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Finalement Tennessee vous accompagne dans votre carrière !Serafina, c’est Maggie dix ans après ! Vous savez, c’est une question de rôle. C’est ce qui m’intéresse avant tout. Avec le temps, les emplois changent et il faut évoluer avec eux. Au théâtre, on se moque aussi de l’âge… Vous voyez, la Blanche du Tramway, dans la pièce elle a 30 ans. Or, on fait jouer ce rôle par des actrices qui en ont 50.La Rose tatouée est la moins noires de ses pièces.Et même la seule qui se termine bien. Il disait : « C’est mon chant d’amour pour le monde. » Quand il l’écrit, Tennessee est amoureux d’un Sicilien. Il est heureux. L’histoire se passe dans un quartier italien de New Orleans, dans les années 50. Cela parle de sexe, ce qui a été censuré dans le film de Daniel Mann, avec Anna Magnani et Burt Lancaster.La pièce n’est-elle pas un peu datée ?Au contraire, je trouve que c’est bien de monter ça aujourd’hui. C’est romanesque, drôle, émouvant, fantasque, excessif, instinctif. Le théâtre de Tennessee est charnel. Ses protagonistes ne sont pas spécialement parfaits. Ici, ce sont des gens du peuple, confrontés au puritanisme de l’époque. Ce dernier est toujours d'actualité, il suffit de regarder les élections américaines ! Les femmes de La Rose sont les Desperate housewives des années 50, siciliennes et prolos.Serafina est un personnage féminin riche à interpréter.Nous assistons à la renaissance d’une femme qui aborde la seconde partie de sa vie. Elle a encore un avenir. C’est une œuvre très optimiste, ce qui est rare chez Tennessee Williams. Au début de la pièce, elle est une mère, une femme, et folle de son homme. En se retrouvant veuve, elle perd tout et préfère vivre avec son souvenir que d’avoir quelqu’un de moins bien.L’amour est au centre de la pièce.Tout tourne autour de lui ! Surtout des dégâts qu’il peut faire. Il y a l’amour d’une femme dans le souvenir, qui découvre que son mari la trompait. Celui d’une mère qui voit sa fille grandir et connaître à son tour ses premiers flirts. Cela parle aussi d’orgueil. Faut-il rester avec le passé et ne pas chercher à savoir ? Et puis, il y a la renaissance avec cet homme qui surgit dans sa vie.C’est aussi un beau plateau de femmes, neuf filles pour quatre garçons ?Ce qui va à l’encontre du machisme qui sévit au théâtre. Ces seconds rôles sont nourris par de grandes actrices. J’aime quand il y a du monde sur un plateau, que ça piaille et que ça bouge. Là nous sommes treize ! Beaucoup de théâtres ont eu peur du nombre. Cela a demandé une belle ténacité à Benoît Lavigne pour faire vivre le projet. Je suis très heureuse que Laura Pels, directrice de l’Atelier, nous accueille. C’est pile le théâtre qu’il fallait ! Et n’oublions pas que cette pièce n’a jamais été jouée en France !La Rose tatouée au Théâtre de l'Atelier