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Vous êtes on ne peut plus Européen !On va dire que l’Histoire m’a rendu Européen. C’est à cause de l’immigration de la Seconde Guerre mondiale. Je suis né en Suisse, à Zurich. J’ai beaucoup travaillé à Berlin, mais je me sens plus Parisien que Berlinois. Paris est la ville où je me sens le mieux.Et vous vous retrouvez à la tête du Théâtre de l’Europe…Jeune, je voulais y mettre en scène des pièces, j’ai même rêvé d’en être le directeur, et m’y voilà (rire). Bien avant que l’Odéon ne devienne le théâtre de l’Europe, il y a longtemps, j’ai pensé que cet endroit était unique. Un beau lieu, lieu de toutes les possibilités. D’autant plus qu’aujourd’hui, il y a les Ateliers Berthier…Comment élabore-t-on une programmation ?Etre directeur, c’est faire la mise en scène du théâtre. J’ai imaginé cette saison en essayant de me concentrer sur ce que je pense être les meilleures choses. Je démarre avec un spectacle que j’ai mis en scène à Vienne, Les Beaux Jours d’Aranjuez de Peter Handke. C’est un ami de toujours. Car cela se fait aussi en relation avec les gens que je connais, comme le grand metteur en scène allemand Peter Stein qui travaillera pour la première fois avec des acteurs français.Et qui vient avec un Labiche !Le Prix Martin ! Vous savez, c’était la pièce préférée de Flaubert. Peter Stein est très rigoureux, mais il possède l’humour pour ce théâtre. Et il parle très bien le français !Votre programmation joue sur la variété des genres, des styles, des pays…Effectivement. Il y a le côté cabaret du Suisse Christoph Marthaler, l’analyse de l’Allemand Peter Stein, le visuel très opéra du Polonais Jarzyna, la narration visuelle du Canadien Robert Lepage que j’admire. Du côté des Français, il y a Jean-François Sivadier, Claude Régy, Alain Françon, Joël Pommerat.Et le point fort, votre mise en scène du Retour de Pinter en octobre ?On peut dire aussi que c’est le retour de Pinter au théâtre. J’ai choisi la traduction de Philippe Djian, qui est forte. Il y a un malentendu en France où l’on a longtemps considéré son œuvre comme étant un théâtre de salon, alors que ce sont des pièces inquiétantes.Vous souhaitez remettre l’acteur au centre du théâtre, comme une troupe…Chez Jean-Louis Barrault, c’était la même famille de comédiens qui jouait. Donc, pour moi, si je fais des choses, cela ne peut se réaliser qu’avec un groupe d’acteurs avec lesquels j’ai plaisir à travailler. Pour le Pinter, il y en a que je connais et d’autres pas. Mais j’aime aussi intégrer.Emmanuelle Seigner et Jacques Weber vont faire partie de l’aventure !Il est important pour moi qu’il n’y ait pas cet ostracisme entre les acteurs. Jacques Weber sera dans le Labiche et Emmanuelle Seigner dans le Pinter. Auprès d’elle on retrouve également Bruno Ganz, Louis Garrel, Pascal Greggory, Jérôme Kircher, Micha Lescot.