DR

La date : jeudi 10 septembre Bienvenue à Toronto, le festival qui rend fou. Où l’on ne sait plus où donner du badge, pris chaque heure dans des dilemmes déchirants (Soderbergh ou les Coen ? Megan Fox ou George Clooney ?). A peine descendu de l’avion, les projections se bousculent. Premier au portillon, Jennifer’s Body, le film de filles d’horreur écrit par Diablo Cody (Juno), qui remet en jeu son titre de scénariste surbuzzée (et oscarisée). Pas de souci au niveau du texte : la prose de Cody claque toujours autant, parfaitement servie par le duo Megan Fox (très fun en reine de lycée possédée par un démon qui dévore les garçons) – Amanda Seyfried (la meilleure copine un peu nerd qui va devoir l’arrêter). Dommage que la réalisatrice Karyn Kusama, repérée avec Girlfight il y a maintenant neuf ans, ne réponde plus de rien dès qu’il s’agit d’assurer la partie horreur du film. Dans un genre sensiblement différent, on découvrait aujourd’hui la première réalisation de Grant Heslov, l’associé producteur de George Clooney : The Men Who Stare at Goats. Une satire décalée sur un journaliste (Ewan McGregor) levant un gros lièvre de l’armée américaine : une unité chargée de développer des super pouvoirs chez certains soldats (passer à travers les murs, devenir invisible, et j’en passe). Ou comment prendre l’administration Bush en flagrant délit débilo-new age. « Une histoire plus vraie que vous ne pourriez le croire », prévient le début d’un film qui, malgré de grosses baisses de régime, séduit par sa loufoquerie et sa galerie d’attachants illuminés. En tête : Clooney, super en moustachu persuadé qu’il peut tuer les chèvres par la pensée, et Jeff Bridges, dans un rôle de gourou béat qui ravive de bons souvenirs de The Big Lebowski. Ca tombe bien, le nouveau Coen passe demain matin. Le happening du jour : une projection renversante de Bright Star, le nouveau Jane Campion présenté au dernier festival de Cannes, sur le destin tragique du poète John Keats. Le projectionniste a littéralement diffusé la dernière bobine du film sens dessus dessous. Tournée de torticolis pour les festivaliers. Mathieu Carratier