Toutes les critiques de L'été dernier

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Cela fait dix ans qu’à cause de soucis de santé, Catherine Breillat avait dû se tenir éloignée des plateaux de cinéma. Et le temps a beau avoir passé, elle tient bon le cap de son cinéma. En s’affranchissant, comme depuis toujours, de la pensée dominante de son époque. En questionnant et remettant en cause ce qu’on pensait établi.  Pas par banal esprit de provocation mais dans un geste naturel qui traduit celle qu’elle est profondément. Une vraie jeune fille, 36 filletteParfait amour !… Le cinéma de Breillat n’arrondit jamais les angles, bouscule, crée le malaise. Et ce remake d’un film danois resté inédit dans nos salles (Dronningen ) n’a rien à envie de ce point de vue- là à ses prédécesseurs. L’Eté dernier est le récit d’un amour interdit, celle d’une avocate quadragénaire (qui défend notamment les mineurs victimes d'abus) avec son beau- fils de 17 ans. Breillat y filme les corps qui s’entremêlent, les peaux qui rougissent avec une intensité inouïe. Elle propose l’un des plus dérangeants et machiavéliques portraits de femme qu’il ait été donné de voir depuis longtemps, portée par son désir mais refusant de payer quoi que ce soit au nom de celui- ci. La cinéaste s’aventure dans un sujet tabou sans chercher à s’en excuser, ni à équilibrer les points de vue. Ca hérisse, ça décoiffe, ça crée un inconfort permanent et pas forcément agréable à vivre. Mais ça impressionne aussi, à l’image des interprétations magistrales de Léa Drucker et du débutant Samuel Kircher (le frère cadet de Paul, révélé par Le Lycéen). Un retour gagnant.