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Choix n°1 : La vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche, avec Léa Seydoux, Adèle Exarchopulos...Synopsis : À 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve...Librement inspiré de Le Bleu est une couleur chaude de Julie MarohLe film remporte la Palme d'Or au Festival de Cannes 2013L'avis de Première : (...) En collant l’objectif aux yeux, aux bouches et aux corps de ses actrices, le réalisateur de L’Esquive et Vénus noire capte tout, la brûlure du désir, le premier trouble, le moindre émoi, tout ce qui rythme et secoue une relation amoureuse jusque dans ses plus infimes soubresauts. La rencontre entre Adèle et Emma donne littéralement le vertige, la rupture tord les tripes, le manque est suffoquant. Un réalisme constamment bouleversant que Kechiche atteint avec une économie de mots déconcertante, la sincérité de ses actrices (stupéfiantes) et une intelligence inouïe de la mise en scène. (... Lire le reste ici...)Bande-annonce : Choix n°2 : Prisoners de Denis Villeneuve avec Jake Gyllenhaal, Hugh Jackman...Synopsis : Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entraînant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…L'avis de Première : Avant que Denis Villeneuve (Incendies) ne s’en empare pour en faire le thriller policier le plus dérangeant depuis Le Silence des agneaux, le script d’Aaron Guzikowski a été très convoité en raison de son intrigue dense et imprévisible, qui vous prend pour ne plus vous lâcher. À l’évidence, le film est un héritier direct de Seven et de Zodiac, dont il rappelle l’ambiguïté morale, la fascination pour le mal et jusqu’au détective obsessionnel interprété par Jake Gyllenhaal. Dans le fond, Prisoners traite de la complexité des apparences et de la difficulté de juger malgré les présomptions. Hugh Jackman, dans ce qui est à ce jour son meilleur rôle, incarne cette ambivalence en jouant un père de famille borderline, à la fois héros et salaud, victime de sa colère aggravée par son fanatisme religieux. Convaincu que le suspect relâché par la police sait où est sa fille, il l’enlève et le torture sous prétexte que « ce n’est plus un être humain ». En franchissant cette limite, il appelle le même jugement à son égard. La mise en scène trouve la distance idéale vis-à-vis des personnages, laissant au spectateur la proximité nécessaire pour compatir et le recul suffisant pour ne pas penser de façon binaire. L’information est dispensée avec un sens de la retenue diabolique, alternant scènes dialoguées et rebondissements inattendus, sur un rythme tel que l’on ne voit pas passer les deux heures et demie de projection. La photo hivernale de Roger Deakins achève de donner à l’ensemble une classe au-dessus de l’ordinaire.Bande-annonce : Choix n°3 : As I Lay Dying de James Franco, avec James Franco, Tim Blake Nelson...Synopsis : Après le décès d’Addie Bundren, son mari et ses cinq enfants entament un long périple à travers le Mississippi pour accompagner la dépouille jusqu’à sa dernière demeure. Anse, le père, et leurs enfants Cash, Darl, Jewel, Dewey Dell et le plus jeune, Vardaman, quittent leur ferme sur une charrette où ils ont placé le cercueil. Chacun d’eux, profondément affecté, vit la mort d’Addie à sa façon. Leur voyage jusqu’à Jefferson, la ville natale de la défunte, sera rempli d’épreuves, imposées par la nature ou le destin. Mais pour ce qu’il reste de cette famille, rien ne sera plus dangereux que les tourments et les blessures secrètes que chacun porte au plus profond de lui.D’après le livre Tandis que j’agonise de William FaulknerL'avis de Première : On s’est longtemps demandé si Franco n’était pas un imposteur – acteur surestimé, réalisateur surcoté et écrivain branché... As I Lay Dying apporte enfin des réponses sous forme de démenti. Tandis que j’agonise est un Faulkner classique : raconté par plusieurs dizaines de narrateurs, cette odyssée plouc est un chef-d’oeuvre réaliste doublé d’un poème fantasmagorique. Inadaptable donc. Pourtant, Franco a décidé de s’y attaquer en prenant le risque de la fidélité au roman : il utilise les split screens pour rendre la multiplicité des points de vue, alterne scènes cut et monologues face caméra pour traduire l’intensité furieuse du vagabond sudiste, réussissant à capter la violence des paysages et les gestes dérisoires des hommes à travers des visions épiques (la traversée du fleuve, l’incendie de la grange) typiquement faulknériennes. Si certaines affèteries devraient en irriter plus d’un, l’ambition du film, sa radicalité, confirment que Franco est loin d’être en toc. Bande-annonce : Voir les autres sorties de la semaine ici