Lars Von Trier n’est pas persona non grata qu’à Cannes…Arte est un partenaire historique des films de Lars Von Trier. La chaîne a en effet participé à la production de la plupart de ses films depuis Breaking the waves. On se doutait que sa désormais célèbre phrase sur Hitler, lors de la conférence de presse de Melancholia à Cannes, aurait d’autres conséquences que la décision du festival de bannir le réalisateur (mais non ses films). La partie allemande d’Arte vient d’annoncer qu’elle refuserait dorénavant de le financer. Et si Véronique Cayla, la directrice de la chaîne n’a, pour l’instant, fait aucun commentaire -chose d’autant plus délicate que Gilles Jacob, le président du festival est un des membres du comité de sélection de projets pour le département production d’Arte- cela semble signifier que Von Trier ne sera plus non plus aidé par sa partie française.Au delà de ce cas précis, ce boycott jette de nouveau la lumière sur les critères de production de la chaîne, remis en questions à plusieurs reprises ces dernières années – il y a encore peu et de manière violente par le producteur Paulo Branco dans une interview parue dans le dernier numéro des Cahiers du cinéma ou voici quelques années quand le landerneau du cinéma fut surpris que la chaîne, qui finance de nombreux films d’auteurs, avait fermement rejeté un projet d’Eric Rohmer. La carrière de Von Trier pourrait elle, être sérieusement menacée si d’autres de ses co-producteurs habituels suivaient une même décision – même si elle semble emprunte d’un politiquement correct. Après tout il y a de quoi s’interroger quand le Festival de Cannes n’a pas de soucis pour inviter Mel Gibson (accusé à plusieurs reprises de déclarations antisémites) à présenter Le complexe du Castor mais répudie Von Trier pour son incartade, aussi inexcusable soit-elle.