DR

Avec Mad Max – Fury Road, George Miller réinvente le blockbuster en dépassant très largement les espoirs des fans les plus optimistes. Dans les mêmes proportions, le Blu-ray redéfinit le format des bonus pour faire plus et mieux.

« Mon nom est Max. Mon monde est à feu et à sang. » Après avoir vu (au moins) sept fois Mad Max – Fury Road au cinéma, le temps est venu d’introduire fébrilement la galette bleue dans le lecteur, prêt pour les montagnes russes de la version home cinéma. Dotée d’un mix Dolby Atmos qui transforme le salon en champ de bataille, la version Blu-ray du film a un peu moins de force que sur grand écran malgré la précision au rasoir de l’image. Mais en rejoignant ses trois illustres prédécesseurs (un coffret réunit les quatre films, avec en bonus un monumental documentaire de 2 h 37 sur le film original, The Madness of Max), Fury Road peut enfin se mesurer d’égal à égal avec eux et revendiquer la place qui lui revient au sein de la mythologie créée au début des années 80.

On le sait, le film était conçu à l’origine comme l’ultime baroud d’honneur de Mel Gibson, dans son rôle emblématique. Avec le recul, passé le choc de l’expérience sensorielle vécue en salles, la « ré-incarnation » du personnage par Tom Hardy, plus monolithique et névrotique que sauvage, est bel et bien le point faible du film. Trop épais, trop brut, trop introspectif, l’acteur anglais contraint le réalisateur à des astuces visuelles pour faire accepter la substitution – le personnage est d’abord « iconisé » de dos puis caché derrière une barbe et des cheveux longs avant d’être affublé d’une muselière métallique qui masque ses traits pendant la première heure du film. Attaché à l’avant d’une voiture, privé de tout mouvement et donc d’action, Max cède la vedette au personnage de Furiosa (Charlize Theron), vrai cœur et enjeu du film. On comprend alors mieux les intentions initiales de George Miller : même avec Gibson, le film devait fonctionner comme une passation de témoin d’un héros à un autre (la suite envisagée a longtemps été nommée Mad Max – Furiosa, avant que le titre ne soit transformé en un plus mystérieux Mad Max – The Wasteland). Le changement d’acteur vient donc ajouter une forme de confusion, car comment Hardy pourrait-il transmettre ce qui ne lui appartient pas tout à fait ? Personnene sait aujourd’hui où le réalisateur mènera la série à l’avenir, à supposer qu’un autre épisode soit mis en chantier. En attendant, ce Blu-ray permet de revivre l’euphorie visuelle et musicale du film en version 2D ou 3D. Bien qu’étant une postconversion, cette dernière est la plus impressionnante, masquant les remplacements de décors numériques parfois voyants dans la version « plate ».

 

Bonus puissance Max

À film exceptionnel, bonus exceptionnels. Miller avait promis une version muette en noir et blanc, il a menti, mais le Blu-ray propose six featurettes remarquables : Furie maximum – Le Tournage de Fury Road (HD, 29 min) ; Mad Max – La Furie sur quatre roues (HD, 23 min) ; Les Guerriers de la route – Max et Furiosa; Les Cinq Épouses – Belles comme le jour; Les Outils du désert; Fury Road – Accident et collision. À elles six, elles composent un documentaire monstre de plus de 90 minutes qui fait exploser le format des bonus habituels en les passant au shaker. Mélange d’interviews, d’extraits et de « docu-vérités » sur le tournage, le tout illustré de saisissantes photos inédites et d’une profusion de rushes à l’état brut (sans retouches numériques et parfois en multiangle), cet ensemble fait s’entrechoquer toutes les étapes de la fabrication du film – avant, pendant et après –, comme une mise à plat vertigineuse du travail accompli et du processus de création de Miller, comme si l’acte de créer et la création elle-même étaient un seul et même geste. Du fameux « script story-board » (dévoilant le film entier sous forme de vignettes dessinées et accrochées sur plusieurs murs) au design des voitures (le production designer Colin Gibson nous fait découvrir les spécificités de chaque véhicule en direct des plateaux), de la difficulté du tournage à celle de donner vie et épaisseur à des personnages passant le plus clair de leur temps au volant, les facettes les plus essentielles de la conception du film sont détaillées. Auparavant, seuls certains making of rétrospectifs comme celui de Blade Runner – The Final Cut s’étaient autorisés à diffuser autant de fichiers bruts des séquences filmées. Force est de constater que chacun de ces plans « nus » a un impact et une puissance (ce que les Américains appellent le facteur « WOW ! ») supérieurs aux images achevées de la plupart des films contemporains. En découvrant le premier crash de Fury Road en multiangle et ralentis, on se prend à rêver à l’orgasme des sens que pourrait représenter le visionnage du montage original de trois heures. Deux scènes coupées parmi les trois proposées donnent par ailleurs un aperçu plus brutal des règles qui régissent le vaste univers ébauché par le film. Décidément, quel merveilleux Blu-ray.

 

 

Mad Max Fury Road en DVD et blu-ray le 14 octobre

Bande-annonce du film :