le film qui a fait le tour du monde.

Pluie de récompenses et cinéma d'auteur

Depuis, l'actrice est devenue une coqueluche du cinéma d'auteur et une invitée régulière des festivals. Deux ans après The Artist, elle revient sur la Croisette avec Le passé d'Asghar Farhadi, qui surfe encore à l'époque sur l'énorme succès d'Une séparation. Cette fois-ci, la récompense ne se fait pas attendre : le jury présidé par Steven Spielberg lui décerne le prix d'interprétation féminine, en forme de pied de nez à l'aventure de The Artist.

Voir la vidéo de remise du Prix d'interprétation féminine à Cannes en 2013

Outre Farhadi, Bérénice Bejo a également retrouvé Michel Hazanavicius pour The Search, présenté en compétition à nouveau à Cannes l'an dernier dans un registre radicalement différent : celui du mélo/film de guerre qui, s'il n'a pas forcément trouvé son public, a un peu plus installé Bérénice parmi les égéries de festivals. "C'est plus facile à deux, on se rééquilibre. Le succès, c'est aussi des tensions et quand il y en a un qui part, c'est l'autre qui le ramène. À deux, c'est plus simple", dit d'elle Michel Hazanavicius dans une interview au moment de la sortie du film.

Et la tendance n'est pas prête de s'inverser puisqu'on devrait prochainement voir Bérénice Bejo à l'affiche de L'enfance d'un chef, le premier film de l'acteur Brady Corbet, qui a fait forte impression à la dernière Mostra de Venise, d'Éternité, prochain film de Tran Ahn Hung (L'odeur de la papaye verte) ou encore de L'économie du couple de Joachim Lafosse. Un programme qui montre à quel point Bérénice Bejo a su, en toute discrétion, faire son trou dans le paysage du cinéma français.

L'histoire de Meilleur espoir féminin : Coiffeur par vocation, Yvon Rance, la quarantaine élégante et la prothèse capillaire bien ajustée, règne dans sa Bretagne natale sur une clientèle de vieilles dames. Mais sa raison d'être, son chef-d'oeuvre, c'est Laetitia, sa fille unique qu'il élève seul depuis bientôt dix-huit ans. Pour elle, il imagine un avenir grandiose : elle sera coiffeuse dans un grand salon pour le troisième millénaire, a Laval ou a Quimper. Laetitia, elle, rêve autrement. En secret, elle a passe des essais pour le cinéma et c'est elle qui a été choisie pour le premier rôle. Sa vie va basculer.


Meilleur espoir féminin est diffusé ce soir à 20h55 sur Chérie 25.