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Attendu comme le Messie au festival de Berlin, Knight of Cups, le dernier effort de Terrence Malick (The Tree of Life, À la merveille...) a été présenté hier et semble emballer la critique, malgré sa forme très ésotérique. Ce qui donne parfois des reviews légèrement perchées, mais on sait à quel point il est difficile de parler du travail d'un cinéaste qui n'aime rien tant que capter l'invisible.Pour Les Inrocks, "tout n’est que collage d’instants fugitifs, micro sensations montées en mosaïques, poussière d’existence balayée aux quatre vents d’un montage plus symphonique que jamais. C’est comme si le compte instagram de toute une vie se trouvait pris dans un shaker et que des instantanées de l’enfance du personnage, de toutes ses histoires d’amour, de ses conflits professionnels étaient recrachés dans le plus grand désordre (…) Il y a un certain plaisir sensible, presque foetal, à se laisser bercer par le film, ses voix-off chuchotantes, son lit de grande musique, ses surfaces visuelles ondoyantes et son ballet de lumière".>>> Première affiche ésotérique de Knight of Cups de Terrence MalickLe Hollywood Reporter estime de son côté que "l’ambition la plus claire de Malick est d’essayer de créer un portrait presque pointilliste d’un homme, en évoquant les moments les plus profonds de son passé et de son présent, et cela maintient un vrai intérêt pendant un moment (…) Mais au fur et à mesure que le film continue d’offrir plus ou moins la même chose - des divagations sur la plage, des disputes sur l’oreiller, des marches en solo (…) - il ne développe pas ce qu’il semble conçu pour faire, c’est-à-dire mettre en place une apothéose dramatique ou philosophique".Toutelaculture.com voit dans Knight of Cups des "images fulgurantes" qui "marquent", même si à "d’autres moments, le ressassement, dans le flux d’images stéréotypées ou dans les incantations ésotériques, irrite. Pose ? Prétention ? Peut-être, mais assumée avec ironie. C’est ici un acteur narcissique qui s’exprime, double de Malick mais déformé. Et la transparence des rapprochements bibliques, la sincérité du questionnement, nous touchent nécessairement. D’une certaine manière, Knight of Cups est un film désarmant". "Dans sa progressive recherche d’abstraction, Malick en devient de plus en plus insondable", assure Libération. "Mais toute déclaration aussi solennelle pose d’autres questions, soulève d’autres thèmes. Ainsi, on ne peut qu’être fasciné par le cinéaste qui fait venir un casting aussi ahurissant dans un tournage sans donner à ces acteurs une quelconque garantie du film à venir. Mais se pose surtout la question de l’attachement de Malick à l’idée d’une fiction : pourquoi, alors qu’il maîtrise avec autant de force un langage visuel, fait-il mine de raconter une histoire, ne serait-ce qu’une esquisse ? Malick s’affirme ici comme un baroque épuré, grâce à une direction de la photographie assurée par le Mexicain Emmanuel Lubezki, qui avait travaillé sur Gravity".Pour Le Monde, Knight of Cups est "un film totalement 'malickien'. Et si, par instants, il flirte du côté du cliché, c’est pour signifier quelque chose dont Malick n’a pas forcément l’habitude. Une « party » hollywoodienne ? Il réquisitionne une splendide maison de stars, y entasse des centaines de figurants et demande à Antonio Banderas de faire son cabot. Corrosif et hilarant ! (…) Toujours aussi ambivalent, alternant espoir et mélancolie, l’auteur de La ligne rouge se demande, cartes en main, si l’avenir est écrit quelque part".Variety prévient "ceux qui en ont assez des rêveries impressionnistes vont trouver sa septième réalisation aussi vide que le style de vie qu’il expose ; pour nous autres, impossible de nier que cette odyssée cinématographique au casting impressionnant et jamais ennuyeuse est une nouvelle vision imparfaite mais fascinante de la place de l’homme dans le monde moderne".Une méditation cinématographiqueKnight of Cups surprendra "ceux qui critiquent l’approche publicitaire" du travail de Malick pour Paris Match ("la beauté conceptuelle de l’'objet' rend Knight of Cups à la fois unique et précieux"), alors que notre confrère de Télérama reconnait la beauté de certains plans mais a du mal à adhérer totalement : "Certains trouveront peut-être Knight of cups magnifique. Je ne les comprendrai pas, mais je les envierai..."Le site The Playlist analyse quant à lui la volonté cachée de Terrence Malick derrière son film : "Peut-être que Malick, à 71 ans, regarde sa vie et est attérré de découvrir qu’il n’y a pas de motif qui se dégage, pas vraiment de forme, juste des pièces un peu partout. Et peut-être que Knight of Cups le représente en train d’essayer de prendre dans ses bras le plus de pièces possible, pour les sauver de l’oubli (…) C’est ce qu’à été le film pour moi (…). Jamais vraiment là, jamais génial ou nul, juste une danse éternelle de souvenirs dans lesquels on ne trouve pas de réponse, pas de conclusion, et les personnages n’en sortent pas grandi, juste plus vieux. Plus conscient de l’impossibilité de retenir tous les fragments de temps qu’ils ont empruntés au cours de leurs vies".Une théorie comme une autre, pour un film à prendre comme "quelque chose d’expérimental", estime The Independent. "Une méditation cinématographique. En tant que film avec un casting avec des acteurs-vedettes, il est ridiculement hermétique : un mystère sans même l’ombre d’une clé pour le comprendre".Knight of Cups n'a pas encore de date de sortie, uniquement un synopsis : "Rick est un esclave du système hollywoodien. Il est accro au succès, mais en même temps le vide de son existence le désespère. Il se sent chez lui dans un monde d’illusions, mais il est en quête de la vraie vie. Comme la carte du tarot du titre, Rick s’ennuie facilement et a besoin d’être stimulé. Mais le Chevalier de Coupes est aussi un artiste, un romantique et un aventurier. Le monologue intérieur de Rick fusionne avec les voix des femmes qui croisent son chemin, des femmes qui représentent les différents principes de la vie : une vit dans le monde réel, l’autre incarne la beauté et la sensualité. Quel chemin choisira Rick ? Trouvera-t-il sa voie dans la Cité des anges et dans le désert qui l’entoure ?"